03 : Lilith

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LILITH

✧ LILITH ✧

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Adossée contre la porte de ma chambre, j'essayais de me calmer. L'envie de détruire et hurler me consumait. Mais la démence ne pouvait pas prendre le dessus. Pas maintenant. Pas ici.

Je devais rester maître de moi-même. Juste le temps d'un été. J'étais le calme dans la folie, je pouvais le faire. Je pouvais à nouveau mettre des chaînes à mes démons. Comme je le faisais si bien les dix-huit premières années de ma vie.

Je pouvais les contrôler avant qu'ils le fassent. Je n'étais pas Ève. J'étais Lilith.

Des larmes de colère silencieuses coulaient le long de mes joues. Je ne pouvais pas extérioriser ma rage et mon impuissance, ça me bouffait de l'intérieur. J'avais besoin de faire du mal à quelqu'un. J'avais besoin de me faire du mal.

Comment avais-je pu faire ça à ma sœur ? Comment avais-je pu coucher avec son copain ? Étais-je aussi ignoble ? Aussi dépourvue de morale ?

Je ne savais pas, essayai-je de me rassurer en vain. Je ne pouvais pas savoir.

Alors que les images de la veille défilaient sous mes yeux, me rappelant à quel point j'étais pathétique, mon poignet trouva ma bouche. Je voulais me faire du mal. J'avais besoin de me faire du mal.

Je mordis ma chair de toute mes forces dans l'espoir de me blesser, de me punir. Je me rappelais de tout. De sa façon de me sourire dans le pub, de sa façon de découvrir mon corps, de la douceur de sa peau contre la mienne, de la chaleur qui émanait de lui. J'avais envie de vomir.

Tandis que la haine et la honte s'accentuait, je serrais les dents de plus en plus fort. La douleur était supportable. Les émotions néfastes qui m'habitaient, elles, ne l'étaient pas. Néanmoins, je ne pouvais pas m'en débarrasser.

Je ne pouvais pas me débarrasser de la colère, de la jalousie, de la tristesse, de la démence, de la solitude. J'étais condamnée parce que je n'étais pas faite d'or comme ma sœur, mais de boue.

Le goût métallique du sang emplit ma bouche, me laissant un arrière-goût amer et le feu vert pour arrêter de me mutiler. Les marques seraient visibles, mais personne ne les verrait. Le fond de teint ferait l'affaire. Il faisait toujours l'affaire.

Ma respiration qui était saccadée commençait à ralentir, à l'instar de mon rythme cardiaque. Cependant, ma colère, elle, restait intacte.

J'essayais de me rassurer. Il était fautif, pas moi. Après tout, je ne le connaissais pas. Je ne connaissais même pas son nom avant aujourd'hui. Je le pensais célibataire. Nous étions alcoolisés. Il était beau, je me sentais seule. Nous avions à peine discuté, je l'avais ramené chez moi avant de le foutre à la porte. Ce n'était pas grave. C'était qu'une nuit. Rien d'autre. Que du sexe. Eleena n'avait pas à l'apprendre, pas vrai ?

VenimeuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant