Protection rapprochée

Sale affaire

Pour le déjeuner, Pansy avait commandé à son traiteur habituel, plutôt que laisser Harry cuisiner une fois de plus.

Ils commencèrent à manger en silence, le regard des deux jeunes hommes se croisant souvent. Très souvent de l'avis de Pansy.

Reposant ses couverts, elle appuya son menton sur ses mains jointes.

— Et donc, vous allez faire quoi maintenant ?

Drago haussa un sourcil, mais resta silencieux. Pour sa part, Harry, lui, ricana.

— Si c'est une façon de me demander de rentrer chez moi...

La jeune femme plissa le nez, contrariée.

— Très amusant.

L'Auror roula des yeux.

— Je ne vais pas te laisser te débattre seule au milieu de cette sale affaire. Je t'ai dit que je ferais en sorte que tu puisses vivre en paix, et quoi qu'il arrive, je ne changerai pas d'avis.

Harry croisa le regard approbateur de Drago, et ses pommettes se teintèrent de rose. Pansy lui lança un sourire un peu hésitant.

— Cette situation est si étrange...

*

Ils terminèrent de manger, tranquillement, changeant de sujet pour aborder des questions bien plus légères.

Cependant, Pansy revint sur ses préoccupations premières.

— Donc tous les deux, vous restez chez moi ?

Drago renifla.

— Et bien, je suppose qu'on peut aller chez Potter, puisqu'il est hors de question d'aller au Manoir. Mais il faudrait que tu viennes avec nous pour que tu restes sous protection.

Pansy lui jeta un regard noir.

— Bien évidemment, pas au Manoir pour que Narcissa ne soit au courant de rien. Mais ta mère va bien voir cette superbe une de la Gazette. Et celle de demain risque de... la choquer légèrement non ?

Les yeux de Drago se plissèrent, pleins de colère.

— Elle ne verra rien puisque je fais en sorte qu'elle ne reçoive pas la Gazette. Elle... l'absence de mon père l'a brisée. Et pour ce qui est du Manoir, moins j'y suis, mieux je me porte.

Les deux amis se défièrent du regard et Pansy finit par abdiquer, haussant brutalement les épaules.

— Je ne compte pas vous mettre à la porte. Mais ce n'est pas un peu étrange de vivre chez moi alors que vous jouez le rôle du parfait petit couple ?

Harry rougit avant de grogner.

— Tu comptes donner une conférence à Skeeter pour le lui révéler ?

Drago ricana, alors qu'une lueur de jalousie passait dans ses yeux gris.

— Tu préciseras aussi qu'il dort avec toi ?

Il y eut un lourd silence, et Harry laissa échapper un rire incrédule.

— Hey, je suis présent, vous savez ? Bon sang, on dirait les disputes incessantes de Ron et Hermione ! Et pour info Malefoy, j'ai dormi dans le salon, et avant j'occupais la chambre dans laquelle tu es...

Pansy se laissa aller en arrière dans sa chaise, avec un rictus satisfait.

— Tu es toujours aussi jaloux dès qu'on parle de Harry en fait ! Déjà à Poudlard ça te rendait enragé...

Drago se leva brusquement de table et peu après la porte de la chambre claqua. Harry secoua la tête.

— À quoi tu joues Pansy ? Si tu sais que ça le rend dingue, pourquoi... tu cherches autant à l'agacer ?

Elle lui renvoya un regard innocent avant de se servir un verre d'eau, tranquillement.

— Peut être parce j'en ai assez qu'il se noie dans sa culpabilité depuis cinq ans et que tu es le seul à pouvoir le faire réagir ! Regarde ce qu'il fait depuis qu'il est arrivé : s'enfermer comme un adolescent dès que quelque chose lui déplaît !

Harry renifla en roulant des yeux.

— Et me le dire directement plutôt que de l'exposer ? Il va se sentir humilié !

Pansy lui jeta un regard étrange.

— Tu es probablement le seul à le comprendre aussi bien.

Sans un mot de plus, Harry se leva, décidé à apaiser les choses. Il ne voulait pas avoir à se battre avec Malefoy pour qu'il reste chez Pansy, près de lui.

Il frappa à la porte, un peu hésitant avant de pousser le battant.

— Je peux ?

Un grognement lui répondit, et il entra.

Drago était une fois de plus debout devant la fenêtre, observant l'extérieur. Harry s'installa sur le bout du lit.

— C'est vrai ce qu'elle a dit ?

— À quel sujet ?

Harry eut un temps d'hésitation avant de se décider.

— Que tu es jaloux ?

Le blond se crispa et il fit face à son rival de toujours, affichant un air fier.

— Pansy est peut-être mon amie, mais elle est surtout une insupportable commère qui imagine toujours... tout et n'importe quoi.

Harry sourit.

— OK.

Drago plissa les yeux, soudain méfiant.

— Quoi, c'est tout ?

— Tu croyais quoi ? Que j'allais te hurler dessus ?

Malgré lui, le Serpentard laissa échapper un ricanement.

— Ce n'est pas vraiment ton genre, ça.

Harry hocha la tête.

— Alors où est le problème ? Bon sang, Malefoy, je veux juste t'aider, toi et tes amis !

Le Serpentard laissa filtrer son incertitude, puis il hocha la tête.

— Je suis désolé. C'est juste... un peu étrange.

Cette fois, Harry ne put s'empêcher de glousser.

— Nous deux ? Je trouve ça plutôt cool qu'on devienne... amis. Pas toi ?

Drago le fixa longuement, visiblement interloqué.

— Amis ?

Harry s'empourpra légèrement, mais soutint son regard, déterminé. Drago eut un sourire et hocha la tête. Aussitôt, Harry se détendit, comme s'il avait craint d'être rejeté.

Drago approcha, puis s'installa aux côtés de Harry sur le lit.

— Potter ? Tes amis... ils ne vont pas t'en vouloir de... enfin, des photos dans la Gazette. Avec moi.

— M'en vouloir ? Je suis un grand garçon, Malefoy, et je vis seul. Je n'ai pas de comptes à rendre. À personne. J'ai sacrifié suffisamment pour être libre, et ça mes amis le savent.

— Mais...

— Si tu veux savoir, Hermione va probablement me hurler dessus parce que je leur ai présenté Pansy comme ma compagne et que le surlendemain elle me retrouve à tes côtés en une. Ron va... bouder. Quoi qu'il décidera probablement de laisser Hermione gérer. Elle peut être réellement effrayante quand elle est en colère... plus encore qu'avant.

— Mon héros... prêt à affronter la furie Granger pour moi...

Le ton dramatique de Drago prit Harry par surprise et il resta une demi-seconde figé, avant d'éclater de rire joyeusement. Drago eut un léger sourire en coin, avant de se laisser gagner par l'hilarité de Harry et de se mettre à rire à son tour.