05 : Le Loup Et La Brebis

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LE LOUP ET LA BREBIS

✧ LE LOUP ET LA BREBIS ✧

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Je ne supportais pas la façon dont il me regardait à table, comme si j'étais la petite et fragile brebis, et lui, le grand méchant loup. Je n'osais soutenir son regard, de peur de paraître suspecte. Et je détestais ça. Me sentir démunie. Faible.

Je désirais reprendre le contrôle de la situation et rejoindre la partie. J'étais plus amusante lorsque je jouais, paraissait-il. Et sans pitié. Je n'avais pas froid aux yeux. Il allait l'apprendre à ses dépens. Pas demain. Pas dans une semaine. Ce soir.

Je frissonnais d'impatience.

J'aidai maman à débarrasser tandis qu'elle me racontait comment se portait ma tante. Je n'écoutais pas vraiment, mais cette dernière ne s'en rendit pas compte.

— D'ailleurs, Adenis va faire ses études à Paris l'année prochaine dans cette université, elle s'arrêta, cherchant le nom de l'école sans y parvenir.

Je détestais Adenis. Mon cousin était misogyne et homophobe. Vaniteux et hypocrite, c'était le genre de garçon qui pensait que l'argent de papa et maman lui permettait d'être la pire ordure sur cette terre.

— La Sorbonne, l'aidai-je en roulant des yeux.

D'après moi, le respect se méritait. Je l'accordais à peu de personnes, contrairement à ma famille. Adenis en recevait uniquement parce que c'était un Stewart, sans son nom, il n'était personne.

— Oui ! C'est ça !

Elle continua à vanter ses mérites, sans remarquer mon désintérêt total envers sa personne. Je n'en avais rien à foutre de ses notes académiques et de sa future carrière politique. Pour être honnête, je me foutais de tout. Plus rien n'avait d'importance depuis longtemps. Depuis que j'avais compris qu'un jour, dans quelques années, je serais morte et que personne ne se souviendrait de Emris Stewart. Personne ne se soucierait du fait que j'ai baisé le copain de ma sœur. Parce que j'étais insignifiante. Je n'étais ni Léonard De Vinci ni Michel-Ange. Personne n'honorerait ma mémoire.

Je ne savais pas qui j'étais ou qui je voulais être. J'étais toujours en colère. Incapable d'être heureuse, j'étais devenue amère. Du haut de mes dix-neuf ans, j'avais façonné mon propre enfer.

Loin d'être une élue, j'étais condamnée à vivre une vie semblable à l'enfer. Une vie sans but et sans amour.

Une fois ma corvée terminée, j'observai la pièce à vivre. Papa était déjà parti se coucher, maman n'allait pas tarder à le rejoindre. Quant à Eleena, elle, elle se trouvait sur les genoux de son copain à l'embrasser, plus amoureuse que jamais. Inapte à détourner le regard, j'assistais au spectacle.

Si les choses avaient été différentes. Si je n'avais pas posé les yeux sur lui. Si je ne l'avais pas ramené chez moi, je n'aurais pas l'envie irrationnelle et malsaine d'entrer dans son jeu pervers. C'était ironique à quel point un instant, une seule nuit, une personne, pouvait changer votre avenir. Vous entraîner malgré-vous vers le fond.

VenimeuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant