Red Blood Love (VF) [Complète]

Mise au Point

Gael se frotte les yeux. La nuit dernière a été mauvaise entre insomnies et cauchemars. Sans parler que le vendredi la journée est chargée au centre. Le matin chaque membre du groupe passe au check-up médical : poids, fréquence cardiaque, rythme encéphalique, respiration, prise de sang, tension artérielle...au total plus de deux heures a être manipulé, piqué, pressé, étudié, questionné... puis la première séance d'hypnose d'une petite heure, le repas et une autre séance d'une heure plus intense ensuite. Enfin les ateliers en groupe. Que dire à part que cela a été un fiasco ? Il a fait bonne figure, sourit et même rit mais à l'intérieur il n'avait d'yeux que pour Médéric qui l'ignorait superbement. Il est facile pour quelqu'un comme lui de faire semblant que tout va bien. C'est un moyen de survivre comme un autre. Heureusement, le travail du jour n'était pas une activité en binôme. Chacun avait une toile et devait peindre ce qui lui passait par la tête. Gael reste fixer la toile un long moment avant de prendre son crayon pour esquisser un dessin de paysage. C'est basique, il n'a jamais été doué pour le dessin. Il a représenté la mer avec des rochers sur les côtés et un soleil bas sur l'horizon. Sauf qu'a la place de la boule jaune, il a fait une pièce de puzzle noire entourés de rayons jaunes. La mer et d'un bleu profond zébré de rouge vif et de noir, Le ciel est en dégradé de gris. Il s'est obligé à se concentrer sur sa toile, essayer de passer outre les sentiments de perte, d'arrachement... Le puzzle manquant. La session terminée, il ne regarde ni à droite, ni à gauche et traverse la salle pour la quitter au plus vite. Il sentait monter une crise. Elle était latente depuis qu'il avait posé le pied au centre et avait vu Médéric presser l'épaule de Cindy. C'en est trop. Ses yeux lui font mal, sa tête aussi. Il a la nausée. De l'air... il a besoin d'air... Il suffoque presque jusqu'à la sortie où l'air chaud de cette fin de journée le surprend. Il chancèle légèrement mais une main ferme lui maintient le coude. Le parfum de Médéric le frappe en pleine poitrine. Gael avale sa salive et se dégage brusquement.

— Lâche-moi !

Les deux hommes se toisent. Ils font à peu près la même taille. Quoique légèrement plus petit, les épaules et les bras de Médéric font quasiment une demi-taille de plus que ceux de Gael. Les yeux d'un marron profond de Médéric sont indéchiffrables. Gael ne veut pas les lire. Son regard voyage sur le nez droit, les lèvres délicates, le menton ferme... puis revient résolument vers le regard envoûtant qui, pour le moment, l'effraie.

— Il faut qu'on parle Gael.

Gael lève le menton.

— Pour dire quoi ? Si c'est fini, c'est fini. Je...

— Viens chez moi. Je ne veux pas qu'on parle ici. Ça ne regarde que nous.

— Je ne te suivrais pas.

Médéric lui saisit le biceps et serre. Sa large main aux doigts effilés n'a aucun mal à en faire le tour. Il le rapproche d'un geste sec vers lui. Sa bouche est bien trop proche de l'oreille de Gael qui tourne la tête le plus loin possible en fermant les yeux. La voix de Médéric est grondante.

— Viens. Je veux qu'on parle, maintenant !

Gael se redresse contre Médéric, toute angoisse envolée. Sa voix aussi devient dangereusement basse.

— Tu me prends pour ton domestique ? Je ne suis pas à tes ordres et je n'ai pas à t'obéir.

Il se dégage une nouvelle fois d'un geste sec et repousse Médéric des deux mains.

— Je déteste quand on me crie après. Je ne supporte pas qu'on m'oblige à faire quelque chose contre ma volonté. J'ai assez subit cela pendant trop longtemps. Donc ?

Médéric regarde le jeune homme en face de lui. Son cœur qui bat la chamade depuis qu'il est près de lui se calme. Il prend plusieurs inspirations. Crier n'est pas la bonne solution. Lui faire mal et l'obliger non plus. Il lui faut se calmer en premier et argumenter de façon logique. Il est professeur d'astronomie, il sait faire cela. Médéric plante ses yeux dans ceux beaucoup trop expressifs de Gael.