✧ ÉQUATION IMPOSSIBLE ✧
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Assise au Starbucks de Carpinteria, celui qui occupait les journées de Billy, mon ancien camarade de classe, je mélangeais ma boisson à l'aide de ma paille verte.
Je n'arrêtais pas de penser à Nathan, à son regard possessif alors que je dansais avec cet inconnu. La langue de l'inconnu titillant la mienne alors que je n'avais d'yeux que pour le copain de ma grande sœur. Ses grandes mains qui dégrafaient mon soutien-gorge alors que je rêvais de celles de Nathan. Ses gémissements dans mon oreille alors que je n'entendais que ceux du brun.
Je le sentais dans mes veines. Je le sentais partout comme un putain de poison dans mon sang, un poison auquel je n'étais pas sensé prendre goût mais qui me consumait tout de même.
Nathan avait raison. J'étais putain d'addicte, et ça me terrifiait.
Ça me terrifiait parce que, toute ma vie, j'avais été le serpent. J'étais si venimeuse que personne ne me survivait.
Vee et toutes ces personnes que je baisais rampaient jusqu'à mon lit, mais pas Nathan.
Il était différent. Avec lui, j'étais différente. Et ça me terrifiait parce que je ne savais pas ce que changement signifiait. Je n'avais jamais ressenti ce besoin constant de me trouver près d'une personne et de lui laisser prendre, prendre et reprendre, sans rien donner en retour si ça lui chantait.
Je ne savais pas à partir de quel moment tout avait changé. Était-ce quand il m'avait menacé dans mon propre lit ? Ou lorsque je lui avais infligé une coupure similaire à la mienne ? Ou peut-être quand il me regardait et que tout autour cessait d'exister ?
Je détestais ce sentiment d'être impuissante. Je pouvais supporter l'être face à mes démons, mais pas face à Nathan.
Surtout si je ne savais pas ce que ça voulait dire ou d'où ça venait.
Je portai ma main à la blessure sur mon cou, je sentis alors la petite croûte qui s'était formée sur ma peau afin de la laisser cicatriser. Je savais que d'ici peu, je n'aurais plus aucune trace de Nathan sur mon corps, que cette coupure ne serait rien d'autre qu'un mauvais souvenir, une blague à raconter à d'autres personnes aussi bourrées que moi.
Ils rigoleraient parce qu'ils trouveraient ça marrant que je me sois tapée le mec de ma grande sœur, sans même savoir que Nathan était la première personne à ne pas me faire sentir comme une merde.
C'était vrai. Depuis que je jouais à ce petit jeu, mes démons apparaissaient moins, je ne ressentais plus le besoin de me mutiler et de me laisser mourir. Je ne me sentais toujours pas égale à ma sœur, mais je me sentais plus aussi peu digne d'amour.
Je luttais toujours entre l'envie irrésistible de perdurer dans l'oubli et celle de devenir immortelle. Mais j'allais mieux, je pouvais le sentir.
Je ne savais pas si Nathan en était la cause. Mais si c'était le cas, le destin m'avait bien baisé.
Me voir à travers les yeux du petit ami de ma sœur n'était pas l'idée du siècle, et je ne voyais pas comment cette histoire pouvait bien se terminer.
The Vampire Diaries était un mensonge. Je ne voyais pas comment deux frères pouvaient partager une même fille, et garder les liens qui les unissaient. Personne n'était assez fort pour ce genre d'épreuve. Surtout pas les deux pestes Stewart.
L'or pourrait s'en remettre et continuer à briller, mais la boue ? Comment le pouvait-elle alors qu'elle peinait à survivre aux voix dans sa tête ?
Deux sœurs, un garçon. Une équation impossible.
Et puis, je me foutais de Nathan. Au fond, je n'étais pas amoureuse de lui.
Je divaguais seulement.
— Prête ? Me demanda Billy.
Je relevai la tête et découvris l'employé.
Je me levai sans même prendre la peine de répondre.
Billy passa son bras autour de mes épaules et je me forçais à ne pas me dégager de son emprise.
Le garçon avait insisté, sur Instagram, pour obtenir un rendez-vous en ma compagnie. Dans l'espoir de penser à autre chose que Nathan, j'avais accepté. Mais je le regrettais déjà.
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Venimeuse
RomanceÂgée de dix-neuf ans, Emris Stewart est une artiste torturée qui sombre peu à peu dans la folie. Encore plus venimeuse que ses démons, elle se prête à des jeux malsains dans l'espoir de se sentir en vie. Malheureuse, cette dernière enchaîne les coup...