Un masque pâle

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Harry n'était pas vraiment choqué de voir que Pansy vivait côté moldu, puisqu'elle avait refait sa vie hors du monde magique après la guerre pour éviter les insultes stupides de sorciers bien pensants qui ne s'étaient jamais battus.

Il admira l'immeuble moderne, et devina qu'il allait aimer l'appartement de sa fausse moitié pour les semaines à venir : il l'imagina grand et lumineux, tout comme le sien.

Lorsque Pansy lui ouvrit la porte, il sourit amicalement, et observa avec curiosité autour de lui. Avec un léger choc, il se rendit compte que le logement de Pansy aurait pu être le sien : désespérément vide, aucune photo sur les murs, aucune décoration personnelle. Visiblement, elle menait le même genre de vie que lui, totalement dévouée à son travail.

La jeune femme se méprit sur son regard, et elle montra les dents, soudain agressive.

— Quoi ? Ce n'est pas assez bien pour toi ?

Le temps où Harry s'énervait avant de réfléchir était révolu et il resta calme, se contentant de hausser les épaules.

— Ton appartement est magnifique. J'étais juste en train de me dire qu'il ressemblait beaucoup au mien.

Pansy souleva un sourcil stupéfait, avant de soupirer et de passer une main tremblante dans ses cheveux bruns.

— Désolée Potter. Harry. Je suis un peu... nerveuse.

Il hocha la tête et désigna du menton son sac.

— Tu as un endroit où je peux ranger mes... affaires ?

Pansy laissa échapper un rire légèrement grinçant, montrant son stress.

— Je t'ai préparé la chambre d'amis. Il n'y a que si nous recevons de la visite que nous devrons... faire comme si nous partagions la même chambre. Si tu veux mettre des trucs à toi dans le salon ou autre ne te gêne pas, je ne suis pas spécialement portée sur la déco.

L'Auror la suivit dans la pièce qu'elle lui avait réservée, et déposa son sac avant de plisser le nez d'un air un peu gêné.

— Tu sais avec mon métier je suis pas vraiment... enfin. Je suis souvent absent. Du coup, mis à part des photos de mes parents près de moi, je n'ai pas vraiment de...

Ils échangèrent un regard, se comprenant parfaitement, et Pansy sourit.

— Tu peux mettre la photo de tes parents sur la cheminée si tu veux.

Harry eut un large sourire, appréciant l'attention et sortit le cadre de son sac avec précautions. Pansy le prit et observa longuement le couple qui s'enlaçait d'un air indéchiffrable. Finalement, elle le lui rendit pour qu'il l'installe où bon lui semblerait et elle commenta d'une voix neutre.

— C'est marrant, j'ai toujours entendu dire que tu ressemblais à ton père, mais je trouve que tu as quand même plus de traits communs avec ta mère. Hormis la couleur des cheveux bien sûr.

Le jeune homme caressa la photo d'un air rêveur et la remercia de son commentaire, d'une voix légèrement étranglée. C'était la première fois qu'on le lui disait, et il savait que l'ancienne Serpentard ignorait qu'elle lui avait dit ce qu'il espérait entendre depuis des années.

*

L'installation de Harry avait été extrêmement rapide et il admirait la vue depuis la fenêtre pour passer le temps lorsqu'un hibou apparut.

Maintenant qu'il était arrivé chez Pansy, il se sentait légèrement mal à l'aise. C'était une chose de fanfaronner dans son bureau... mais c'était différent de se retrouver seul chez la jeune femme. Il savait que c'était le temps de s'acclimater, qu'ils finiraient par réussir à communiquer.

Le jeune homme s'était refusé à engager la conversation en parlant de Poudlard, ou de souvenirs communs. Après tout, leurs interactions avaient toujours été désagréables et le but n'était pas de braquer Pansy contre lui dès le début. Il imaginait qu'elle n'appréciait pas de voir son espace personnel envahi et il attendait tranquillement, en silence, lui laissant le soin de donner le ton de leurs futurs échanges.

Il l'observa du coin de l'œil alors qu'elle prenait le parchemin, mais il se tourna vers elle brusquement en l'entendant hoqueter.

Son visage était devenu un masque pâle et elle tremblait. Sans la moindre hésitation, il la saisit par la taille pour la forcer à s'asseoir, avant de s'emparer du parchemin. Elle se laissa faire sans réactions, et Harry lui posa une main sur l'épaule, gardant un contact physique avec elle pour la rassurer.

À l'instant où il lut le message, sa magie s'agita furieuse.

C'était un mélange de menaces et d'insultes, un ramassis de paroles cruelles destinées à la blesser. Harry laissa tomber le parchemin sur la table basse devant lui avec une grimace écoeurée, puis prit place près d'elle l'attirant contre lui.

Elle se raidit un instant avant de se laisser aller, montrant sa vulnérabilité l'espace de quelques secondes. Puis, elle se reprit et s'éloigna, les mains crispées en poings sur ses cuisses.

Harry soupira.

— C'est régulier ce genre de... choses ?

Pansy détourna la tête et fit un geste agacé, prenant un ton coupant pour masquer son trouble.

— Ça faisait un moment que je n'avais rien reçu. Plus depuis... l'incendie. Ce n'est rien.

L'Auror roula des yeux.

— Ne sois pas butée. Ce n'est pas normal que tu reçoives ce genre... d'horreurs !

— J'étais du mauvais côté, Potter. Je suppose que c'est le prix à payer pour les choix de mes parents.

Face au ton amer, Harry soupira, et secoua la tête. Il se sentait touché par la détresse que la jeune femme tentait de cacher, et furieux de l'idiotie de certains, prêts à raviver la guerre pour une stupide vendetta sans aucun sens.

— Tu étais une enfant, tu n'as rien fait de mal. Bon sang, personne ne t'a jamais laissé la possibilité de choisir de toi même ! À l'instant où tu as été répartie à Serpentard...

— Et quoi ? C'est la vie !

Le jeune homme gronda, laissant la colère monter, laissant sa magie s'étendre, provoquant un hoquet de stupeur chez Pansy.

— Je suis bien placé pour dire que c'est des conneries ! Tu as été plongé au cœur de ce merdier, tout comme moi. Ton père était Mangemort, mais toi... tu n'as rien fait de mal. Ceux qui envoient ces trucs... je suis prêt à parier qu'ils étaient planqués chez eux, tremblant et priant pour qu'un gosse fasse le boulot à leur place ! Je donnerais cher pour voir ce qu'ils auraient fait, réellement, s'ils avaient dû tenter de survivre comme nous l'avons fait.

L'ancienne Serpentard le fixait, bouche entrouverte, choquée.

— Tu... le penses vraiment ?

La fragilité dans la voix de Pansy fit retomber sa colère et il se passa une main dans les cheveux, avant de hocher la tête.

— Oui. J'en suis convaincu, et rien ne pourrait me faire changer d'avis.

Protection rapprochéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant