Vagabondes

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Harry était resté un long moment immobile, l'adresse de Pansy à la main, stupéfait. Puis, il ricana, et secoua la tête, en se disant que les jours à venir allaient être intéressants.

Il relut l'écriture nerveuse de Pansy avant de souffler.
— Ron va me tuer...


*


Pansy Parkinson avait quitté le Ministère la tête haute, puis avait rapidement transplané dans son appartement.
Une fois seule et en sécurité elle vacilla, perdant l'air sûr d'elle qu'elle avait affiché et se frotta le visage, avant de regarder autour d'elle d'un œil critique, se demandant si son logement conviendrait à Potter. À Harry. Autant commencer à l'appeler par son prénom, puisqu'ils allaient vivre ensemble et simuler la parfaite vie de couple.


Après une hésitation, elle décida qu'elle se moquait bien de l'avis du chouchou du monde magique. Elle vivait seule depuis qu'elle avait quitté Poudlard, et elle passait plus de temps au travail que chez elle. Elle était fière de ce qu'elle avait accompli, prouvant à tous qu'elle était parfaitement capable de s'assumer.
Elle sortit sa baguette et ouvrit la porte de la chambre d'amis, pour rafraîchir le lit, et dépoussiérer la pièce. Après une hésitation, elle transforma une table de chevet en bureau qu'elle installa dans un coin de la chambre et décida que son futur colocataire se débrouillerait pour le reste s'il avait besoin de plus.

Elle se demanda un long moment si elle devait prévenir ses amis de la situation — où plutôt de leur annoncer qu'elle ne vivait plus seule puisque le ministre avait été très clair sur le fait qu'elle ne devait pas dévoiler la véritable raison de la présence de Harry Potter à ses côtés — et pensa que ce n'était pas nécessaire. Ils n'avaient pas prévu de venir la voir avant la fin du mois, ce qui laissait à l'Auror prodige le temps de résoudre son problème de sécurité et de repartir avec ses bagages dans sa petite vie parfaite. Peut-être même qu'ils n'auraient pas à faire intervenir la Gazette... Nul doute que l'ancien Gryffondor ne traînerait pas longtemps dans ses pattes, débordé comme il devait l'être...

Pansy avait conscience d'être injuste en jugeant aussi durement le héros du monde magique. Après tout, il les avait tous sauvés. Il était celui qui avait tendu la main vers ses camarades Serpentard, et fait en sorte qu'ils puissent reprendre une vie à peu près normale.
Il n'était pas responsable des attaques et des insultes, bien au contraire.

Elle lui en voulait presque d'avoir effacé si facilement sur leurs querelles passées, et sur le moment qui restait gravé en elle, la source de sa plus grande honte. Le moment où elle avait essayé de livrer son camarade pieds et poings liés à l'ennemi du monde magique, au monstre qui tuait sans états d'âme.

Elle s'obligea à maîtriser ses pensées vagabondes, qui s'étaient perdues dans le passé, et s'installa à son bureau, déterminée à travailler un peu pour s'occuper en attendant l'arrivée de Potter.

*

Harry quitta le Ministère sans prévenir qui que ce soit. Compte tenu de sa nouvelle affectation, il laissait le soin à Kingsley de justifier son absence.

Il rentra chez lui, retrouvant son appartement avec plaisir, et se laissa tomber dans son fauteuil préféré avec un soupir fatigué. Il jeta un œil distrait autour de lui, et leva sa baguette, rangeant son bazar en quelques sorts adroits. Il était plus souvent au Ministère dans son bureau ou en mission que chez lui, aussi les arts ménagers n'étaient pas sa préoccupation première.

Il laissa échapper un ricanement en pensant qu'il devrait se montrer plus ordonné lorsqu'il vivrait chez Pansy Parkinson. Il était sûr que la jeune femme était une maniaque de l'ordre, et qu'elle ne tolérerait pas qu'il se comporte comme il le faisait autrefois dans le dortoir Gryffondor.
Vivre avec un groupe de garçons bordéliques ne lui avait pas vraiment enseigné comment cohabiter avec quelqu'un d'aussi différent de lui.

Il n'avait jamais eu de relations amoureuses menant à une vie en couple, et Ron et Hermione n'étaient pas vraiment un exemple à suivre. Ses meilleurs amis étaient peut-être intensément amoureux, mais ils se battaient aussi souvent qu'ils se réconciliaient. Bien qu'ils semblaient apprécier leur façon de vivre leur histoire, Harry savait qu'il ne pourrait pas supporter ce genre de relation. Lui rêvait de complicité et de calme...

Il repoussa ses pensées d'un haussement d'épaules avant de préparer un sac de voyage. Une poignée de vêtements, le livre qu'il était en train de lire. Après une hésitation, il y ajouta son album photo qui le suivait partout depuis que Hagrid le lui avait offert.
Juste avant de fermer le sac, il y mit les cadres présents sur sa table de chevet.
La photo de ses parents s'enlaçant. Hermione, Ron et lui souriant devant Poudlard. Une photo des maraudeurs jeunes, trouvée square Grimmaud. Un article de la Gazette encadré, annonçant la réhabilitation de Sirius. Un autre article faisant de Severus Rogue un héros.

Puis Harry fit le tour de son appartement, cherchant ce qu'il aurait pu oublier. Malgré la fortune qui dormait dans son coffre à Gringotts, il vivait simplement, ayant besoin de peu.
Tout en s'activant, il s'efforçait de ne pas penser à la jeune femme qu'il allait côtoyer, pour ne pas se laisser envahir par des souvenirs de Poudlard.

Avec une grimace désabusée, Harry se rendit compte qu'il avait réuni l'essentiel de ses possessions importantes en moins de dix minutes, ce qui en disait long sur la vie qu'il menait. Peut-être que Hermione avait raison de le sermonner sur son absence de vie privée. Peut-être était-il temps pour lui de s'éloigner de son travail pour tenter de construire quelque chose.

Prêt à partir de chez lui, Harry grogna en maudissant Hermione. Il aurait le temps de penser au futur lorsque cette mission serait terminée. Pour l'heure, il allait rejoindre une ancienne camarade — même s'ils n'avaient jamais été amis — et faire de son mieux pour la garder en sécurité et lui permettre de retrouver une vie normale.
Ensuite, il exigerait de ce cher ministre un bon mois de vacances — en cumulant les heures supplémentaires qu'il faisait depuis son arrivée au Ministère il y avait largement droit — et il ferait en sorte de sortir un peu de sa coquille. Il était certain que le monde magique ne s'effondrerait pas s'il se reposait quelque temps, contrairement à ce que prétendait régulièrement Rita Skeeter dans la Gazette du sorcier...

Protection rapprochéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant