Marchandise

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Blaise avait ricané et sifflé entre ses dents.

— Et bien Pansy... félicitations ! Tu as dégotté la perle rare.

Harry s'empourpra légèrement, mais Drago sursauta aux mots de son ami, comme s'il s'était brûlé et il s'écarta vivement du jeune homme, échappant à son contact rassurant.

Personne ne fit la moindre remarque, même si Théo fronçait les sourcils, essayant visiblement de deviner ce qui se passait exactement.

Adrian se laissa aller en arrière sur sa chaise, pensif. Puis il souffla, agacé.

— Alors ? Quel est le plan Potter ?

Harry resta silencieux un long moment, les sourcils froncés, de toute évidence perdu dans ses pensées. Puis il soupira.

— En premier lieu, je vais accompagner Malefoy chez l'apothicaire. Me montrer à ses côtés sur le chemin de Traverse.

Drago plissa les yeux, furieux.

— Pourquoi moi ? Je ne suis pas une œuvre de charité Potter !

Loin de s'agacer ou de se vexer, Harry gloussa, les yeux pétillants d'amusement.

— Tu as reçu un message te donnant rendez-vous chez l'apothicaire en question, ce qui indique que le brave homme a révélé à quelqu'un que tu avais passé commande et que tu avais des marchandises à récupérer...

Le blond ouvrit la bouche pour protester, mais n'émit pas un son, la refermant aussitôt face à la logique de l'analyse de Potter. Effectivement, ses agresseurs savaient qu'il attendait un colis. Et personne à part le commerçant et lui n'était au courant.

Il haussa les épaules.

— Et bien, ça sera l'occasion de lui demander de me rembourser ou de me donner ce qu'il me doit. Depuis, il refuse de me servir, ce qui m'a valu... la raison de ma présence ici depuis hier.

La magie de Harry se fit de nouveau sentir et Théo grogna.

— Bon sang, Potter ! Contrôle-toi ! Je ne sais pas comment tu fais, Pansy, pour supporter ça !

Drago sembla surpris, comme s'il n'était pas gêné ou oppressé. Pansy nota cette information avec soin dans un coin de son esprit avant de se mettre à rire, pour répondre à Théo.

— Et bien, c'est assez rassurant au final. La colère de Harry n'est pas dirigée contre nous. Tu devrais plutôt être soulagé que quelqu'un nous prenne au sérieux.

Le brun se passa une main nerveuse dans les cheveux, rougissant légèrement, emmêlant un peu plus ses mèches sombres.

— Désolé. Habituellement, j'ai plus de contrôle, mais...

Pansy intervint de nouveau, amusée.

— Mais mon cher Harry a passé la nuit à veiller Drago. Il est arrivé chez nous dans un sale état.

Drago allait protester ou faire une réflexion désagréable — tout plutôt qu'amener l'attention de tout le monde sur lui et sur Potter — mais il nota le regard inquiet de Harry sur lui, et ce constat lui fit un coup au cœur.

Une fois de plus, le Sauveur du monde magique se souciait de lui, comme le jour où il l'avait sorti de l'enfer du feudeymon, comme ses paroles à son procès.

Ainsi, il se contenta de marmonner et osa un « Je vais très bien » un peu plus fort avant de quitter la pièce, pour se retrancher dans la chambre qu'il occupait.

Personne ne fit de réflexion, et les anciens Serpentard prirent congé un à un saluant Harry avec des sourires amicaux, bien loin de la méfiance initiale, et enlaçant Pansy.

Blaise et Théo s'attardèrent un peu plus longtemps, mais Harry resta à l'écart, plongé dans ses pensées.

Il ne se rendit même pas compte de la conversation passionnée entre Pansy et Théo, à la limite de la dispute, et il eut juste un sourire vague lorsque les deux jeunes hommes prirent congé à leur tour, promettant de repasser rapidement.

Une fois seuls, Pansy s'approcha de Harry, légèrement inquiète à cause de son mutisme, puis elle lui posa une main sur la joue, pour attirer son attention.

Il sursauta, avant de se reprendre en clignant des yeux.

— Désolé, je réfléchissais.

— Tu as déjà une idée ?

Harry soupira.

— Plus ou moins. Plus exactement, j'ai un sentiment désagréable au sujet de tout ça. C'est... Bon sang, d'un côté ça ressemble à des actes de gamins révoltés, des agressions d'opportunité, comme lorsque Théo était sur le chemin de Traverse. Parfois... c'est des dégradations sur des maisons, là encore qui évoquent des... actions non réfléchies. Le genre de truc qu'un groupe ivre déciderait sur un coup de tête.

Pansy hocha la tête, et leva un sourcil.

— Mais il y a un « Mais », je suppose ?

Harry ricana.

— Les lettres anonymes, c'est déjà quelque chose de moins spontané. Il faut rédiger le message et avoir le courage de l'envoyer au destinataire. Mais ça reste... un harcèlement à distance. Sans risque. Ils savent que ça sera compliqué de les retrouver à partir d'une lettre. Nous ne pouvons pas tracer les hiboux comme les moldus suivent leur courrier postal.

Pansy hocha lentement la tête, et Harry reprit.

— Maintenant... Malefoy. Ce n'est plus la même chose ! Ce n'est pas juste une attaque d'opportunité, c'était un véritable guet-apens. Parfaitement orchestré. Ses agresseurs se sont renseignés, et l'ont attiré à l'endroit où ils voulaient.

La jeune femme soupira.

— Je comprends ce que tu me dis, Harry, mais je ne vois pas ce que tu... déduis de tout ça.

L'Auror haussa les épaules.

— Juste que c'est incohérent. Et que ça me semble être un groupe bien plus organisé qu'une poignée d'agitateurs comme voulait le croire Kingsley.

— Et donc ?

— Et donc, me balader sur le chemin de Traverse en compagnie de Malefoy devrait les mettre suffisamment en rogne pour que je reçoive moi-même de leurs nouvelles.

Pansy roula des yeux.

— C'est épuisant de t'arracher les mots de la bouche Harry. Je ne suis pas stupide et je vois bien que tu ne me dis pas tout.

Le brun grogna et ébouriffa ses cheveux, avant de se détourner pour aller et venir dans le salon, nerveux.

— Ça suppose que Malefoy accepte de rester ici, à l'abri. Qu'il reste avec moi... enfin avec nous. Parce que s'il est vulnérable, ils n'hésiteront pas à lui faire payer.

La voix de Drago s'éleva, vide de toute émotion.

— Donc, je dois jouer les appâts pour que tu puisses stopper les attaques dont nous sommes tous victimes ?

Harry se figea et se retourna brusquement pour lui faire face. Puis, il hocha la tête doucement.

— Quelque chose comme ça. Mais ça sera à la seule condition que tu acceptes de rester à l'abri.

Pansy s'interposa avec un large sourire.

— Évidemment qu'il accepte ! Drago va s'installer dans la chambre d'amis. Et s'il refuse, nous nous rendrons dans son immense manoir. Narcissa sera ravie d'avoir de la compagnie, non ?

Protection rapprochéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant