Red Blood Love (VF) [Complète]

Obsession

Gael ouvre les yeux sans vraiment voir l'endroit où il se trouve. Il est allongé dans le noir. Il a un peu froid et le drap gratte et fait un bruit de papier lorsqu'il bouge. C'est à ce moment qu'il se rend compte qu'il a un cathéter dans la main et une machine ronronne près de lui. Son esprit bat un peu la campagne et il replonge dans l'obscurité quelques fois mais finalement ses yeux arrivent à se focaliser sur l'ampoule du plafond. L'odeur lui parvient enfin. Odeur de produits médicaux. Donc il est à l'hôpital. C'est état de fait ne le dérange pas encore même s'il devrait. En tournant la tête il voit la lumière sous la porte de sa chambre et entend le pas pressé d'une infirmière. Il soupire et cela entraine une quinte de toux qui affole la machine. Il cherche sa respiration. Il se sent vaseux. Lorsqu'il tente d'avaler sa salive, il se rend compte que sa gorge lui fait mal, que tout son corps lui fait mal. C'est à ce moment qu'il commence à paniquer. La machine à côté de lui s'affole. Le bip excité l'angoisse encore plus. Sa respiration s'accélère, son cœur aussi. Il tente de se lever. Il veut partir. Il ne veut pas rester. Une infirmière entre dans la salle, la lumière soudaine lui brûle la rétine. Elle s'approche de lui rapidement, entre dans son champ de vision. Elle... elle... Gael se débat comme un diable. C'est Juliette ! elle est là ! Elle sait ! elle sait ! elle...n'est pas Juliette ? La femme lui parle sans qu'il ne comprenne réellement ce qu'elle dit. Par contre sa voix est calme et douce et Gael essaie de se focaliser dessus. Elle lui sourit et ses yeux se plissent, dessinant des pates d'oie tout autour. Elle l'incite à respirer calmement et la machine se calme à côté de lui. Elle le repousse doucement dans le lit et lui sourit à nouveau.

— C'est bien, c'est très bien. Ça va aller. La fièvre est moins forte.

Gael la voit triturer la machine, vérifier le goutte-à-goutte, noter quelque chose sur le dossier au bas de son lit. Il se lèche les lèvres.

— Tu as soif ?

Elle lui tend un verre d'eau avec une paille et l'aide à boire. L'eau est fraiche et semble merveilleuse dans sa gorge trop sèche. L'infirmière sourit.

— Demain la poche ne sera plus nécessaire. Tu veux te soulager ?

Gael reste interloqué et consulte un instant son corps. En effet, il a envie de faire pipi. Il rougit et détourne les yeux. L'infirmière rit doucement tout en apportant le nécessaire.

— Ne t'inquiète donc pas, tu n'es pas le premier et tu ne seras pas le dernier.

Après un moment de gêne, l'infirmière le recouche et quitte la pièce. Il reste éveillé, en sueur, à regarder le plafond. Son cerveau peine à se concentrer mais il arrive à remonter le cours du temps. Il se revoit samedi après avoir ouvert le fichier de Durandal Pendragon. Le sentiment qui l'a enveloppé à cet instant n'avait rien de beau, mais il n'a pas pu résister. Il a senti son sang bouillir et sa tête se libérer et s'apaiser. Il a dévisagé la photo de la femme, lu le dossier, retenu toutes les informations mais cela ne suffisait pas. Gael voulait la voir en vrai ! il a pris ses affaires et a quitté la maison sans répondre à sa mère. La pluie... il se souvient de la pluie épaisse et abondantes sans pour autant être très froide. Il a été vite trempé mais dans l'état second où il se trouvait, il n'y a pas vraiment prêté attention. Il se souvient avoir marcher... longtemps, plusieurs heures pour arriver à l'adresse de Juliette. Une maison de ville dans un quartier tranquille. Une maison minuscule sans réel jardin, juste quelque mètre du portail à la porte d'entrée. Une maison décrépie, coincé entre deux autres plus grosses. Il s'était planté devant et avait regarder un long moment. Il voulait la voir en personne, il voulait respirer son odeur, découvrir ses yeux, la chaleur de sa peau... mais pas d'un désir sexuel, non... l'autre désir. Celui qui le ronge depuis plusieurs semaines. Celui qui l'excite le plus, qui ressemble à un shoot de cocaïne, à ce qu'il savait. Le gout, l'odeur, les sensations, les bruits... tout ! ce désir stimule ses sens et lui laisse un effet de manque, une fois que c'est terminer.