Dao et Orion

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Note : je rappelle que "Dao" en Thai signifie "étoile".

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L'après-midi touche à sa fin. Médéric et Gael sont allongés, nus, l'un près de l'autre. Ils viennent de faire l'amour...encore. Leur corps, repus les laisse alanguis sur le lit défait. Gael, la tête posée contre l'épaule de Médéric joue à taper, paresseusement, de sa main gauche, la paume de la main droite de Médéric.

— Méd, j'ai envie de recommencer.

Médéric tourne la tête vers Gael en riant.

— Laisse-moi quinze minutes et je suis tout à toi, Dao.

Gael rit à son tour.

— Mais non, pas ça !

Il roule sur Médéric et s'allonge sur lui pour le regarder, le menton posé sur ses bras croisés. Une des larges mains de Médéric se pose nonchalamment sur sa fesse, comme si cela avait toujours été sa place. Le bout des doigts de l'autre main, montent et descendent le long de la colonne de Gael qui soupire.

— Tu sais de quoi je parle, Médéric.

— Hum...

La main quitte la fesse pour la joue et il caresse l'ombre jaune sur celle-ci.

— Je ne veux pas que tu te fasses frapper encore. Cela me rend fou ! Je pourrais tuer...

Gael sourit.

— C'est ce que je veux, Méd. Je veux te voir tuer. Traquer et tuer. Tu te rappelles, tu m'as raconté la légende d'Orion. Le chasseur absolu.

— Dao, ce qu'on a fait, ce n'est pas de la chasse, mais de la boucherie. Ta belle chemise est fichue et tes chaussures aussi.

— C'est vrai... toi tu n'as pas été toucher par une seule goutte.

Gael se réinstalle dans sa position première.

— Tu sais, je me sens bien. Depuis... la semaine dernière, je me sens bien. Je ne sais pas si c'est une bonne chose ou pas.

— Si tu te sens bien, Dao, c'est une bonne chose.

— Pas vraiment. C'est peut-être la corde qui s'est brisée et que maintenant je suis complétement et irrémédiablement foutu.

Médéric lui lisse les cheveux en arrière, doucement.

— Tu n'es pas foutu, d'accord ? Peut-être... peut-être le Centre nous a permis de nous réaliser complètement. Je veux dire... toi et moi... nous sommes, comment dire... complet à présent.

Gael reste un instant pensif, puis secoue la tête.

— Non. Toi tu n'as pas besoin de cela. Tu avais une belle vie, tu avais des amis, tu avais un travail que tu aimais, tu riais, tu vivais tout simplement et elle... elle a tout gâcher. Elle n'aurait pas fait ce qu'elle a fait, tu aurais continué ta vie heureuse. Moi... moi j'ai toujours été différent. Depuis le début de l'école, mon rapport avec les autres... je n'ai jamais été comme eux. Ils me l'ont toujours fait sentir. Alors... alors peut-être que je mérite d'avoir été maltraité puisque c'est ce que je souhaite leur faire à tous. Ce qui me retenait n'est plus là. La corde de sécurité s'est brisée. J'ai aimé sentir les chairs se broyer sous mes coups. J'ai aimé les entendre gémir... je ne le regrette même pas. Tu entends Médéric ? Et c'est si facile de leur mentir. Je suis ma propre marionnette.

Médéric continue ses caresses lentes dans les cheveux de Gael.

— Oui, j'aurais continué ma vie mais elle n'aurait pas été aussi intense que depuis que je t'ai rencontré. Je ne m'en serais pas rendu compte mais maintenant... maintenant que je t'ai trouvé, tout est plus... plus. Ce que je ressens est plus fort, ce que je vois est plus lumineux, je que j'entends est plus bruyant. Et je me rends compte qu'il y a encore tellement à découvrir et expérimenter. Ok, Elle m'a pourri la vie. Á cause d'elle j'ai cru que ma vie n'en valait plus la peine, elle m'a tout pris, elle a tout détruit et salis, pourtant c'est grâce à cette chute que je suis avec toi. Je n'ai jamais été aussi fort. Toi et moi avons franchis la frontière de ce qui fait de nous des gens normaux. Cette frontière qui nous limitait... mais à présent, Dao. Qui peut nous arrêter ?

Gael se tourne une nouvelle fois pour le regarder. Il ouvre la bouche pour répondre mais ne le peut pas. Son cœur bat rapidement. Oui... Médéric est comme lui. Une autre version plus mature peut-être, plus réfléchi. Est-ce qu'il sera comme lui dans quelques années ? est-ce qu'il contrôlera ces vagues de désir de sang, cette sauvagerie qui gronde de plus en plus fort en lui ? Médéric sourit, attirant le visage aux lèvres tentatrices. Le baiser est lent et maitrisé. Il s'écarte pour lui frotter le bout du nez avec le sien.

— Tu n'es pas cassé Gael, au contraire. Tu es réparé, complet... Si je pouvais je les traquerais un par un. Je les ferais gémir pour toi, Dao. Pour chaque larme, ils rendront une goutte de leur sang. Pour chaque peur, je leur arracherais un cri. Chaque mot qui t'a blessé sera remplacer par une entaille au couteau...

Gael halète sous la déclaration. Un « je t'aime » ne l'aurait pas fait vibrer autant.

— Med...Orion...

— Dao, mon étoile.

Gael se sent rougir. Il se cache dans le cou de Médéric en gloussant. Médéric lui caresse ses oreilles teintées de rouge.

— Un peu trop romantique, c'est ça ?

— Hum.

Quelques heures plus tard, Gael ouvre les yeux. La nuit est tombée dehors et l'air frai apporté par la pluie entre par la fenêtre ouverte. Il ne se souvient pas s'être endormi. Le jeune homme se frotte les yeux. Tout est sombre dans la pièce. La seule lumière vient de la pièce principale. La place à côté de lui est vide et froide. Il s'étire, attrape le premier tee-shirt qui traine ainsi que le premier caleçon. Gael pousse doucement la porte, pensant trouver Médéric devant la télévision, mais non. Médéric a le dos vouté devant l'écran de son ordinateur, complètement concentré sur le texte qu'il tape rapidement. Gael se mord la lèvre. Médéric porte des lunettes ce qui lui donne un air de geek sexy. Il s'approche en silence, tente de lire par-dessus son épaule mais abandonne. Il enroule ses bras autour du cou de Médéric et pose son menton sur l'épaule.

— Qu'est-ce que tu fais ?

— Je reprends mes notes sur ma thèse.

— Oh ! Tu vas te réinscrire à la fac ?

Médéric a un petit rire.

— Je n'en n'ai pas encore le courage.

— Il suffit de remplir un dossier et hop ! avec ton expérience et ton cerveau sexy, tu devrais le faire.

Médéric serre le poignet de Gael.

— Je n'ai pas envie d'être un étranger dans ma patrie. Même s'il y a eu un non-lieu, cela n'empêche pas les suspicions, les ragots et autres rumeurs. Comment veux-tu qu'on prenne mes travaux au sérieux si déjà on ne me prend pas au sérieux ? J'ai besoin de l'aide de trop de monde, que cela soit soutient matériel ou moral. Cela serait un suicide professionnel. Mais rien ne m'empêche de continuer un petit peu. J'ai accumulé beaucoup de matière à traiter.

Gael resserre ses bras et lui embrasse la jugulaire.

— Je la hais, cette pétasse ! S'il y a bien une personne que je veux voir souffrir c'est elle.

— Elle ne doit pas être heureuse dans sa vie.

— Ne lui trouve pas d'excuse. C'est de la mesquinerie pure et dure de sa part. Tu n'as pas voulu d'elle, elle te l'a fait payer. Tu l'aurais sauté, tu aurais gardé ta vie.

— Je ne suis pas du genre à coucher juste pour coucher. Si je ne ressens rien d'autre que physique, c'est que cela n'en vaut pas la peine. C'est du passé maintenant.

Gael presse de nouveau ses lèvres contre le cou palpitant, pensif. Et si c'était elle sa prochaine victime ? Cela le fait sourire.

Ils restent comme ça un moment. Médéric tapant aux claviers pendant que Gael repose sa tête sur l'épaule de celui-ci. C'est le téléphone portable de Médéric qui les sort de leur bulle de plénitude. Un message rapide. « Je souhaite vous parler demain à titre privé. Retrouvez-moi au café d'à côté de chez vous vers 10h. Christophe Célestin ».

Red Blood Love (VF) [Complète]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant