A fleur de peau

59 3 9
                                    

Deux semaines c'est long. C'est une éternité, surtout lorsqu'on passe du temps avec son partenaire mais qu'il nous est impossible de passer du temps avec lui dans l'intimité. Même le weekend, leur rendez-vous spécial, leur a été refusé pour une histoire de déplacement familiale hors de la ville où le réseau téléphonique était plus que médiocre. Le weekend leur a paru une éternité et la semaine suivante aussi. Se voir sans le toucher réellement, sans s'embrasser. Á croire que les professionnels du Centre faisaient leur possible pour les tenir éloigné l'un de l'autre. Ils auraient pu se retrouver le soir, mais les fortes pluies et les orages fréquents empêchaient de s'attarder.

En ce vendredi soir, Médéric est à cran. Il a épuisé son corps au sport presque quotidiennement pour empêcher son cerveau de trop penser. Trop penser à Gael et son besoin physique de sa présence. Trop penser au poignard qui attend, telle une relique magique dans sa table de nuit. Trop penser que vendredi soir, leur groupe devait se réunir dans un bar privatisé pour regarder la diffusion de l'émission. Au moins là, il pourra tenir Gael dans ses bras. La séance de stimulation et l'injection des médicaments le laisse dans un état étrange, entre nervosité et calme. Comme s'il était partagé en deux. D'un côté son corps qui gémit après un soulagement quel qu'il soit, et son esprit parfaitement calme. La sensation d'hypersensibilité est là aussi. Il se frotte les avant-bras. La chair de poule coure sur ses poils, les mettant au garde à vous. Autant vendredi dernier, il avait pu la gérer, autant cette semaine il sentait au fond de lui qu'il ne pourrait pas. Le constat était simple. Se perdre dans Gael ou sortir le poignard pour aller chasser. Il se demande ce que cela ferait avec une femme... le premier meurtre qu'il a commis était intense... quelque chose d'indéfinissable. Un frisson particulier... pourtant il manquait quelque chose. Pendant les deux suivants, il était plus intéressé par Gael que par ses proies. Ce voyeurisme l'excitait. La violence de Gael l'excitait... tout en Gael l'excitait.

— Mauvaise idée, Médéric, mauvaise idée de penser à Gael juste à la sortie de ta séance.

Il s'enroule dans ses bras pour tenter de se calmer. Dehors, à cause de la pluie, la nuit est déjà tombée. Il sursaute lorsqu'il sent une main sur son épaule. Il sait de suite que ce n'est pas Gael, puis le parfum fleurit de Cindy lui parvient avec, sous-jacent, l'odeur de la tristesse.

— Médéric, ça va ?

Il lui fait un sourire nerveux.

— Je suis toujours un peu vaseux après la séance du vendredi.

— Oh, je comprends.

Elle soupire. Médéric la regarde attentivement. Elle est pale et son maquillage qui commence à partir en cette fin de journée, dévoile le contour d'un léger cocard. Il serre les poings.

— Toi aussi, Cindy ?

Elle secoue la tête, au bord des larmes.

— Je crois... Je crois que cela ne marche pas pour moi. Je vous vois tous avancer, progresser, mais moi, j'ai l'impression que c'est pire !

— Tu en as parler à Caroline ?

— Elle dit qu'il faut que je sois patiente. Mais je sais que ça ne sert à rien.

— Pourquoi tu as changé d'avis ? tu étais la plus motiver du groupe ?

Cindy se pince les lèvres.

— Willy pense que c'est de la merde...

Médéric serre les dents pour ne pas insulter le soi-disant petit-ami de sa collègue. Il regrette d'avoir arrêté Gael cette nuit-là. Il aurait dû le laisser l'achever. Cindy continue

— On se dispute souvent. Il ne comprend pas que...

Elle renifle. Médéric la prend dans ses bras par réflexe. Il est presque étonné de la différence de physique entre elle et Gael. Tellement menue, tellement plus d'arrondi !

Red Blood Love (VF) [Complète]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant