Traumas

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          Petit message avant de commencer : Bonjour et bienvenue dans cette histoire. Dedans, j'y aborde le sujets des maladies psychologiques. Je ne suis pas une experte et je vous pris de m'excuser si je me trompe à ce sujet. Je ne souhaite blesser les sentiments personne. Ce n'est que de la fiction et je ne prétend en rien y dire la vérité. Vous pouvez toujours laisser vos commentaires ou toutes éventuelles remarques..je serais ravie de vous lire et de me corriger en cas d'erreur. 

Je vous propose les cinq premiers chapitres et vous retrouverais ensuite chaque semaine pour deux chapitres supplémentaires.

Bonne lecture !

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          Médéric lance le journal sur le sol et se laisse tomber assis sur son lit. Il se prend la tête entre les mains et se frictionne le crane violement à plusieurs reprises.

— Ils ne peuvent pas m'oublier un peu ! Merde !

Il reste prostré une longue minute sur son lit avant de se relever d'un coup. Il se dirige vers la petite salle de bain, laissant derrière lui sa chambre aux draps froissés. Il allume l'eau froide et s'asperge le visage plusieurs fois. Quand il relève la tête, deux yeux hagards le transpercent. Son visage trop maigre, maladif, est couvert d'une barbe de plusieurs jours. Il plaque ses cheveux en arrière dans un geste nerveux.

— Tu as une sale gueule, Médéric.

Il ouvre l'armoire, derrière le miroir et fixe un flacon de pilules avec dégout. Il sait pourtant que s'il ne prend pas ses deux cachets du matin, il ne pourra pas commencer la journée. Les médicaments l'aident à avancer mais le coupent de son âme. Sa main tremble lorsqu'il s'en saisit. Il avale deux cachets qu'il fait passer avec une gorgée d'eau directement prise au robinet. Il fixe une nouvelle fois l'image de l'homme dans le miroir. Une image de lui-même qu'il ne reconnait plus. Il y a deux ans, sa vie a complètement basculée. Il a tout perdu : son travail, ses amis, sa réputation, sa maison, son estime de soi... tout cela pour rien. Quoiqu'elle en dise, il n'avait jamais touché cette fille. Jamais. Peut-être avait-il eu un crush sur elle au début qu'elle était son étudiante, car elle était, et est surement, jolie mais cela lui est vite passé. Ses recherches sur l'astronomie étaient beaucoup plus intéressantes qu'une simple histoire de sexe. Il était vite passé à autre chose. La jeune femme quant à elle, a voulu plus, plusieurs fois jusqu'à insister lourdement voire carrément le provoquer physiquement. Il l'avait retrouvé le chemisier déboutonné et la jupe relevé dans son bureau, un jour. C'est lui qui a été agressé et c'est pourtant lui qui s'est retrouvé accuser de tentative de viol par la jeune femme lorsqu'il l'a rejeté. Il s'est fait malmener par la police, emprisonner, interroger, les journaux se sont emparés de l'affaire et tout est allé crescendo. En quelques mois, il avait tout perdu et ne possédait plus que ses yeux pour pleurer. Le passage au tribunal a été une mascarade et même si le juge a prononcé un non-lieu, le mal était fait. Il a été licencié sans possibilité de retour de la prestigieuse université où il avait sué sang et eau pour arriver à son poste, ses collègues et amis lui avaient tourné le dos. On murmurait sur son passage des calomnies, parfois on l'insultait ouvertement. Il s'est fait harceler par les médias. Il ne pouvait plus faire un pas hors de chez lui sans être suivit, conspué et persécuté. Il était vite tombé en dépression sévère. Il n'avait plus la force de se lever, le manger, de prendre soin de lui. Il a passé des jours et des nuits entiers à dormir sans repos, sans but... Deux ans plus tard, il était sous traitement médical mais sa vie était toujours aussi bordélique. Il n'a plus l'envie...S'il prend ses cachets c'est pour rassurer ses parents et le peu d'amis qui lui reste... si cette après-midi il va au nouveau centre, c'est pour eux aussi.

          Roulé en boule dans le petit espace entre son lit et le mur, le jeune garçon se balance lentement. Sa respiration est trop rapide, la sueur coule le long de son dos, son cœur bat trop rapidement. Ses oreilles sifflent sous les battements désordonnés de son cœur. Une crise d'angoisse, encore une. Peur... une peur déraisonnée charrie des glaçons dans ses veines. Un cauchemar, encore un, toujours le même qui se répète encore dans divers scénarios mais toujours les mêmes acteurs. La peur, le souvenir de la douleur, de la honte, la flamme cuisante de l'humiliation, l'horreur de leur rire... à tous ! Et en dessous, insidieusement, cette haine farouche, puissante, destructrice, son goût amer telle une remontée de bile qui le fait s'étouffer, tousser... presque vomir. Puis viennent les larmes brulantes comme de l'acide sur ses joues glacées. Un gémissement lui échappe... puis un autre, de plus en plus fort jusqu'à hurler à s'en casser la voix. Il veut que cela cesse ! Il veut le silence, il veut la paix ! Les pas précipités de sa mère dans l'escalier percent à peine le brouillard qui lui couvre le cerveau alors qu'il frappe sa tête contre le mur pour chasser tout cela.

— Gael... Gael ! Non, pas encore... mon bébé, non.

Deux bras tièdes entourent le jeune homme et l'attire contre un sein chaud et réconfortant.

— Je suis là, bébé, je suis là... maman est là. Tout ira bien, d'accord ? Tu es en sécurité. Maman est là.

La crise se calme doucement, tendrement bercer par sa mère. Gael reprend pied dans son univers, sa chambre. Il retrouve l'usage de ses sens.

— Maman ?

— Je suis là, bébé. On va te soigner, d'accord ? On va trouver une solution. Tout ira bien. Il y a ce nouveau centre qui vient d'ouvrir. Le docteur a dit que tu pourrais y aller. Tu iras, n'est-ce pas ?

La main maternelle lui caresse les joues. Il sait au son de sa voix qu'elle pleure encore une fois à cause de lui et cela rajoute à sa honte, une couche de plus. Il soupire de lassitude. Quand cela prendra-t-il fin ? Tous ces sentiments dégoutants qui le submergent continuellement et lui rongent l'âme, le cœur, l'esprit ? Tandis que sa mère lui nettoie le front qu'il a ouvert en se frappant la tête contre le mur, il reste immobile, les yeux vides. La voix de sa mère bourdonne à ses oreilles, lui vantant les atouts du nouveau centre de traitement des maladies psychologiques. Maladie psychologique... dépression, phobies sociales, désordre mental... d'autres mots pour parler de « folies ». C'est à cause d'eux, d'eux tous ! Une bouffée de haine irraisonnée l'envahit. Il avale sa salive. Si sa mère savait ce qu'il avait dans le cœur, comment pourrait-elle encore l'aimer ? C'est la seule personne qui l'aime... son père a baissé les bras depuis longtemps. Il a pitié d'elle et de son amour, il veut lui hurler dessus, la frapper tout en désirant être cajolé et rassuré. Il souhaite la croire encore... il y arrive presque parfois. Elle lui sourit en appliquant le pansement sur son front douloureux. Une dernière caresse sur sa joue piquante de barbe, quelques murmures et elle lui arrache la promesse d'aller à la réunion du centre cet après-midi. 

Red Blood Love (VF) [Complète]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant