En essayant de ne pas penser à la soirée qui s'annonçait mouvementée, Harry avait accepté le dîner en ajoutant qu'il serait accompagné de sa compagne. Il devinait que ses amis devaient être dévorés par la curiosité, mais il ne donna aucune indication supplémentaire.
Il imaginait sans peine que Ron et Hermione s'étaient rendus à son bureau au Ministère et à son appartement désert. Il était content d'échapper à leur inquisition, pas certain d'avoir pu résister à leurs interrogations.
Pansy semblait s'amuser de son stress, et lui assurait que tout irait bien. Elle était certaine que Granger et Weasley ne pourraient jamais tourner le dos à leur ami et ne s'inquiétait pas trop de la confrontation...
Finalement, ce fut le moment de partir.
En arrivant devant le cottage qu'occupaient Ron et Hermione, Harry résista à la tentation de fuir lâchement. Il lui semblait soudain plus simple de ne pas poursuivre cette mascarade quoi qu'en dise Shakelbot... Il n'était pas habitué à cacher des choses à ses meilleurs amis, surtout sur un sujet aussi personnel.
Il soupira en se souvenant qu'il était un Gryffondor, et qu'il pouvait toujours mentir par omission : il vivait avec Pansy après tout, et il comptait l'aider autant que possible. Tant qu'il n'aurait pas de questions directes sur ses sentiments, tout devrait bien se passer.
Maudissant Kingsley, il prit la main de Pansy, et lui jeta un bref regard. La jeune femme semblait égale à elle-même, fière et tête haute, mais il devinait la crispation de ses épaules, et il nota ses coups d'œil nerveux autour d'elle. Il soupira et lui adressa un sourire un peu tendu.
— Prête ?
Elle ricana, amusée.
— Apparemment, c'était moins effrayant d'assister à un dîner de Mangemort avec mes parents. Je dois avouer que tu émets une telle quantité de stress que je m'attends presque à être passée à la question.
À cet instant, Harry prit conscience du ridicule de la situation et il se mit à rire, se détendant soudain. Il attira Pansy dans ses bras pour une étreinte amicale, et secoua la tête.
— Tu dois me trouver stupide de me mettre dans cet état pour si peu.
Le jeune homme eut l'impression qu'un poids lui était ôté des épaules. C'était Ron et Hermione. Ses premiers amis, les deux personnes les plus proches de lui qui soient. Ses complices de toujours. Ils ne seraient pas forcément ravis de découvrir Pansy pendue à son bras, mais ils ne le rejetteraient jamais. Et quand viendrait le temps de leur révéler la supercherie, ils en feraient probablement un sujet de plaisanterie sans fin pour se venger d'avoir été dupés.
Soudain plus serein, il sourit à Pansy.
— Allons-y. Je crois que je me suis mis bien trop de pression pour si peu. Après tout, nous nous connaissons tous non ?
Pansy grimaça avant de ricaner.
— Sur ce point, je ne suis pas certaine que ce soit positif. Je dirais que j'ai dû faire très mauvaise impression à l'époque.
Harry frappa à la porte, et elle s'ouvrit presque aussitôt sur Ron. Le rouquin lui sourit et dévisagea Pansy avant de la reconnaître et de se figer, bouche ouverte, choqué.
Malgré lui, Harry gloussa. Sans quitter Pansy du regard, Ron s'écarta de l'entrée pour les laisser passer.
Hermione arriva, souriante, et fronça un instant les sourcils en voyant la compagne de Harry. Cependant, elle ne dit pas un mot, mais elle attendait visiblement des explications.
Le brun prit une inspiration un peu tremblante et regarda Pansy. Elle lui sourit et il enlaça sa taille fine pour la rapprocher de lui.
— Je suppose que vous vous souvenez de Pansy ?
Hermione eut un sourire crispé et hocha la tête, non sans lancer un long regard indéchiffrable en direction de son ami. Ron grogna, et plissa le nez.
— C'est une plaisanterie ? La harpie de Poudlard a été appelée hors des ténèbres et...
Hermione le fit taire d'une bourrade et Harry fronça les sourcils, contrarié de l'accueil réservé à la jeune femme.
— J'ai emménagé avec Pansy. Et ce n'est pas une plaisanterie. J'ose espérer qu'elle sera correctement accueillie.
Ron protesta, l'air révolté.
— Mais elle était à Serpentard !
La colère de Harry se réveilla et il plissa les yeux.
— Et nous sommes adultes. La guerre est terminée, Ron. J'ai suffisamment donné pour avoir le droit de choisir avec qui je souhaite vivre. J'espérais être soutenu par mes amis, mais si la présence de ma compagne pose problème, nous pouvons parfaitement rentrer chez nous.
Il y eut un long silence, et Pansy mal à l'aise était prête à mettre fin à cette dispute idiote. Elle devait avouer que la réaction de Harry avait été un baume sur les blessures dues au rejet dont elle était systématiquement victime, mais la jeune femme ne voulait pas qu'il se brouille avec ses amis les plus proches pour elle.
Hermione roula des yeux et prit les choses en main.
— Bien évidemment que nous te soutenons, Harry. Entrez tous les deux. Mais ne crois pas que je vais oublier de te demander comment tu en es venu à arriver chez nous en couple, toi l'éternel célibataire !
La réflexion de la brunette suffit à détendre l'atmosphère. Cependant, lorsque Harry passa à côté d'elle, elle le retint près d'elle et murmura doucement.
— Ginny n'est pas encore arrivée, tu as conscience qu'elle risque de... s'énerver ?
Le jeune homme leva les yeux et vit Pansy silencieuse au milieu du salon, visiblement mal à l'aise. Il roula des yeux et haussa les épaules.
— Je lui ai répété à plusieurs reprises que je n'étais pas intéressé par elle. Je ne vais pas cacher ma relation comme un secret honteux pour ménager sa susceptibilité...
Profitant du fait que Hermione et Pansy conversaient poliment sur leurs métiers respectifs, Ron se pencha vers Harry.
— C'est vraiment sérieux ? J'veux dire, tu nous fais pas une blague ?
Le brun n'hésita pas un instant.
— J'ai emménagé avec Pansy, Ron. Et on s'entend plutôt bien. Même extrêmement bien.
Il était plutôt fier de ne pas avoir menti un seul instant, même s'il omettait quelques détails capitaux comme la raison de son changement d'adresse. Cependant, pour le moment, Ron n'était pas obligé d'en savoir plus. Harry décida que ce serait une bonne leçon pour son ami parfois un peu trop ancré dans les habitudes du passé, un peu trop attaché aux vieilles rivalités Gryffondor — Serpentard.
Ron renifla, déstabilisé, et secoua la tête.
— Mais tu l'aimes ?
Harry sourit et leva la tête vers Pansy pour l'observer. Puis il répondit doucement.
— Je l'aime beaucoup, oui.
Et encore une fois, ce n'était pas un mensonge.
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Protection rapprochée
FanfictionCinq ans ont passé depuis la fin de la guerre et la mort de Voldemort. Harry Potter est devenu Auror. Hermione Granger travaille au Ministère. Ron Weasley a rejoint son frère dans sa boutique pour l'aider. Tous les trois sont restés aussi liés qu'à...