Venimeuse

BONUS 5

Eleena Stewart :

Une amoureuse de l'amour. Voilà ce que j'étais.

Je croyais aux contes de fées et en l'amour. J'étais une rêveuse née, j'avais des attentes et je voyais la vie en rose.

Ma sœur, Emris, avait toujours été l'artiste de la famille Stewart. Pourtant, j'étais la seule à faire de l'amour un nouvel art. J'étais la seule à faire saigner mon cœur pour les personnes que j'aimais.

J'avais toujours pensé que ma sœur aimait ça chez moi, qu'elle m'enviait. Mais elle m'avait volé l'homme dont j'étais amoureuse. Et lorsque Nathan m'avait échappé parce que je n'avais pas vu les signes, ma bulle faite de rose avait éclaté en mille morceaux.

C'était pour cette raison que j'avais hésité à me joindre à Alyssa, ma meilleure amie, dans ce bar New-yorkais. Il me rappelait la nuit où j'avais rencontré Nathan, deux mois avant de nous envoler pour Carpinteria.

J'avais pris un pari d'Alyssa, celui de lâcher prise. Le temps d'une soirée, j'avais agi comme si j'étais ma petite sœur, comme si j'étais aussi amusante et belle qu'elle. Et je l'avais rencontré, j'avais passé la nuit avec sans me soucier du lendemain, ce qu'il penserait de moi.

Il avait été le premier homme à qui j'accordais une nuit sans promesses, sans futur.

J'aurais dû me douter que ça ne durerait pas. Mais il était tombé amoureux d'Emris. Pourquoi tout le monde voulait d'elle ? Et pourquoi agissait-elle comme si elle ne se rendait pas compte qu'elle était tout ce que les autres désiraient ?

— Je vais pisser, me signala Alyssa en se levant de son tabouret, légèrement alcoolisée.

Je hochai la tête et regardai ma meilleure amie s'éloigner vers les toilettes, ses longs cheveux bruns tombant en cascade dans son dos.

Je passais une main dans les miens, blonds. Ils n'étaient plus courts depuis quelques années, depuis que j'avais appris que Nathan m'avait trompé avec ma sœur et certainement avec d'autres filles et garçons avant elle.

Je n'aimais plus avoir les cheveux courts parce que ça me rappelait cette époque où je n'avais rien vu. Même si j'avais leur relation sous le nez.

C'était si évident que je soupçonnais mon père de l'avoir découvert avant moi et d'avoir protégé Emris.

Elle avait toujours été sa fille préférée, son artiste. Je n'étais même pas certaine qu'elle le sache, et ça me mettait encore plus en rogne.

Emris avait toujours tout eu et elle agissait comme si elle n'avait rien.

Elle avait Nathan et notre père. Elle avait son art, son talent. Et moi ? Que me restait-il ?

Je pris une olive et la fourrai dans ma bouche, tentant de chasser les mauvaises ondes de mon corps. Je savais que Dieu me testait, mais c'était dur.

— Je te ressers ?

Je relevai la tête et vis Billy Barron. Il n'avait pas changé depuis le lycée, ses cheveux blonds étaient toujours coupés courts, ses yeux verts possédaient toujours cette lueur espiègle et sa mâchoire carrée, celle qui rendait Jordyn folle, était toujours aussi bien définie.

Il n'avait pas changé depuis le lycée. Il était beau.

Je lui tendis mon verre sans lui demander pourquoi il était à New York, je n'étais pas certaine qu'il veuille répondre à mes questions. Pas alors qu'il était derrière un comptoir à me servir.

— Ça fait un bail, commenta Billy, le sourire aux lèvres.

Je fis de mon mieux pour ne pas paraître surprise de le voir ici, à New York.