Insanités

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Face à un Harry Potter troublé, Pansy eut un large sourire. Contrairement à ses amis — anciens Serpentard — le jeune homme semblait incapable de dissimuler ses sentiments, et elle trouvait ça plutôt rafraîchissant.

Il n'avait pas caché sa curiosité envers Drago, et elle avait noté son observation minutieuse du blond. Il n'avait pas réussi à masquer qu'il était perturbé par ses retrouvailles, restant silencieux.

Drago avait probablement ressenti la même chose cependant, lui savait dissimuler ce qu'il pensait, et il avait gardé un visage lisse de tout sentiment, et il avait conversé avec elle comme si Harry Potter n'était pas présent juste à côté. Il s'était juste montré un peu nerveux, retrouvant d'anciens travers en prenant ce ton insupportablement supérieur datant de leur adolescence.

À l'époque de Poudlard, elle avait souvent reproché à Drago son obsession constante pour Potter. Sa façon de le provoquer, de le chercher en permanence. Comme s'il faisait en sorte de toujours rester dans son champ de vision. Il ne s'était calmé qu'après avoir reçu la marque, parce qu'il ne devait pas être découvert, mais Pansy avait souvent vu ses regards désespérés en direction du Gryffondor, comme s'il attendait d'être sauvé.

Ces dernières années, le nom du Sauveur était souvent revenu dans leurs conversations, et si Drago prenait un ton moqueur ou méprisant, Pansy savait qu'il se tenait régulièrement au courant — que ce soit par la rumeur ou par les journaux.

Elle n'oubliait pas sa réaction après qu'il eut appris qu'il était libre grâce à Potter. Elle ne l'avait jamais vu aussi... proche de perdre son contrôle si précieux. Il était venu la voir en débitant un flot d'insanités, les mains tremblantes, et Pansy savait qu'il aurait fallu un seul commentaire pour qu'il craque. Elle l'avait consolé, sans dire un mot, ne comprenant pas son émotion soudaine et si violente.

Drago s'était rapidement repris, et puisqu'il n'avait plus de nouvelles de Harry Potter, il s'était retranché dans son manoir, restant aux côtés de sa mère, et affichant un visage impassible. Il était resté seul toutes ces années, refusant de se laisser approcher — hormis par quelques anciens amis, Nott, Zabini, et elle.

Pansy fut tirée de ses pensées par la magie de Harry. Elle n'avait jamais douté de la puissance du Sauveur, mais elle se demandait ce qui lui faisait perdre son contrôle — en dehors de la visite de Drago.

La seconde vague de magie fut particulièrement puissante et la fit hoqueter. Elle eut soudain la chair de poule, ses poils se dressant sur ses bras, et elle frissonna.

Elle prit une brusque inspiration, et se dirigea vers la chambre où Harry se terrait, résistant à l'impulsion de fuir son propre appartement. Pourtant, elle savait que la colère du brun n'était pas dirigée contre elle, et elle ne se sentait pas le moins du monde en danger. Mais cette débauche de puissance était presque intoxicante...

Elle s'appuya contre le chambranle de la porte, observant Harry. Assis au bureau, il n'était pas conscient de sa présence. Il tenait un parchemin dans les mains, son regard fixé dessus, et il avait les sourcils froncés, visiblement mécontent de ce qu'il lisait.

Si elle avait été la cible de sa colère, elle aurait probablement craint pour sa vie. En cet instant, il était évident que c'était lui qui avait ramené la paix dans le monde magique, il avait l'air... impitoyable. Puissant. Invincible.

Après une hésitation brève, Pansy se gratta la gorge pour attirer son attention. Harry sursauta brusquement et sa magie cessa d'être aussi oppressante, la faisant vaciller légèrement. Elle nota l'air coupable du brun et elle se demanda distraitement s'il laissait souvent sa puissance s'extérioriser de cette façon, suivant ses sentiments... Elle pensa distraitement qu'elle adorerait voir l'expression de Drago face à une telle manifestation, parce que son ami ne pourrait pas rester de marbre — aussi doué soit-il.

— Un problème ?

Harry haussa les épaules et leva la main pour la passer dans ses cheveux comme il le faisait autrefois avant de la laisser retomber, mal à l'aise.

— Tout va bien.

Elle ricana, moqueuse, et haussa un sourcil, sans le quitter des yeux.

— De toute évidence. Ta puissance magique est vraiment impressionnante, et ne laisse aucun doute sur tes émotions.

Le brun grimaça.

— Je suis désolé. Habituellement, j'ai plus de... contrôle, mais j'étais...

— Déstabilisé d'avoir revu Drago Malefoy ?

Harry rougit furieusement et détourna la tête, fixant les dossiers ouverts devant lui d'un air buté, front plissé. Il finit par grommeler.

— J'ai été surpris, mais... peu importe.

Pansy aurait pu le pousser un peu plus dans ses retranchements, mais elle se souvenait de son caractère entier. Bien que passant pour un gentil naïf, elle l'avait souvent vu s'opposer à Drago pour savoir que Harry Potter pouvait se montrer colérique et têtu. Terriblement têtu.

Elle soupira donc, sans insister et avança de quelques pas, avant de désigner les papiers qu'il avait étalé devant lui.

— C'est quoi ?

Harry se redressa, reprenant inconsciemment son rôle d'Auror.

— Tout ce qui concerne les attaques dont tu as été victime. Je sais que je suis juste censé te protéger, mais il serait stupide de ne pas... être au courant de tous les éléments.

Elle réprima une grimace gênée, et détourna les yeux.

— Oh. Tu as vu tous ces fichus courriers...

La voix de Harry était plus douce lorsqu'il répondit.

— Pansy, tu es consciente que ce n'est qu'un tissu d'horreurs sans fondement ? Tu étais peut-être une peste à Poudlard, mais ça ne fait pas de toi une criminelle. Tu as prouvé que tu étais honnête et tu as travaillé dur pour en arriver là, tu ne mérites pas ça.

Elle eut un sourire forcé.

— Peut-être.

— J'ai vu que tu n'étais pas la seule à avoir eu des problèmes.

Pansy soupira, refusant de croiser le regard du jeune homme face à elle.

— Nous... enfin, tous les anciens Serpentard, ceux qui ont vécu la guerre de l'intérieur, nous sommes des cibles de tout ça. Certains ont choisi de... s'éloigner du pays ou du monde magique. Je pensais que... ça se calmerait, que le temps qui a passé était suffisant.

Harry laissa échapper un grognement, alors qu'il triturait légèrement une feuille. Finalement, il leva ses yeux verts Avada vers elle, la piégeant dans l'intensité de son regard.

— Et Malefoy ?

La jeune femme hésita. Puis, elle décida qu'il était temps de mettre un bon coup dans la fourmilière.

— S'il se terre dans son Manoir, ce n'est pas pour rien. C'est probablement celui d'entre nous qui reçoit le plus de... d'insultes.

Lorsque la magie de Harry explosa une fois de plus, Pansy pensa que les choses allaient enfin changer.

Protection rapprochéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant