Red Blood Love (VF) [Complète]

Aux alentours de trois heure du matin

La chambre d'hôpital est silencieuse. Les quatre hommes se regardent en chien de faïence. Il a fallu une bonne dizaine de minutes et beaucoup de diplomatie de la part des inspecteurs pour arriver à faire sortir les parents. Ensuite, Gael et Médéric ont parlé. Chacun à leur tour sous le regard septique de Christophe Célestin et fatigué de Benjamin Montgomery. Gael et Médéric sont rester dans leur rôle de victime même si Médéric a noté que Christophe Célestin avait des doutes. Gael ferme les yeux et s'appuie sur Médéric. Ce dernier resserre son bras autour de lui.

— Si vous avez fini, Gael a besoin de repos.

Pierre Montgomery baille sans se cacher. Il fouille à la recherche d'un carte de visite.

— Si quelque chose vous revenait, n'hésitez pas...

Médéric prend la carte.

— Bien sûr.

Il est le premier à partir. Christophe Célestin ralenti et se retourne pour regarder Médéric. Leur regard s'affronte un instant avant que l'inspecteur hoche la tête.

— A bientôt.

Médéric lui rend son geste. La porte se referme. Gael soupire. Médéric lui frotte l'épaule.

— Comment tu te sens ?

— J'ai mal et je suis fatigué.

— Je vais te laisser dormir, Dao.

Gael s'accroche avec sa main valide à la chemise froissée et tachée de sang de Médéric.

— Tu viendras me chercher demain ? Je ne rentrerais pas avec mes parents.

— Je serais là, à la première heure.

Il est presque trois heures du matin lorsque Médéric rentre enfin chez lui. Il se débarrasse rapidement de ses vêtements, les laissant sur le sol pour une fois et s'affale sur le lit. Il soupire. Ce lit qui lui parait si grand sans la présence de Gael. Il repasse la soirée dans sa tête. Il a l'impression qu'il y a quelque chose qui lui échappe. Il prend une grande inspiration et se replonge dans le déroulé de la soirée. Tout est allé de travers. Revoir Juliette lui a fait perdre ses moyens... aurait-il agit comme cela sans ça ? Pas sûr. Déjà, il n'aurait pas quitté Gael et cela aurait été éviter ou différent. Gael ne se serait pas fait piéger par Cindy et... Bon sang ! Cindy ! Il se redresse sur son lit. Ils ont oublié de demander des nouvelles des deux ! C'est pour cela que Christophe le regardait de cette façon. Ils ont été dans leur rôle mais ont oublié Cindy...Il aurait pu aussi demander des nouvelles de Willy... mais non ! Merde ! Est-ce que cet oubli leur fera préjudice ? Médéric qui s'était relevé en sursaut, se recouche sur le côté cette fois. Ils ont eu beaucoup de chance jusqu'à maintenant... vraiment beaucoup de chance. N'est ce pas le moment d'arrêter pour de bon ? de trouver comment combler le manque autrement que par la mort ? Il se ronge l'ongle du pouce sans y penser, en plein réflexion. Ils ont tué ensemble et séparément. Ils ont expérimenté et peaufiné... maintenant il faut qu'ils arrêtent. Christophe Célestin a déjà des doutes et se méfie... pendant un bref instant il pense à supprimer l'inspecteur et son cerveau commence a lui montrer plusieurs scénarios possibles avant qu'il ne s'oblige a se concentrer sur le problème actuel. Bon sang, si Willy meurt, c'est lui qui sera accusé. La partie reptilienne de son cerveau, celle qui a envie de sang, est frustrée d'avoir juste donner un seul et unique coup mais également satisfaite d'avoir donné ce coup. Willy avait blessé Gael. Mais en étant logique et rationnel, c'était une erreur. Niveau légal, s'il y a plainte, il est dans la merde. Il a frappé avec une arme un homme désarmé c'est-à-dire que la légitime défense peut être mise en doute... Médéric s'assoit de nouveau dans le lit en se prenant la tête dans les mains. Ça commençait à sentir le soufre. Trouver une solution... il fallait qu'ils s'en sortent... ou au moins Gael. Ils ont été trop confiants et ont commis des erreurs... trop d'erreurs. Il sait qu'une grande partie est liée à la stimulation du vendredi soir. Celle-ci leur permet de passer outre les barrières sociales, d'exprimer ce qu'ils ont au fond d'eux et il se trouve que Gael et lui sont des tueurs... trop de rancunes, trop de frustrations et de douleurs... tuer, pour eux, est catharsis. Médéric soupire. Il faut donc qu'ils arrêtent la stimulation. S'il n'y a plus de déclencheurs, ils n'auront plus besoin de tuer. Mais est-ce que cela veut dire qu'ils sombreront à nouveau dans leur maladie respective ? est-il assez courageux pour revenir en arrière ? a-t-il assez peu de cœur pour obliger Gael à entrer de nouveau dans sa chrysalide ? Ne plus être ce qu'ils sont, retourner dans ce qu'ils avaient été ? Il faut qu'il trouve une solution. Il le faut !