After 2

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(Rédigé en novembre 2011)

Depuis quelques temps, je croise de plus en plus souvent Mingos...

L'école où vont mes petits est à 50 mètres, à tout casser, de chez ses parents; et apparemment, il est retourné y habiter.

Ca me fait bizarre,parce que rien qu'en l'apercevant quelques secondes, je vois qu'il va mieux; et en me faisant cette reflexion, je me rends compte que finalement, je le connais mieux que personne.

Il y a quelques jours,je rencontre, Nora, une fille de mon quartier
(je dis "fille", mais bon, elle a 2 ans de plus que moi, lol!),
qui était partie de la région depuis plusieurs années.
A vrai dire, quand elle a quitté ses parents, on était encore ensemble Mingos et moi, et elle a su ma grossesse par sa mère.
C'est une nana que j'ai toujours appréciée.

Bref, je la revois donc, et après m'avoir raconté rapidement son parcours, et demandé ce que je devenais, elle me lance:

"- Ca fait trop drôle, rien que ce matin j'ai vu Mingos!
Putain, Ley, il a l'air malheureux, il dit qu'il aimerait trop voir son fils!

-Heu, Nora, tu sais, perso, j'suis pas contre, mais y a deux ans, il a voulu prendre contact avec Halim.Et mon fils m'a dit qu'il savait pas si c'était trop tôt ou trop tard, mais en tout cas qu'il était pas prêt et il en a jamais reparlé depuis...

-Tu veux pas le relancer? peut-être que...

-Nan, Nora, je relancerai rien, Halim a 18 ans maintenant, c'est un plus un bébé, si jamais il décide de voir son père, je l'aiderais, sinon c'est pas moi qui lui prendrai la tête avec ça.

-Ouais mais si tu l'avais entendu ce matin...ça se voyait qu'il en souffrait, c'est dur pour lui.

-Peut-être, mais il est pas seul a en avoir souffert, et à la rigueur il peut s'en prendre qu'à lui même.

-C'est vrai, mais tu sais comment ça se passe dans le quartier, ses potes lui montent la tête, les gens parlent...à l'époque il était perdu, même lui il me l'a dit, c'était qu'un gamin...

- Les gens parlent? c'était un gamin?
et moi, alors dans tout ça?
Il avait 21 ans, j'en avais à peine 18,
c'est garçon, moi une fille,
il est "gaouri", moi j'suis arabe,
alors comme ça, objectivement, à ton avis, de qui les gens ont parlé,
qui a mis la honte à ses parents?

- Oui, je sais...mais c'est dommage...

-Tu sais quoi, Nora, on pourrait en parler des heures, mais là j'ai des courses à faire, on pourrait boire un caf un de ces quatre?

-Ouais, pas de souci, si t'as un compte FB, j'te ferais une demande?

-Ca marche!"

Après cette conversation, je fais ce que j'ai à faire, et je rentre chez moi.

En rentrant, je raconte à Farès que j'ai vu Nora, et ce que Mingos lui a dit:

"-Tu crois que je devrais en parler à Halim?

- Non, je crois qu'il faut laisser Halim prendre son temps,
et Mingos , lui, il a qu'à attendre...
il a pris 18 piges pour se manifester,
il peut encore attendre que le gamin soit prêt à ça, non?

-Ouais t'as raison...

-Sinon, on mange quoi ce soir?"

Après cette discussion, la soirée se déroule comme d'habitude
(pour info, on a mangé des crêpes, les petits étaient comme des dingues,lol!)
et j'ai plus repensé à tout ça.

Le lendemain, je vais au bureau de tabac du quartier, en voiture
(non, je suis pas une faignasse, mais comme j'allais chez ma soeur, qui habite au centre-ville, juste après... ;)).

En me garant, je vois Mingos juste devant le tabac,
j'attends presque 5 minutes, moteur en marche.

Pendant ces quelques minutes, je me pose la question 'Et si jamais il me parle, qu'est-ce que je dois lui dire?

que c'est trop tard, que c'est sa faute tout ce qui se passe maintenant,

que si depuis le début il avait assumé, on n'en serait pas là,

que je l'ai attendu mais qu'aujourd'hui, c'est trop tard,

que s'il tenait à moi autant que moi je tenais à lui, ça nous auraient épargnés de toutes ces souffrances...

et est-ce qu'il m'aimait vraiment?'

Je me surprends, d'un coup, à avoir les larmes aux yeux...

je me ressaisis,
j'entame une marche arrière et je pars,
tant pis pour les clopes, je les prendrai ailleurs.

Ma journée se déroule normalement, je repense plus à lui...

Ce scénario va se reproduire plusieurs fois en quelques de jours,
et en plus je recroise ses frères
(notamment Pedro que j'avais pas revu depuis une quinzaine d'années),
et aussi tous les jours Madame Pereira (la mère de Mingos),
elle doit être à la retraite maintenant, du coup je la vois tous les matins en emmenant mes poussins à l'école.

Et voilà ce qui me trouble...c'est que lorsque je suis seule je repense souvent à Mingos,
après tout il ne m'a jamais donné d'explications,
on n'a même jamais rompu finalement.
Je sais qu'il a fréquenté qu'une seule fille après notre histoire
(c'était il y a 6 ou 7 ans), et ça n'a duré que quelques semaines
(étrangement quand j'ai su pour cette fille, je me suis dit 'pourquoi elle?')...

je pense vraiment que j'ai été le grand amour de sa vie,
et peut-être même le seul,
surtout que depuis plus de 18 ans, nous avons ce lien qui nous unit à vie:
notre fils Halim...

Mais quand Farès est là, dès qu'il est à mes cotés j' oublie Mingos.

Je n'ai aucun doute, si devais choisir entre les deux...
je choisirais Farès, il est mon Prince Charmant,
pour tout vous dire, je continue à fondre quand il pose sa main sur ma joue,
je ne pourrais jamais le voir souffrir,
je n'envisage mes projets et mes vieux jours qu'avec Lui
(nos enfants, et plein de petits-enfants, Incha' Allah) ...

Il est l'Homme de ma vie, je suis sure d'être la Femme de sa vie...

En écrivant, c'est vraiment une sensation bizarre...

je me rends compte ,finalement, que moi Leyla, la femme que je suis devenue,

j'aime Farès l' "Amour de ma vie",

et la petite Leyla de 16 piges qui est en moi,

aimera toujours Mingos "l'Histoire d'amour de ma vie".

Moi, Leyla K.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant