Une auréole et des ailes

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Après la question de Pansy, Harry s'était légèrement détendu et avait reculé de quelques pas, enfilant le tee-shirt propre rapidement. Cependant, il continuait d'observer Malefoy, impatient d'entendre ce qui lui était arrivé, même s'il commençait à avoir sa petite idée.
Et l'intuition qu'il avait ne lui plaisait pas du tout...

Drago avait cligné des yeux comme s'il peinait à rassembler ses pensées et il avait gigoté, visiblement mal à l'aise. Pansy lui fit boire l'antidouleur sans un mot, puis elle se planta devant lui, bras croisés, attendant des explications.


Le blond eut une grimace résignée.
— Tu sais que je ne sors pas beaucoup, enfin. J'avais une course à faire, pour acheter des ingrédients de potion. C'est le genre de choses qu'on ne peut pas trouver dans le monde moldu n'est-ce pas ?

Pansy leva un sourcil impatient et Drago continua docilement.
— Ils me sont tombés dessus. Je... L'apothicaire du chemin de Traverse a refusé de me servir alors j'ai dû aller dans l'allée des Embrumes. Et là... ils étaient probablement cachés dans une venelle. Ils m'ont attaqué par-derrière.

Face à ton outré de l'ancien Serpentard, Harry renifla.
— Des foutus lâches...
Le jeune homme lui lança un regard surpris, comme s'il n'imaginait pas que Harry puisse se mettre de son côté. Drago déglutit et leva une main tremblante vers son visage, avant de continuer.
— Je n'avais aucune chance, j'étais submergé par le nombre. Donc, j'ai transplané dès que j'ai pu, et... J'ignore pourquoi j'ai pensé à ton appartement Pansy...


La brunette gloussa, et jeta un coup d'œil rapide en direction de Harry.
— J'ai ma petite idée, mais finalement, il faut croire que c'était la meilleure solution. Harry a fait des miracles, un peu d'essence de dictame et tu seras comme neuf. Enfin... quand les hématomes se seront résorbés, je n'ai rien pour ça en potions sous la main, je devrais en commander demain.

Drago soupira, visiblement trop fatigué pour protester ou s'indigner. Pansy lui caressa la joue avec douceur, soulagée de voir qu'il allait relativement bien.
— Hors de question que tu restes seul chez toi, Drago. Tu vas passer quelques jours ici.

Le blond allait se plaindre vivement, mais Harry intervint.
— La chambre d'amis est disponible Malefoy. Je dois juste virer mes dossiers parce qu'elle me sert de... bureau.

Pansy leva un sourcil amusé, comprenant que l'état de Drago avait donné une nouvelle raison à Harry de continuer à jouer le rôle de petit ami.

*


Le corps douloureux, Drago regarda sa meilleure amie discuter avec Potter à voix basse, à quelques mètres de lui à peine. Le brun semblait... Détendu. Amical.
Une vague d'agacement le traversa, alors qu'il se demandait comment son amie en était venue à se rapprocher de Potter de cette façon. Pansy méritait d'être heureuse, mais il aurait préféré que ce ne soit pas avec ce fichu Gryffondor trop plein de bons sentiments.

Finalement, Potter quitta la pièce — probablement pour aller ramasser ses dossiers qu'il avait installés dans la chambre d'ami de Pansy — et son amie s'approcha de lui, visiblement soucieuse.
— Pansy... je peux aussi rentrer chez moi. J'y serais en sécurité...
— Bien évidemment. Et si tu perds connaissance ? Ou si les coups que tu as reçus...

Drago renifla moqueusement.
— À moins d'avoir une auréole et des ailes, ton nouveau mec ne va pas apprécier ma présence.
La réflexion de son ami fit rire Pansy, qui se pencha vers le blond avec une mine de conspirateur.
— C'est une idée et une proposition de Harry.
Drago cligna des yeux, stupéfait, essayant d'intégrer la révélation de Pansy. La jeune femme s'amusait des réactions de Drago, le retrouvant incapable d'ignorer Harry Potter, attiré vers lui tout en le repoussant aussi violemment que possible. Ces deux là avaient toujours fait des étincelles ensemble, et Pansy trouvait la situation plutôt cocasse.

Elle attendait de voir avec impatience l'attitude de Harry face à Drago, surtout après les vagues de magie incontrôlées qu'il avait laissées échapper en découvrant le jeune homme dans cet état et en apprenant ce qui lui était arrivé. Elle était prête à parier que l'apothicaire du chemin de Traverse qui avait refusé de servir Drago allait recevoir une visite du Sauveur et que ce dernier ne serait pas vraiment diplomate...

Harry sortit de la chambre, et se dirigea vers Drago sans la moindre hésitation, un petit pot à la main.
Il se pencha vers le blond, et ouvrit le contenant les sourcils froncés.

Voyant le mouvement de recul du Serpentard, il grogna.
— C'est de l'essence de dictame Malefoy. J'en ai toujours dans mes affaires au cas où. Je n'ai pas pris du temps à te soigner pour t'empoisonner maintenant.

Pansy ricana, et Harry eut un sourire malicieux. Il jeta un regard à la jeune femme.
— J'ai empilé mes dossiers sur le bureau. Ça ira ou tu préfères que je vide complètement la chambre d'amis ?

Drago lui attrapa le poignet, l'empêchant de le toucher.
— Tu peux laisser tes affaires Potter. Je ne compte pas squatter ici des mois. Une nuit et je retourne chez moi.

Sans se préoccuper de ses paroles, Harry libéra son bras et se mit à masser doucement les entailles qu'il avait sur le visage, sans croiser le regard gris fixé sur lui.

Avec les années, Harry avait appris à cacher ses émotions trop visibles. Il se rappelait en permanence des réflexions de Rogue qui lui reprochait que chacune de ses pensées était lisible sur son visage. En étant Auror, il avait dû se forger une carapace et commencer à se montrer moins transparent.
D'un ton neutre, Harry s'adressa à Drago, probablement de la façon la plus amicale de toute leur histoire commune.
— Demain, lorsque nous serons sûrs que tu vas mieux, tu me donneras tous les détails dont tu te souviens au sujet de tes agresseurs.

Drago leva un sourcil étonné, et grogna.
— Et pourquoi ? Tu vas peut-être les arrêter ?

Harry immobilisa un instant ses mouvements.
— Bien entendu. Ils vont faire un séjour à Azkaban, et ils apprendront à ne plus s'attaquer aux gens de passage.

Le blond marmonna entre ses dents, avant d'exploser. Il repoussa brusquement la main de Harry et se redressa, masquant le léger vertige qui l'avait saisi. Puis il plissa les yeux.
— Ne sois pas stupide ! Ils me font juste payer mes erreurs, parce que je porte cette foutue marque. Personne ne le leur reprochera ! Pas alors que l'ensemble du monde magique pense que je m'en suis trop bien sorti !

Protection rapprochéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant