Comment mourir

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L'espace d'un instant, Harry paniqua, face à la réaction incompréhensible de Pansy. Puis, il vit à son tour ce qui l'avait fait réagir et il sentit son cœur se figer douloureusement dans sa poitrine.


Comme dans un état second, il se précipita, avec une seconde à peine de retard, pour tomber à genoux près de ce qu'il avait pris pour un objet menaçant au premier abord.

Ça n'avait rien d'un objet, loin de là. C'était une forme humaine, recroquevillée. Et ce qui avait fait réagir Harry ce n'était pas la main ensanglantée crispée sur le manteau sombre ou le fragment de visage couvert d'hématomes qui apparaissait à peine dans l'obscurité du couloir, mais c'était la touffe de cheveux d'un blond si clair qu'ils en paraissaient blancs.

Les mèches pâles étaient salies et raidies de sang séché, pointant dans diverses directions, et c'était ce qui choquait le plus Harry.

Jamais depuis qu'ils ne se connaissaient, il n'avait vu Drago Malefoy mal coiffé. Même après leurs matches de Quidditch, il se débrouillait pour être parfaitement apprêté, en opposition avec sa tignasse sombre indomptable.

Ce détail stupide, insignifiant, provoquait en lui une vague de panique incontrôlable à l'idée que le blond puisse être mort.

Finalement, son entraînement d'Auror prit le dessus et il poussa Pansy avec des gestes mécaniques, examinant le corps, avant de prendre avec délicatesse le poignet fin. Il soupira presque de soulagement lorsqu'il toucha la peau encore chaude, et il vacilla et se laissa tomber assis sur le sol en sentant un pouls. Ténu, mais régulier.

Sans oser le lâcher, il rassura Pansy distraitement.

— Il est en vie.

Derrière lui, la jeune femme laissa échapper un sanglot.

Puisque Malefoy était devant la porte, Harry le prit doucement contre lui, veillant à ne pas trop le bouger, le calant contre sa poitrine pour libérer le passage. Pansy déverrouilla la porte rapidement, et une fois l'appartement ouvert, elle sortit sa baguette d'une main tremblante.

Harry fronça les sourcils, et son air dubitatif sembla agir comme un coup de fouet sur la jeune femme, qui redressa aussitôt la tête fièrement et raffermit sa prise.

Avec douceur, elle fit léviter le corps inanimé à l'intérieur de l'appartement, et Harry se releva, les jambes flageolantes, examinant soigneusement les lieux pour s'assurer qu'il n'y avait rien qui puisse le renseigner sur ce qui avait amené un Drago Malefoy amoché et inconscient devant leur porte.

Une fois entré, Harry prit les choses en main de nouveau. En tant qu'Auror, il avait eu à porter les premiers secours à des blessés, et avait des bases pour gérer les urgences. Il s'assura que le blond respirait bien, qu'il ne se vidait pas de son sang. Heureusement, Malefoy semblait juste avoir été passé à tabac violemment. Son état était encore pire en pleine lumière. Il était couvert de marques de coups, d'ecchymoses violacées, et son poignet avait l'air brisé — probablement une blessure récoltée en voulant protéger son visage.

Son nez avait dû saigner abondamment, mais il n'était visiblement pas cassé.

La voix rauque, Harry demanda à Pansy de lui donner de quoi le nettoyer et la jeune femme s'exécuta en silence, lui apportant une bassine d'eau tiède et un gant de toilette.

Pendant de longues minutes, Harry s'occupa de celui qui avait été son ennemi d'enfance avec soin. Une fois le poignet réparé d'un sort — heureusement il avait plus de connaissances que Lockart lors de leur seconde année — il ouvrit la chemise de l'ancien Serpentard avec douceur.

Pansy hoqueta en voyant sa poitrine tuméfiée, et Harry sentit sa colère se réveiller, faisant bouillonner sa magie. Il continua de soigner Drago sans un mot, laissant à Pansy le soin de changer l'eau lorsqu'elle était trop rougie par le sang du jeune homme.

Finalement, Harry se laissa tomber assis au sol, juste à côté du sofa où était étendu Drago, épuisé. Il avait fait de son mieux, lui avait redonné figure humaine en nettoyant chaque plaie, s'assurant qu'il n'aurait pas besoin de soins plus sérieux. Pour l'instant, il ne pouvait pas faire grand-chose de plus.

Pansy choisit cet instant pour approcher et l'enlaça. Elle déposa un baiser sur sa joue en le remerciant, la voix étranglée, d'avoir pris soin de son ami. Elle força Harry à quitter son tee-shirt plein de sang pour aller lui chercher des vêtements propres puisqu'il ne voulait pas s'éloigner du blessé.

Lorsqu'elle revint dans le salon avec un tee-shirt appartenant à Harry, elle se figea.

Drago semblait avoir repris connaissance et avait ouvert les yeux. Il avait l'air perdu, désorienté. Harry, torse nu, était penché au-dessus de lui, le fixant avec intensité, comme s'il essayait de savoir s'il allait réellement bien ou si les coups avaient provoqué des séquelles.

Hésitant presque à les interrompre, elle attira d'un accio un flacon de potion antidouleur — vu sa grimace et son état Drago en aurait besoin en attendant qu'ils ne le badigeonnent d'essence de dictame pour la cicatrisation — et avança, fixant son meilleur ami.

En la voyant, il cligna des yeux et sembla reprendre ses esprits puisqu'il tenta aussitôt de se redresser. Harry l'en empêchant en lui posant une main ferme sur la poitrine, l'obligeant à rester immobile.

Le blond grogna, contrarié, sans véritablement être en colère.

— Potter ! Pourquoi à chaque fois que je viens tu es à demi nu ?

Pansy gloussa, mais Harry resta terriblement sérieux. Finalement, il fronça les sourcils en direction de Drago.

— Malefoy ! Tu cherches comment mourir ? Transplaner dans cet état tu as de la chance de ne pas t'être désartibulé !

Malgré elle, Pansy laissa échapper une exclamation stupéfaite. Drago s'agita en grimaçant et roula des yeux, avant de souffler.

— Je n'ai pas vraiment eu le choix, sombre idiot !

Harry grogna prêt à s'emporter, mais la brunette à leur côté s'interposa.

— Comment as-tu deviné qu'il avait transplané ?

Harry soupira.

— Ron a eu un accident de transplanage un jour. Quand nous fuyions les rafleurs pendant la guerre. Il... enfin. Il a été blessé et...

Le jeune homme ferma les yeux et désigna des marques rouges en lignes sur le torse de Drago et sur son épaule.

— Et Ron avait exactement les mêmes marques !

Pansy hocha doucement la tête, avant de fixer Drago. Ce dernier semblait incapable de détourner ses yeux de l'ancien Gryffondor, aussi elle se pencha pour se placer dans son champ de vision.

— Et toi, Drago ? Par Salazar, qu'est-ce qui s'est passé pour que tu débarques devant ma porte à moitié mort ? Tu te rends compte de la peur que tu nous as causée ?

Protection rapprochéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant