Red Blood Love (VF) [Complète]

Frustration

Frustration. C'est ce que cette semaine représente pour Médéric. Frustration par rapport à la présence des médias qui l'obligent à rester sur le qui-vive et se surveiller à chaque minute. Frustration de devoir sourire et sortir des mots vides de sens mais qui doivent parler aux plus grands nombres pour réaliser l'objectif du Centre et récolter des fonds. Frustration de devoir regarder Gael porter son masque et sourire, comme lui. Frustration de ne même pas pouvoir passer un peu de temps avec lui... Les baisés volés dans les placards ne compte pas. Frustration toujours de ne pas pouvoir ne serait-ce que passer une soirée, une heure avec lui. Et ces journalistes qui posent des questions de plus en plus insidieuses. Et leurs caméras qui mettent leur œil partout, à chaque instant ! Doit-il évoquer les drames du quotidien ? comme lorsque Patricia s'est mise à pleurer parce que Lauren avait eu un mot un peu rude ? ou lorsque Fred et Jason se sont disputer pour une règle d'un jeu ? Ou bien lorsque les caméras leur tournent autour lorsqu'il ose prendre la taille de Gael ou l'attirer contre lui ? Oui, la semaine a été rude. L'apothéose a été l'évocation de son passé dans l'interview de fin. Ok, le journaliste ne s'est pas étalé sur le sujet mais cela donnera envie à certain de fouiller. Médéric accueille donc ce vendredi soir avec bonheur. Un grand bonheur car lui et Gael ont décidé de sortir manger en ville. Tous les deux. Un vrai rendez-vous comme des gens normaux. Un rendez-vous où ils pourront être ensemble et peut-être que Gael passera la nuit chez lui ?

La séance d'hypnose du vendredi soir est souvent la plus rude de la semaine. Il en sort toujours avec la tête bourdonnante et confuse. Il sait pourtant que c'est pour le mieux puisqu'ensuite vient la plénitude. Pour l'instant il sort de sa séance avec Bernard un peu vaseux. Le Centre est redevenu silencieux. Les fourgons de la télévision sont repartis. Ses collègues aussi. Il y a juste Gael qui attend sa mère. Il est de dos et au téléphone. Le soleil couchant étire les ombres derrière lui et les rayons l'entoure d'un halo orangé. Qu'il est beau dans ces couleurs chaudes ! Gael est beau et le pire c'est qu'il se considère comme quelconque. Médéric soupire. Ces salops l'ont bien cassé. S'il pouvait, il en étriperait un ou deux, histoire de rattraper un peu ce qu'ils lui ont fait. Il s'avance. Gael se retourne pour le regarder approcher et ses yeux parlent pour lui. Le regard clair de Gael sur lui le rend toujours heureux. Il y lit une adoration sans borne et Médéric sait qu'il en est digne car il fera en sorte de toujours l'être. Il capte les derniers échanges.

— Non, Daphnée, mais non je ne t'ai pas oublié. Tu exagères, cela ne fait pas... ok, peut-être. Je... non ce soir, non. Je vais manger en ville avec Médéric et... non tu ne peux p...

Gael cligne des yeux en montrant le téléphone à Médéric.

— Elle a raccroché.

Il baisse la tête.

— Je suis désolé, elle s'est invitée avec nous. Ne sois pas en colère.

Médéric lui relève le visage et lui caresse la joue. Son autre main se pose sur la taille de son binôme, à sa juste place.

— Je ne suis pas en colère. Je suis juste un peu déçu car j'aurais aimé n'être qu'avec toi.

— Moi aussi. La semaine m'a semblé durée une éternité. Être avec toi et ne pas pouvoir...

—... se toucher comme on le souhaite ?

Ils échangent un sourire.

— C'est ça.

— Donc Daphnée vient avec nous ? Comment saura-t-elle où l'on va ?

— Elle vient me chercher et m'emmènera. Elle a décidé que trois semaines sans avoir de mes nouvelles constituent un crime de lèse-majesté. Je suis bon pour lui dire que toi et moi...