BONUS 2

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Nathan Presley :

L'eau froide de la douche tombait en cascade sur mon corps tandis que je tentai d'oublier le goût d'Emris. Par la force.

Son putain de goût était sur ma langue et je ne parvenais pas à m'en débarrasser. Je ne pensais qu'à ça. Ma langue qui la baisait, ses mains dans mes cheveux, la mienne sur sa poitrine, mon nom sur ses lèvres.

Putain.

Sa féminité avait meilleur goût que sa bouche.

Eleena m'attendait sagement dans sa chambre d'enfance et tout ce à quoi je pensais était à quel point je souhaitais baiser sa petite sœur. Je voulais qu'elle ne voit plus cet inconnu, qu'elle n'en ait plus la moindre envie. Je désirais être en permanence dans sa tête. Parce qu'elle l'était dans la mienne.

Je désirais laver mes péchés durant cette douche froide. Parce que c'était ce qu'elle représentait. Le pire de mes péchés.

Mon petit secret.

Ses yeux étaient comme la pluie, ses cheveux comme le soleil. Quant à son âme, elle, elle était aussi sombre et profonde que l'océan. Je me noyais, je le savais pertinemment. Mais curieusement, ça ne me dérangeait pas.

Ça ne me dérangeait pas de perdre les pédales ou même de tromper Eleena.

Elle me foutait en l'air et je détestais ça.

J'étais celui qui baisait les autres, pas l'inverse. Personne ne pouvait m'atteindre si j'étais le maître du jeu, mais à ses yeux, je n'étais qu'un pion, un nouveau jouet.

Je ne voulais pas l'aimer, je voulais la baiser et la détruire. C'était tout ce que je souhaitais.

Pourtant, je n'en étais plus certain.

Elle était comme un rêve. Des fois, lorsque j'étais avec elle, j'avais peur de regarder ailleurs. De cligner des yeux. J'avais peur de la laisser s'échapper. Dieu savait à quel point Emris était douée pour fuir.

Ça craignait.

Je savais que ça craignait quand j'étais incapable de ne pas la regarder à table et de faire semblant avec Eleena.

Quand avais-je couché avec Eleena pour la dernière fois ?

Je n'étais pas certain d'avoir couché avec elle depuis que je m'amusais avec sa petite sœur.

Ça craignait.

Ça craignait.

Ça craignait.

J'arrêtai le jet d'eau et sorti de la douche en attrapant une serviette.

En marchant sur le carrelage blanc, je pouvais sentir mes petites scarifications sous mes pieds.

Un petit sourire ornait désormais mes lèvres tandis que je laissais la douleur s'emparer de mon corps. Personne ne s'apercevait de mes cicatrices. Pourtant, je portais en permanence ma souffrance avec moi, la transformant en peine physique.

J'effaçai rapidement la buée sur le miroir et mon regard se dirigea immédiatement sur ma cicatrice.

Elle faisait désormais partie de moi, partie de mon histoire et de ma souffrance. Ma seule scarification visible à la vue de tous. Ainsi, je ne pourrais jamais m'en débarrasser.

Par conséquent, je ne pourrais jamais me débarrasser d'Emris. Parce que j'étais incapable de ne plus porter la souffrance avec moi comme un fardeau.

Je souhaitais affirmer que ma douleur était éternelle par la faute de Romane, mais j'étais mon seul destructeur. Mes scarifications en étaient la preuve.

***

En entrant dans la chambre d'Eleena, je remarquai que, sa petite lampe allumée, Eleena m'attendait, un livre en main. Je lus le titre de son bouquin en me glissant sous la couverture. Il s'agissait de Dracula.

Je ne l'avais jamais lu.

Néanmoins, je ne pus me retenir d'échapper un petit rire moqueur. La salope Stewart lisait des romances et la fille modèle lisait des livres d'horreurs. J'aurais parié l'inverse.

Elle arrêta sa lecture et me lança un regard intrigué.

— Pourquoi tu rigoles ?

Je haussai les épaules.

— Je ne savais pas que tu aimais lire de l'horreur.

Elle fronça légèrement les sourcils.

— J'en lis tous les soirs avant de dormir.

— Ah.

Je n'avais jamais remarqué.

Eleena posa son livre et vint coller son corps chaud contre le mien, froid. Sa tête était posée sur mon torse et ses yeux étaient fermés alors que je l'observais attentivement.

Elle semblait en paix. Comme si elle ne redoutait pas la nuit et ses monstres.

— Tu es froid, commenta-t-elle sans ouvrir les yeux pour autant.

— Je sais.

Sa respiration était régulière et je ne pouvais pas fermer l'œil, me concentrant sur son souffle. Parce que je n'arrêtais pas de me demander ce que j'avais remarqué chez Emris, et pas chez Eleena.

J'avais remarqué qu'Emris regardait toujours son père lorsqu'elle parlait, cherchant probablement son approbation. Elle lisait des romances parce qu'elle souhaitait se sentir aimée le temps de quelques pages. Elle aimait le pouvoir que je lui donnais, détestant se sentir impuissante et faible. Elle aimait l'art parce que ça lui permettait de rester immortelle, importante. Son artiste préféré était Van Gogh parce qu'elle s'identifiait à lui. Et elle aimait être mon petit secret parce qu'elle avait l'impression d'être autant que sa sœur, d'être plus que ce qu'elle n'avait jamais été.

Elle aimait que je la regarde parce que personne d'autre ne l'avait jamais fait auparavant. Pas même ses parents, ses conquêtes ou sa grande sœur. Et j'aimais lui apporter ce sentiment, celui de compter.

Personne ne l'avait jamais fait pour moi.

Eleena essayait tous les jours, en vain. Elle ne parvenait pas à comprendre que je n'étais plus entier, que j'étais brisé.

Je tentai de rassembler ce que j'avais remarqué chez elle. Parce que je savais que ce n'était pas normal de me sentir plus proche de sa petite sœur que d'elle.

Mais je n'avais rien remarqué. Je la connaissais seulement à travers ce qu'elle me racontait à son sujet, je ne la voyais pas. Pas comme je voyais Emris.

Peut-être que je n'en ressentais pas l'envie.

Ou peut-être qu'elle méritait mieux que moi et que c'était la punition de son dieu pour l'avoir oublié.

J'allais la détruire.

C'était sa punition pour avoir fait confiance à un voleur d'oxygène comme moi.

VenimeuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant