Nouvelle vérité

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Harry resta silencieux un long moment, le visage dépourvu de toute émotion.

Bien évidemment, il se souvenait de Pansy Parkinson. La Serpentard avait été une fille désagréable et il se souvenait de Ron qui la comparait à un bouledogue. Il n'était pas certain l'avoir connue souriante, et elle avait été collée à Drago Malefoy tout au long de leur scolarité.
La dernière fois qu'il l'avait vue, elle s'était tenue face à lui dans la Grande Salle et avait proposé qu'il soit livré à Voldemort pour leur survie. Bien évidemment, il ne lui en tenait pas rigueur, n'importe qui aurait pu proposer ceci. Elle était peut être la seule à l'avoir suggéré à voix haute mais il savait que d'autres y avaient pensé.

Depuis, il ne l'avait jamais revue. Il n'avait même jamais pensé à elle, ils n'avaient pas été proches à l'époque de Poudlard. Il savait que son père avait été condamné à quelques années à Azkaban pour avoir été du mauvais côté lors de la bataille de Poudlard. Elle, elle n'avait pas été inquiétée, et comme beaucoup de ses camarades Serpentard, elle s'était fait oublier.

Se faire passer pour quelqu'un de proche allait être particulièrement ardu, mais il était un bon Auror, et il ferait ce qu'il fallait pour la protéger. Ils n'avaient jamais été amis, mais Pansy Parkinson n'était pas une criminelle, aussi désagréable qu'elle ait pu être autrefois...

Il nota le regard inquiet de Kingsley et leva les yeux au ciel.
- Ok.

Robards se pencha pour lui tapoter l'épaule.
- Bon garçon Potter. Si seulement nous avions plus de recrues comme toi...

Harry s'empourpra, et ignora le ricanement de Kingsley avant de soupirer.
- Bon. Est-ce qu'elle est d'accord avec ton plan au moins, Kings ?
Au regard soudain fuyant de l'homme, Harry jura. Il devinait sans peine que le Ministre allait organiser la rencontre et qu'il devrait se débrouiller pour convaincre la jeune femme.

Puisque le silence s'éternisait, il reprit, d'un ton presque boudeur.
- C'est de la folie ! Cette vipère va me lancer un sort dès que j'aurais ouvert la bouche !

Il eut droit à un ricanement moqueur de Shakelbot.
- Ah ah... une nouvelle vérité sur tes camarades d'antan ? Ceux qui avaient droit à une seconde chance ?
Harry le fusilla du regard, et haussa les épaules, définitivement de mauvaise humeur.
- Très bien, quand dois-je la rencontrer ?


Le Ministre eut un large sourire, exposant une dentition parfaite.
- En fait... elle attend probablement déjà dans mon bureau, cher Sauveur. Il ne manque plus que toi pour lui expliquer le détail de ce que nous allons mettre en oeuvre pour assurer sa protection.


Harry se leva brusquement, les yeux lançant des éclairs, et la mâchoire crispée. Il ne fit pas la moindre remarque, marmonnant une salutation brève à l'intention de Robards, puis quitta la pièce à grands pas.

*

Lorsqu'il fut suffisamment éloigné, le chef des Aurors secoua la tête.
- C'était mal joué, Monsieur le Ministre. Ce gosse a horreur d'être manipulé comme ça.
Shakelbot soupira, et haussa les épaules.
- Je sais bien. Mais j'ai les mains liées. Il n'y avait que lui pour cette mission et...
- Il aurait accepté quoi qu'il arrive. Il a horreur des injustices et il aurait su passer par dessus d'anciennes querelles d'écoliers.

Il y eut un long silence et le Ministre se leva, laissant paraître une expression fatiguée.
- Probablement. J'ai confiance en Harry, mais je ne peux pas me permettre de laisser place au hasard. Je ne devais pas lui laisser le choix, parce que la moindre erreur pourrait faire exploser le monde magique et ramener la guerre au premier plan.

Robards plissa le nez, soudain inquiet.
- A ce point ? Comment des attaques contre une gamine qui a fait fortune pourraient avoir un tel effet ?
- Tout simplement parce qu'elle n'est pas la seule à avoir reçu des menaces. Et que pour l'instant, elle est la plus exposée et celle qui pourrait nous aider à stopper cette folie. Le jeune Nott s'est retrouvé à Sainte Mangouste après avoir reçu un sort cuisant dans le dos. Rien de grave, heureusement, mais l'attaque a eu lieu au milieu de la foule en plein chemin de Traverse. Nous sommes au bord du précipice...

Le chef des Aurors resta silencieux un long moment, puis hocha la tête et fixa son ancien collègue. Il se souvenait de l'époque où le Ministre n'était qu'un Auror parmi d'autres, et il s'adressa à lui comme il le faisait alors, oubliant le protocole.
- Kingsley. J'ai été le premier à douter de ta décision de nous coller le Sauveur dans les pattes. Je veux dire, le gosse venait peut être de mettre fin à la guerre en se débarrassant de... tu-sais-qui, mais il n'était qu'un enfant. Aucune expérience, il n'avait même pas ses Aspics ! Je pensais trouver un imbécile imbu de lui même, aux dents longues, qui convoiterait ma place à l'instant où il poserait le pied ici.

Shakelbot ricana.
- Pas le genre de Harry, non ?
- Pas vraiment. Il a fait ses preuves. Il a montré qu'il était un bon Auror et surtout quelqu'un de bien. De droit. Toi qui le connais, tu devrais lui faire un peu plus confiance. Bon sang, il est un excellent élément, et tu le sais. Tu as du lire suffisamment de mes rapports pour avoir compris depuis le temps qu'il est tout à fait capable de faire la part des choses et de donner le meilleur de lui-même quelles que soient les circonstances.


Les deux hommes échangèrent un long regard et le Ministre eut un léger sourire.
- Tu veux assister à l'échange ? Connaissant le caractère d'Harry et sa colère quand il est parti, la confrontation avec la délicieuse Miss Parkinson risque d'être... électrique. Les épreuves qu'elle a traversé ne l'ont pas adoucie, loin de là.

Gawain Robards éclata de rire, et secoua la tête.
- Bien sûr. Je ne manquerai ça pour rien au monde, Kingsley. Comment est-elle ?
- C'est une vraie furie. Quand sa boutique a été incendiée, elle a forcé la porte de mon bureau pour faire un scandale. Ça a du être terrible pour un caractère comme ça de faire profil bas et de rester tranquille toutes ces années. Je parie qu'elle va en faire voir de toutes les couleurs à notre pauvre Harry... surtout qu'ils n'étaient pas vraiment amis à Poudlard...
Le chef des Aurors fit un clin d'oeil à son vieil ami et secoua la tête.
- Ne le sous-estime pas, il est loin d'être sans défense. C'est un rusé, ce petit.

Protection rapprochéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant