Je monte dans ma voiture, démarre, et commence à rouler sans trop savoir où je vais.
Cette histoire est, en réalité, la goutte d'eau qui fait que je sature.
Depuis toujours (attention, mode desperate housewife enclenché, lol!), je suis toujours là, à me soucier du bien-être de Farès et des enfants, au point de m'oublier.
En temps normal, j'arrive à gérer cette situation, c'est aussi moi qui leur donne de mauvaises habitudes, donc il faut que j'assume.
Mais j'ai toujours espoir, qu'à un moment donné, Farès va, de lui-même, faire en sorte que je n'ai pas à être derrière "eux" , et que je puisse souffler un peu.
J'espère pour rien, parce qu'à chaque fois, il faut que je soit borderline, pour qu'il me dise "c'est bon ma puce, occupe toi de toi, je gère les gosses"...
Alors je sais pas... j'arrive pas à lui en vouloir totalement, parce que, même s'il faut souvent que je sois à bout pour qu'il réagisse, il me soutient malgré tout, il est comme ça...
en fait, je suis peut-être plus égoiste que ce que je croyais...
Tout se mélange dans ma tête.
Mais bon, je prends quand même la décision de ne pas me marier avec Farès, après tout on avait pas besoin de ça avant...
Au bout d'un long quart d'heure à errer dans la ville, je me dis qu'il faut pas que je déconne, les petits ont entendu notre dispute, je dois rentrer et les rassurer...
je passe prendre du pain pour avoir une excuse.
J'arrive à la maison, les petits me saute dessus.
Farès, lui, fait comme si de rien n'était...la soirée passe, j'attends qu'il aborde le sujet, mais rien...je reste froide et distante, je lui en veut tellement, au fond, mais bien sur, lui, ne vois rien...
Bon, il faut que notre vie reprenne son cours, ce différent ne doit pas remettre en cause notre couple...
j'ai toujours dit à Farès que si je devais ne plus l'aimer un jour, je le quitterais et je lui ai toujours demandé d'en faire autant.
Ce n'est pas le cas,alors je dois tourner la page.
Malgré tout,difficile pour moi de renoncer à ce projet, je sens comme un vide, et j'ai beau essayer de faire comme si de rien n'était, dès que je suis seule, je n'arrive pas à contenir mes larmes.
...
Mardi 4 janvier
Il est pas loin de 18h, je dois aller chercher mon numéro 4 (Jess, 7ans), chez son pote qui l'avait invité pour le gouter.
Les parents de Robin (le copain de mon fils) habitent à coté de l'école (vous souvenez que la famille de Mingos vit par là aussi)
Mingos,je le croise souvent ces derniers temps, mais il fait comme si je n'existais pas...je me suis même retrouvée nez à nez avec lui en sortant de la pharmacie du quartier hier soir, il m'a totalement ignorée...
En arrivant près de leur immeuble, j'aperçois sa silhouette, il est de dos, mais je reconnaîtrais cette démarche entre mille,c'est lui...
il est seul,le quartier est désert...
il faut que j'essaye de lui parler maintenant!
Je m'arrête à sa hauteur, il tourne la tête,
je lui fait un signe de salut, il me répond machinalement,
je lui demande de venir (toujours par signes), il me reconnait mais s'approche quand même...
Ça me fait bizarre,je respire un bon coup...je baisse la vitre...
"-Ca va Mingos?
-Ouais ça peut aller...
(son regard s'attarde sur la collection de sièges-auto et de réhausseurs à l"arrière de ma voiture)
Et toi ?
- Moi ça va...je me suis dit que tu voudrais avoir des nouvelles de Halim, à moins que...
-Il va bien? Il est toujours chez tes parents?
-Pour l'instant oui, il est toujours là-bas...parcontre j'suis désolée mais il se sent toujours pas prêt à prendre contact avec toi...
-c'est pas grave, j'comprends...
-je voudrais te montrer une photo récente de lui, si t'es d'accord
-ouais j'veux bien
(je sors la photo de mon porte-feuilles, mes mains tremblent ,j'arrive pas à expliquer pourquoi)
-tiens...tu le trouves comment? il est beau?
-ouais, il est beau...
(il lève les yeux, se mordille la lèvre)
-il te fais penser à quelqu'un?
-on dirait moi... on dirait moi avant, quand j'étais jeune
-tu veux la garder?
-ouais j'veux bien, merci Béb...heu...merci Ley...
(je lui souris)
-je dois y aller, si tu veux je te donnerai de temps en temps des nouvelles de Halim, en attendant qu'il se décide
-ouais, ok, à plus...
-salut Mingos, prends soin de toi..."
Ouf, je suis fière de moi, je crois que je viens de faire une bonne chose!
Je récupère mon poussin, retour à la maison...
La table est mise,le repas est prêt,
Farès est tout fier de lui...
"Jess, va te changer et viens manger...les filles, à taaaaable!!!!
-et Wissem?
-il mange au snack avec son pote
-ok
(je monte dans ma chambre)
-Leyla,tu manges pas?
-nan,j'ai pas faim, merci."
J'allume la télé,je la regarde sans vraiment la regarder... Farès arrive,un plateau dans les mains:
"Je peux rester avec toi ou tu préfères être seule?
-comme tu veux...
-j'ai brieffé les petits,ils ont compris que t'étais fatiguée, si jamais ils ont besoin de quelque chose, il m'appelleront moi... tu veux vraiment pas manger?
-nan,j'ai vraiment pas faim...
(Il m'enlace)
-Leyla, qu'est-ce que t'as?
ça fait un moment, je sens que t'es pas bien...
-y a rien Farès, je vais bien, t'inquiète...
-non,je vois que ça va pas, même quand tu souris,t'as les larmes aux yeux...
-tu vas me prendre pour une gamine, mais c'est cette histoire de mariage...
-pourquoi, tu veux plus qu'on se marie?
-heu, si c'est pour se marier en jean, non, ça me dit rien,
mais c'est bon,je renonce à la fête et tout le tralala...
on peut continuer à vivre comme ça, on a pas eu besoin d'être mariés pour s'aimer, et ça fait plus de 14 ans que ça dure, je vois pas pourquoi ça changerait, non?
-attends Ley, moi je veux qu'on se marie,
et si tu veux une fête, ben on fera une fête...
c'est juste que j'ai pas envie que tu sois déçue, je veux pas faire mal les choses, et je sais même pas ce qu'il y a faire
(à ce moment-là,je n'ai pas pu me retenir de sourire)
-Farès je te demande pas de t'occuper de quoi que ce soit, j'ai juste envie que tu sois partant
-tout ce que je veux, moi, c'est que tu sois heureuse, à partir de là, j'suis partant pour tout ce que tu veux..."
(Je vous épargne les "je t'aime" qui ont suivi, lol ;) )
