Chapitre 35

591 55 3
                                    

Ash

C'est dur de se dire que certaines de nos actions vont avoir des conséquences sur notre futur. Jamais, en conduisant cette nuit-là je n'aurai cru tuer Maria, et cet acte me hante encore aujourd'hui. J'ai déjà du mal à vivre avec cette impression de l'avoir tué - puisque d'une certaine manière, c'est le cas -, mais si en plus, mon frère me jette aussi cette responsabilité sur le dos et veut coûte que coûte se venger, je ne vois pas comment je peux vivre avec. J'ai tout essayé. J'ai même rencontré la femme de ma vie, mais ce n'était pas le bon moment pour vivre avec elle. Pas dans cette vie. C'est pour ça que je me dis que dans une autre vie, la mort de Maria n'aurait pas tant laissé de traces sur ma vie et j'aurai pu vivre heureux avec Joy. Nous nous serons mariés, nous aurions eu des gosses, j'aurai quitté le club pour vivre une vie plus tranquille aux côtés de la femme que j'aime et nous aurions pu vieillir ensemble. Malheureusement, je ne pourrai jamais lui offrir cette vie-là.

Tandis que je me gare près de l'entrepôt, je me demande si ma femme s'est rendu compte de mon absence...Si elle a lu la lettre...Et comme elle va en ce moment. Je le sais, elle va mal et elle doit me détester de la faire souffrir de la sorte, mais je n'avais pas le choix. Il est hors de question que je laisse mon connard de frère toucher à un seul de ses cheveux et je sais que c'est la seule solution. J'ai bien trop peur qu'il lui arrive quoi que ce soit. C'est inimaginable et je ne laisserai rien lui arriver. Malgré tout, j'aimerai tellement être près d'elle et la prendre dans mes bras pour la consoler parce que rien ne mérite ses larmes. Malheureusement, j'en suis l'auteur (et je n'en suis pas fière).

Je sais que je peux partir en paix puisqu'elle ne risquera plus rien. Je demanderai à Raphaël de la laisser en dehors de ça et comme elle a déjà été désignée comme étant ma régulière, le club la protégera de tout parce qu'elle fait désormais partie de la famille. Je sais aussi qu'elle trouvera du réconfort près de Pearl et Kaï et que ce dernier se pliera en quatre pour qu'elle ne manque jamais de rien.

Ce soir, mon plan est simple. Je dois parler avec mon frère et tout mettre cartes sur table. Je sais qu'il a besoin de ma mort pour mettre fin à ses tourments et je sais que c'est comme ça que ça va se finir. La seule chose qui me reste à faire, c'est espérer que ça lui suffise et qu'il ne s'en prenne pas à ma femme.

Ça risque d'être compliqué de lui parler puisque mon frère est aussi discret qu'un fantôme. Je n'ai aucune idée d'où est-ce qu'il se trouve, mais je suis persuadé qu'il me suit. La preuve, cet après-midi, il savait que Joy était seule donc ça veut forcément dire qu'il nous suit à la trace. C'est pour cela que je me dirige droit vers un endroit où personne ne pourra nous embêter. Où il n'y aura ni témoin, ni guet-tapent et où il comprendra que je veux lui parler en tête-à-tête. Ce soir, je me dirige vers l'endroit où se passent mes pires cauchemars : dans l'entrepôt où j'ai retrouvé Joy entre la vie et la mort.

C'est pour ça que je veux la laisser en dehors de ça. Elle a déjà bien trop souffert et je ne veux pas devoir faire de nouveau face à la vision de son corps en sang, battue jusqu'à presque la mort. Cette vision est bien trop horrible pour que je puisse la laisser se reproduire. Après cette histoire, elle souffrira peut-être de ma perte, mais au moins, elle sera bel et bien en vie. C'est tout ce qui compte.

Une fois que je gare ma moto dans la ruelle à côté de l'entrepôt désaffecté, je prends soin de vérifier derrière moi si on me suit puis, j'avance jusqu'à l'intérieur. J'avoue ne pas être pressé d'y retourner. Cet endroit me rappel tellement de mauvais souvenirs que si je le pouvais, je ferais directement marche arrière. La seule pensée qui réussit à me faire continuer, c'est que, c'est justement pour éviter que ça arrive une nouvelle fois que je le fais.

Quelques minutes plus tard, je me trouve exactement à l'endroit où je l'ai retrouvé à demi-morte. La chaise sur laquelle on l'avait assise est toujours présente, ainsi que les taches d sang qui colorent le sol. Je dois m'y reprendre à plusieurs fois pour ne pas laisser mes souvenirs m'envahir. Ce n'est pas le moment. Je dois avoir un contrôle parfait sur mes sentiments. Je décide d'attendre alors quelques minutes tout en faisant le tour de la pièce pour être certain que Raphaël soit là, puis une dizaine de minutes plus tard, je me mets à crier.

The Flame Of MemoriesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant