11 : Rêverie

7.6K 417 89
                                    

RÊVERIE

✧ RÊVERIE ✧

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

Je me réveillai en sursaut, mes yeux grands ouverts comme des billes, celles avec lesquelles je m'amusai à lancer sur ma sœur, enfant.

Mes rideaux filtraient parfaitement la lumière, me laissant seule, rougissante, avec l'obscurité. Seule avec ma honte et mes pensées malsaines, digne d'une adolescente en recherche de frissons dans sa vie pathétique, pas d'une adulte.

Putain.

Sois une gentille fille et ouvre les cuisses pour moi, pouvais-je encore l'entendre dire à mon oreille, la voix suave.

J'étais paralysée dans mon lit, les joues en feu. Je n'osais pas allumer la lumière, ne voulant pas rendre la chose réelle. Néanmoins, c'était déjà trop tard, l'impression d'encore sentir sa langue chaude et humide sur ma féminité, me dévorant comme si j'étais son putain de dîner, me ramenait à la réalité, celle où je rêvais du petit ami de ma sœur.

Je pris mon coussin entre mes mains et enfonçai ma tête à l'intérieur de celui-ci, essayant de m'étouffer. Avec un peu de chance, celle-là sera la bonne.

Je ne rêvais pas de lui, pas vrai ?

Je glissai une de mes mains à l'intérieur de ma culotte en coton, et remarquai, à mon plus grand malheur, que j'étais chaude et mouillée. À l'instar de mon front, mon dos était recouvert d'une fine couche de sueur. Quant à mes joues, elles, elles étaient rouges. J'avais chaud. Beaucoup trop chaud.

Malgré les nombreuses tentatives de mes parents pour faire de moi le sosie de ma grande sœur, de porter en moi, la même foi qu'elle, je ne pus jamais croire en l'existence de quelqu'un qui laissait autant de personnes souffrir dans le monde. J'avais été scolarisé dans une école catholique, je me rendais tous les dimanches à l'église, je lisais la Bible, mais rien n'y faisait. Pourtant, pour la première fois de ma vie, je souhaitais qu'un Dieu me prenne dans ses bras et me dise que je ne rêvais pas de lui, pas de Nathan.

J'étais terrifiée. Non pas à l'idée d'avoir rêvé de lui, mais d'être si faible au point de vouloir l'appeler et de lui demander d'achever ce désir, de le rendre réel. D'assez apprécier sa compagnie au point de le laisser m'embrasser s'il le souhaitait.

Que me prenait-il ?

C'était son petit ami. Son Nathan. Il lui appartenait. Et moi, je me comportais comme une adolescente frustrée qui attirait, pour la première fois, l'attention d'un garçon.

Certes, il me regardait, il me voyait. Mais, j'avais couché avec des tonnes de garçons, et des tonnes de filles. En quoi était-il différent ?

Était-ce le fait qu'il appartenait à ma sœur ?

Putain ! J'avais un problème !

Quelqu'un toqua soudainement à ma porte et je me levai d'un bond.

— Entrez, fis-je doucement en affichant un sourire innocent, l'air de dire que je ne fantasmais pas du tout sur le petit ami de ma sœur.

Eleena entra dans la chambre, allumant la lumière en entrant et mon sourire, qui sonnait déjà assez faux, s'élargit. En me voyant, elle s'arrêta, me scrutant, les sourcils froncés. Comme si elle me soupçonnait de cacher un inconnu sous mon lit, un inconnu que je me tapais et que je comptais garder secret.

Elle ne se doutait pas que ce secret était celui qui faisait battre son cœur. Son Nathan.

— Hmm, ça va ? Demanda-t-elle, mal à l'aise. Je te dérange ?

Merde. Merde. Merde.

— Non pas du tout, dis-je en m'asseyant.

Quoique imaginaire, je sentais toujours la pression de sa langue contre ma féminité, le feu ardent qui embrasait mon corps tout entier dans mon rêve. Et à l'instant, j'étais incapable de regarder ma sœur dans les yeux. Comment aurais-je pu après un rêve pareil ?

— D'accord.

Eleena s'installa à mes côtés, fixant ma grande bibliothèque. Je fis de même, espérant pouvoir bientôt échapper à ce moment terriblement gênant. Je pourrais imaginer être Jude Duarte, dans Le Prince Cruel, nullement effrayée, je garderais la tête haute devant ma sœur, et ne laisserais transparaître aucune émotion sur mon visage parce que je serais une menteuse, une espionne. Cependant, je n'étais pas un héros de roman, j'étais seulement moi. Et je n'étais même plus sûre que cela suffisait désormais.

— Nathan et moi allons au centre commercial avec Jordyn pour lui changer les idées après manger, tu veux venir ?

— Non, fis-je précipitamment.

Être dans la même pièce que Nathan me semblait impossible aujourd'hui, après ce rêve. Et je ne devais pas venir avec eux alors que j'étais incapable de ne pas rentrer dans ses jeux malsains.

Eleena reporta son regard vert sur moi et haussa un sourcil, intriguée.

— Pourquoi ?

— J'ai envie de peindre, déclarai-je comme si c'était une évidence.

Il y avait écrit "Coupable" sur mon front au marker noir, c'était évident. Tellement évident.

— Tu peux peindre ce soir, Emris. Ça fait longtemps que tu n'as pas vu Jordyn, et que nous n'avons pas passé de temps ensemble. Fait un effort. S'il-te-plaît, implora ma douce sœur.

Les lèvres pincées, je l'observai sans rien dire. Je ne voulais pas qu'elle pense que je la rejette. Et je ne voulais pas lui avouer que je n'en avais rien à foutre de sa meilleure amie et de ses histoires. Les miennes me suffisaient.

— S'il-te-plaît, ça sera amusant.

— D'accord, finis-je par céder, sachant que je cèderais aussi au jeu de Nathan. Laisse-moi me préparer, maintenant.

J'avais besoin d'une douche. Froide de préférence.

VenimeuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant