Red Blood Love (VF) [Complète]

Jalousie 2

Au cri poussé, Gael se retourne pour voir Cindy en train d'essuyer les mains de Médéric et de lui parler doucement. Il pince ses lèvres, un nœud se forme dans son ventre. C'est très désagréable. Àcôté de lui Patricia sourit en faisant des boulettes de cookies.

— Tu ne trouves pas que tous les deux pourraient faire partie d'une de ces séries romantiques ? On en parle de temps en temps avec Agnès. Deux âmes malheureuses qui trouvent l'amour et le salut au sein de leur thérapie. Le scénario est basique mais je suis sûr qu'on pourrait en faire quelque chose de bien.

Gael se concentre sur la pâte des cookies, pour ne pas regarder de l'autre coté de la salle. Il imagine Médéric en train de prendre Cindy dans ses bras et l'embrasser dans un sourire amoureux. Il sent son cœur se lacérer sous le coup des griffes de la colère. Pour tenter de ne pas montrer cet état d'esprit, il s'applique à faire un superbe cookie, prend une autre boulette de pâte et la travaille tout aussi consciencieusement. Médéric lui a dit toutes ses choses comme quoi il voulait apprendre à le connaitre, le prendre dans ses bras, ils ont même dormi ensemble, partager les même vêtements et pourtant il se laissait approcher par Cindy ? Il lance un autre regard vers le couple. De quoi peuvent-ils parler pour être aussi proche ? Il lève les yeux sur Patricia qui le regarde avec la tête penchée. Ses grands yeux le renseignent sur l'état d'esprit troublé de la jeune fille. Elle lui touche l'avant-bras encore une fois.

— J'ai dit quelque chose qui t'a dérangé ?

Gael prend sur lui et secoue la tête.

— J'essayais de nous imaginer dans une série. Tu penses avoir quel rôle ?

Elle baisse la tête.

— Oh, un tout petit rôle... ça ne serait pas intéressant de toute façon.

C'est au tour de Gael de la toucher en retour.

— Ne dis pas cela. Je suis sûr qu'on peut te trouver un super rôle.

Elle hausse les épaules.

— Comme d'habitude, la bonne poire de service et la troisième roue du groupe.

Gael se tait un moment pour réfléchir. Déjà qu'en principe il ne parlait pas beaucoup, mais en plus parler à une personne négative et essayer de la tirer vers le haut... déjà qu'il n'y arrivait pas beaucoup pour lui-même. Il retient un soupire. Autant changer de sujet.

— Si tout était possible, qu'est ce que tu aimerais faire ?

Patricia soupoudre les cookies de pépites de chocolat.

— Voyager, je pense. J'aimerai pouvoir parler toutes les langues et avoir le courage de partir seule à travers le monde. Ça doit être magnifique ! Tu imagines ! Ne pas avoir peur de prendre une décision, pouvoir se faire de nouveaux amis, faire l'amour...oups...

Patricia se couvre la bouche en rougissant adorablement. Un flash d'un de ses rêves érotiques traverse la cervelle de Gael qui rougit aussi. Ils rient nerveusement.

Une fois les cookies au four, Bernard leur autorise une pause d'un quart d'heure histoire de laisser les pâtisseries cuire tranquillement. Le groupe se séparent, partant chacun vers leur coin de repos préféré : salle de pause, cours extérieure...Toujours en colère sans comprendre pourquoi et surtout sans vouloir approfondir le pourquoi de cette colère, Gael se dirige vers les toilettes pour se rafraichir à l'aide d'un peu d'eau fraiche. Médéric le suit un instant des yeux mais lui tourne complètement le dos feignant de s'intéresser à la conversation de Lauren et Jason sur le show musical. Gael revient dans la salle de repos, regarde le dos de Médéric mais ne fait pas un mouvement vers lui. Il va se servir un soda à la machine et commence à discuter avec Agnès. L'ambiance dans la salle devient vite pesante. Les rires sont trop forts, presque forcés. Patricia ne tient plus et quitte la salle. Les regards font des vas et vient vers les deux hommes sans comprendre ce qui se passe réellement. Médéric est énervé et Gaël, en colère. Il aimerait l'attraper et le secouer très fort, peut-être même lui faire mal pour qu'il arrête de le regarder avec ces yeux froids et bouillants tout à la fois. Le reste de la cession est une torture pour tout le monde. Leur animosité réciproque plombe l'atmosphère précédemment légère du cours de cuisine. Lorsque Bernard annonce la fin de la séance, tout le monde est soulagé de quitter les lieux.