22 : Éternité

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ÉTERNITÉ

✧ ÉTERNITÉ ✧

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Après le repas, Nathan avait eu l'idée de proposer à ma sœur d'aller en boîte, elle et son amie. Ne voulant pas le froisser, Eleena avait accepté.

Et, un sourire aux lèvres, Nathan n'avait pas pu s'empêcher de m'inviter. J'avais tenté de ne pas montrer ma gêne devant ma famille alors que le souvenir de cette après-midi traversait impunément mon esprit.

Si j'étais décidée à refuser, je ne voulais pas paraître coupable, que ma famille ait le moindre soupçon sur la raison pour laquelle je refusais de me retrouver près de Nathan un instant, et réclamais son attention comme une gamine niaise et amoureuse, la suivante.

Voilà pourquoi j'étais assise au bar, sirotant un verre d'alcool, seule tout en observant ma sœur danser avec l'homme que je désirais.

J'avais toujours obtenu tout ce que je souhaitais tant que ma sœur ne faisait pas partie de l'équation. Parce que lorsqu'elle était présente, elle volait ma lumière.

Parfois, je me demandais si elle était assez stupide pour ne pas se rendre compte de la personne que je devenais lorsqu'elle était dans les parages. Était-elle stupide au point de ne pas me voir, elle aussi ? Étais-je aussi peu digne de son attention ?

Néanmoins, Nathan me voyait. Grâce à lui, je me tenais dans la lumière. Mais cette situation ne durerait pas. À New York, il continuerait son aventure avec Eleena, et oublierait mon existence.

Notre relation s'arrêtait là. À une aventure d'été. Ni plus, ni moins.

Je ne représentais rien d'autre qu'une salope de plus à baiser.

Étrangement, ça me peinait. Je ne voulais pas qu'il m'oublie. Je voulais vivre éternellement dans son esprit, à travers son art.

Même si c'était impossible.

Je me levai et me dirigeai vers la foule, perdant Eleena et Nathan de vue, mais je m'en moquais. Je voulais danser et oublier le brun.

Je voulais danser avec un inconnu tandis que les lumières et l'alcool ne me permettaient pas de correctement apercevoir son visage avant de le baiser dans les toilettes.

Oublier. Oublier. Oublier. Je voulais oublier Nathan.

Je ne comprenais même pas pourquoi il occupait tant mon esprit. Qu'avait-il de plus que les autres ? Que Vee ?

Je me mis alors à me déhancher au rythme de la musique, me laissant envahir par cette dernière. Les paupières closes, j'accueillais la mélodie, la laissant pénétrer mon âme écorchée tout en bougeant les bras et le bassin. Comme si j'étais son œuvre d'art, que le chanteur était mon créateur et qu'il me partageait ses démons.

Contrairement à Eleena, je n'avais jamais été une grande danseuse, mais je savais que les hommes ne restaient pas insensibles à ma manière de bouger sous les projecteurs.

J'étais consciente de mon pouvoir.

Comme je l'avais prévue, un homme vint coller son torse à mon dos, posant ses grandes mains sur mes hanches. Il sentait l'alcool, mais je ne fis aucune remarque, je m'en foutais tant qu'il me faisait oublier Nathan en me baisant comme il ne le pourrait jamais.

Finalement, j'ouvris les yeux, voulant observer le monde qui m'entourait. L'homme avec lequel je dansais pencha sa tête pour coller ses lèvres chaudes contre mon oreille sans même parler.

Je ne voulais pas qu'il parle, il ne m'intéressait pas. Je désirais seulement qu'il me touche et qu'il me fasse oublier à quel point j'étais pathétique.

Je jetai un coup d'œil aux mains de l'homme sur mes hanches, c'était la seule chose que je pouvais apercevoir sans me retourner. Couvertes de veines, je m'imaginais un homme avec une certaine musculature. Son torse dur contre mon dos venait confirmer ma pensée.

En remontant le regard, je croisai celui de Nathan. Malgré la surprise, je ne bronchai pas, continuant à danser avec l'inconnu.

Sa danse avec ma sœur n'avait rien en commun avec la mienne. La leur donnait l'impression qu'ils étaient deux amis de longues dates contrairement à celle de l'inconnu et moi. Nous jouions la carte de la sensualité, privilégiant les gestes lents et calculés aux mouvements en rapports avec la musique qui passait désormais. Nous recherchions le contact de nos deux corps.

Malgré la lumière tamisée, l'espace entre nous, je pus apercevoir une teinte de colère dans ses yeux.

Je connaissais ce regard. Possessif. Nathan me regardait comme si j'étais à lui alors qu'il se tenait aux côtés de ma sœur, qu'il dansait avec elle. Pourtant, je ne pouvais pas le nier. J'aimais ce regard parce qu'il signifiait que son attention gravitait autour de moi, qu'il n'avait d'yeux que pour moi.

C'était le regard qu'il m'accordait quand je le provoquais, que je me jouais de lui.

Dans notre petit jeu sordide, j'adorais être sienne.

Et je savais que lui aussi.

Peut-être que cette relation n'était pas vaine. Peut-être que Nathan serait la première personne à me faire vivre éternellement, autrement qu'à travers son art.

Peut-être que je pouvais me battre pour qu'il se souvienne de moi, qu'il me voit à tout jamais. Même si les seules fois où nous nous reverrions seraient à des repas de famille sans importance, nous ignorant complètement parce que nous partagions le même secret honteux. Ou que cet été était la dernière fois que nous nous voyions.

Joyeuse Saint-Valentin <3

VenimeuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant