Aussi sombre que le chaos

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Harry avait mangé rapidement, incapable de cesser d'observer Malefoy du coin de l'œil. Il n'avait pas revu le jeune homme depuis Poudlard et il essayait de superposer son souvenir au blond boudeur qui grignotait en fusillant Pansy des yeux et en évitant de le regarder.

Il avait repris du poids, et il n'avait plus cet air de bête traquée qu'il avait eu le jour de la bataille. Cependant, il avait toujours cette expression supérieure, ce maintien tout aristocratique qui devait être gravé dans ses gênes.

Harry avait demandé à Shakelbot de ne pas envoyer Malefoy à Azkaban. De faire en sorte qu'il puisse vivre libre. À l'époque, il avait pensé que Kingsley se montrerait discret sur sa demande, mais le tout nouveau ministre avait annoncé la grâce de Drago et Narcissa Malefoy à la suite du témoignage de Harry Potter, leur sauveur.

Bien évidemment, le jeune homme s'était plaint, mais Kingsley lui avait affirmé que c'était la seule façon que le monde magique accepte la décision.

Narcissa lui avait fait envoyer des fleurs, ainsi qu'une lettre de remerciement en son nom et en celui de son fils. Elle lui avait assuré qu'ils aspiraient à vivre discrètement désormais, loin de l'agitation de la population magique, avant de lui souhaiter une vie riche et heureuse.

À l'époque, Harry avait soigneusement rangé la lettre, et avait regretté de ne pas avoir de nouvelles de son ancien rival.

En écoutant Pansy babiller avec son ami, Harry se demanda distraitement si Malefoy avait lui aussi des soucis. S'il était attaqué ou insulté. Fier comme il l'était, le blond n'en parlerait certainement pas, et refuserait toute aide...

Il afficha un air aussi sombre que le chaos qui agitait son esprit, alors que l'idée que Malefoy soit attaqué ou blessé lui devenait insupportable, renforçant sa détermination d'arrêter les idiots qui se prenaient pour des justiciers en attaquant des innocents.

Le jeune homme sursauta lorsque la main de Pansy se posa sur son poignet, alors qu'il jouait avec les miettes de son muffin sur la table. Il cligna des yeux et eut un sourire hésitant.

– Désolé. J'étais perdu dans mes pensées.

La jeune femme gloussa.

— Je vois ça. Je te demandais si tu voulais quelque chose d'autre.
— Oh... non. J'étais... enfin, je pensais au travail.

Il força un sourire un peu nerveux. Pansy fronça les sourcils un bref instant, mais la voix traînante de Drago intervint.

— Et donc Potter, tu es devenu Auror à ce qu'il paraît ?

— Effectivement.

— Si prévisible...

Loin de s'offusquer, le brun eut un sourire malicieux.

— Visiblement pas toujours si j'en crois ta réaction de tout à l'heure.

Drago rougit une fois de plus et se leva brusquement.

— Pansy, je... dois y aller. Je t'enverrais un hibou pour voir quand tu seras disponible.

— Tu ne m'as même pas dit pourquoi tu venais, finalement.

Le blond eut un geste évasif.

— Rien d'important. Je vais te... vous laisser.

Pansy se rapprocha de Harry avec un rire de gorge, épiant les réactions de son ami.

— Tu auras l'occasion de revoir Harry. Je dois dire que nous essayons de passer un maximum de temps ensemble.

Drago renifla et se raidit, hochant sèchement la tête.

— Pansy. Potter. Bonne journée.

Quelques secondes plus tard, la porte claquait, et Pansy s'écartait tranquillement de Harry, l'air satisfait.

Le brun semblait d'humeur étrange et elle lui adressa un clin d'œil.

— Visiblement, il a cru à notre petite... comédie.

Harry tressaillit et hocha la tête, en se passant une main nerveuse dans les cheveux.

— Oui. Je suppose...

Il soupira, et noua grossièrement ses cheveux en chignon avec un élastique sorti de sa poche, puis se leva.

— J'ai du travail, je... Si tu as besoin je serais dans ma chambre, OK ?

Pansy secoua doucement la tête, et le rappela alors qu'il allait sortir de la cuisine.

— Hey Harry ? Ça ne te va pas mal les cheveux détachés aussi.

Il plissa le nez et haussa les épaules.

— C'était pour... réussir à les discipliner un peu. Je suppose. Je me suis habitué.

Elle éclata de rire alors qu'il entrait dans sa chambre.

*

Harry se laissa tomber sur le siège devant le bureau, et soupira, essayant de se reprendre. Il ne pouvait pas nier que revoir Malefoy égal à lui-même après toutes ces années lui avait causé un sacré choc.

Il avait parfois pensé à lui, se demandant distraitement ce qu'il devenait, mais il n'avait jamais eu le courage de se renseigner. Il avait préféré imaginer qu'il était heureux, qu'il avait repris sa vie en main. Parfois, il l'imaginait marié à une riche Sang-Pur étrangère et père de famille, et cette idée l'agaçait légèrement sans qu'il ne sache pourquoi. Peut-être parce que sa propre vie sentimentale était un désert désespérant...

Il soupira et grogna avant d'ouvrir le premier dossier de la pile, concernant les attaques dont avait été victime Pansy.

Il lut les multiples plaintes officielles déposées par la jeune femme, déclarant un grand nombre de lettres de menaces, d'insultes. Il y avait eu une flambée d'attaques lorsqu'elle avait ouvert sa nouvelle boutique sur le chemin de Traverse, et son magasin avait été dégradé à de multiples reprises. Les murs avaient été barbouillés d'insultes, les vitrines brisées. Jusqu'au Feudeymon.

Il y avait ensuite une liasse regroupant tous les messages qu'elle avait reçus, et Harry sentit sa magie s'agiter sous la colère. C'était un ramassis d'horreurs, et il serra les poings, décidé à mettre un point final à cette situation insensée.

Même si ses collègues n'avaient arrêté personne, ils avaient malgré tout enquêté avec un certain sérieux. Kingsley et Robards avaient probablement été clairs, et il y avait plusieurs rapports sur d'autres boutiques ou des maisons sorcières ayant reçu ce genre d'attaques. Toutes appartenant à d'ancien Serpentard, donc les familles avaient été connues pour être proches de Mangemort ou Mangemort eux-mêmes.

Il apprit ainsi que Nott avait ouvert une officine d'apothicaire et était devenu potionniste. Bullstrode s'était retranché à la campagne avant de fuir le pays lorsque sa maison avait été prise pour cible. Zabini avait perdu son emploi à la Gazette — il avait visiblement eu l'idée de devenir journaliste — lorsque Barnabas Cuffe avait commencé à recevoir des menaces.

La dernière ligne le fit bondir et une vague de magie envahit l'appartement de Pansy, la faisant hoqueter et accourir. Mais Harry l'ignora, lisant encore et encore les derniers méfaits de ce groupe stupide. Ils avaient été jusqu'à profaner la tombe de Vincent Crabbe.

Protection rapprochéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant