BONUS 6

4.5K 267 97
                                    

Avant de commencer, j'aimerais préciser qu'il ne s'agit pas de la fin officielle de Nathan et Emris. En effet, l'épilogue se termine sur une fin ouverte et vous êtes libres d'en faire ce que vous souhaitez. D'imaginer ce que vous souhaitez.

Bonne lecture.



Emris Stewart :

Il était venu. Sans même que je le lui demande, que j'ose l'espérer, il était venu à la soirée la plus importante de toute ma vie.

Je peinais à y croire. Nathan Presley était un fantôme, un démon qui hantait mes nuits et me chassait, me tenait éveillé. Il ne pouvait plus être réel. Il était seulement un souvenir douloureux. Inachevé.

Et pourtant, nous marchions côte à côte dans la rue, silencieux. Comme si nous étions deux vieux amis, deux amants. Mais ce n'était pas ce que nous étions, pas vrai ?

Il n'y avait pas de nous. Et ce nous n'aurait jamais dû exister.

— Tu l'as fait, avait-il murmuré, ses yeux sur mon tableau. Sur le cyclone.

Une immense fierté s'était alors emparée de mon cœur, de mon être tout entier. Je l'avais fait. Et l'homme qui m'inspirait était là, à mes côtés, des années plus tard. Ses yeux noirs sur mon visage, mon corps et mon art.

Il y avait un nous, que je le veuille ou non. Ce nous existerait éternellement. Il était inscrit dans mon art. Ce nous était immortel tout comme l'était notre histoire.

Même si je souhaitais y échapper, échapper à la réalité, Nathan m'avait retrouvé, ce n'était pas anodin. Je devais aussi le hanter comme un démon assoiffé de sang, le déchirant de l'intérieur, mais lui donnant également l'opportunité de créer. Encore et encore. Sans relâche.

Les gratte-ciel illuminés éclairaient faiblement le beau visage de mon ancien amant, me rappelant à quel point sa beauté tragique m'obsédait à l'époque. Il n'avait pas changé.

Je savais que mon appartement n'était qu'à quelques pas de cette rue, que nous pourrions y être dans une dizaine de minutes. Je pouvais l'inviter à passer la nuit et je savais qu'il ne refuserait pas, qu'il souhaiterait retrouver la sensation de mon corps pressé contre le sien. Il ne refuserait pas une occasion de me voir une nouvelle fois le chevaucher et gémir son nom. Je ne pourrais pas le refuser non plus.

Nathan Presley m'envoûtait encore plus que l'appel du vide. Et des années plus tard, j'étais toujours aussi effrayée par ce sentiment. Ce lien.

— Merci d'être venu, fis-je doucement, mes yeux sur mes cuissardes.

Nous devions parler, mais les mots n'avaient jamais été mon fort. Et pourtant, j'essayais.

Après Carpinteria, j'avais entamé une thérapie avec une psychologue. Elle était patiente et gentille, mais je ne voyais aucun progrès. J'étais toujours aussi foutue qu'auparavant même si Vee aimait prétendre le contraire lorsque nous étions toujours ensemble.

— Je ne savais pas si tu serais heureuse de me voir, avoua Nathan, la voix rauque. Mais ton père m'a appelé.

Je ne relevais pas le fait que mon père l'avait appelé par peur de m'emporter. Je détestais qu'il pense avoir le droit de se préoccuper de ma vie privée. J'étais sa fille, pas une de ses clientes blindées.

Je me remémorais la dernière fois que j'avais vu Nathan. Je lui avais supplié de me laisser tranquille et il s'était empressé de me lâcher des méchancetés, des choses qu'il ne pensait pas. Parce qu'il souhaitait me blesser comme je le faisais.

VenimeuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant