Mot de passe

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Drago avait grogné pour la forme, mais il savait qu'il était déjà vaincu. Pansy était implacable et lorsqu'elle décidait quelque chose elle allait jusqu'au bout de son idée.

Il savait que s'il refusait de rester chez elle — dans son appartement minuscule, collé à Potter — elle n'hésiterait pas à débarquer au manoir et à révéler à sa mère les agressions dont il avait été victime.

Le jeune homme avait pris soin de cacher ce qui se passait, allant jusqu'à intercepter les lettres désagréables destinées à sa mère et à installer un mot de passe sur leur cheminée pour qu'elle n'ait pas à se soucier de tout ça. Pour qu'elle ignore qu'elle était en danger, comme tous les autres anciens Serpentard. Le manoir était imprenable et il savait que les cinglés qui s'en prenaient à lui ne pourraient pas y mettre le feu ou le dégrader comme ils avaient déjà fait avec certaines demeures moins protégées.

Bien sûr, Narcissa n'était pas stupide, mais Drago savait que depuis l'incarcération de son père, elle ne se souciait plus vraiment de ce qui l'entourait.

Et Drago savait que Potter était têtu également. Sans sa parole de rester protégé, le Sauveur refuserait de l'exposer. Il ne comprenait pas pourquoi ce foutu Gryffondor prenait tant de précautions à son égard, alors qu'ils s'étaient toujours heurtés. Il aurait compris si le brun avait cherché à se venger de ses stupides plaisanteries datant de Poudlard, mais Potter semblait s'inquiéter sincèrement de lui.

Il hocha la tête sèchement.

— Pas la peine d'inquiéter ma mère avec ça. Je lui dirais que... peu importe.

Pansy hocha à son tour la tête d'un air entendu alors que Harry semblait surpris qu'il soit aussi facile à convaincre. Voyant son expression perplexe, la jeune femme ricana.

— Drago sait parfaitement que je ne lui laisse pas le choix. Il sait que je ne menace jamais dans le vide. N'est-ce pas mon chou ?

Harry gloussa, amusé.

— Bon sang, tu es presque pire que Hermione avec moi.

Pansy examina ses ongles avec un sourire terrifiant de l'avis de Harry.

— Je sais. On a échangé à ce sujet, et elle a noté quelques... suggestions.

Drago eut un ricanement moqueur et croisa le regard effaré du jeune homme.

— Tu commences à regretter d'avoir mis le nez dans un nid de serpent, Potter ?

Le brun secoua la tête, et retrouva son sourire malicieux, allant jusqu'à offrir un clin d'œil à son rival de toujours.

— Jamais. Je risquerais de m'ennuyer sinon.

Pansy l'enlaça pour l'embrasser, mais Harry détourna légèrement la tête pour que les lèvres de la jeune femme atterrissent sur sa joue, et il leva malgré lui le regard vers Drago.

Leurs yeux s'accrochèrent et Harry se sentit rougir alors qu'il se tendait entre les bras de Pansy. Drago le regardait avec une telle intensité qu'il avait juste envie de s'éloigner de Pansy, comme s'il était pris en faute.

Puis l'instant passa et il prit la fuite, marmonnant qu'il voulait vérifier quelques détails.

*

Pansy n'était pas dupe et savait qu'il s'était produit quelque chose. Elle jeta un coup d'œil en direction de son ami, mais Drago baissa la tête, comme un petit garçon pris en faute.

Elle soupira, et marmonna qu'elle avait du travail, avant de se réfugier dans ses dossiers professionnels.

*

Depuis qu'il avait revu Harry Potter, Drago avait l'impression que sa vie avait basculé.

Au début, il avait pensé que le choc venait du fait qu'il l'avait surpris sortant à peine de la douche, encore humide, et surtout, très peu vêtu.

Il avait refusé de croire que le brun puisse s'être entiché de Pansy, mais il les avait vus s'embrasser. Si Pansy était tactile, Drago connaissait suffisamment Potter pour savoir qu'il était mal à l'aise avec les démonstrations affectives.

Lorsque Potter avait été chercher le petit déjeuner, il avait violemment critiqué les choix de Pansy. Il aurait aimé pouvoir reprocher quoi que ce soit à l'ancien Gryffondor, mais il lui devait tellement qu'il se ne risquerait pas à s'en prendre à lui frontalement...

Les choses avaient commencé à dérailler quand Potter était revenu et que Drago avait noté qu'il lui avait rapporté son parfum de muffin préféré. Uniquement pour lui.

Ce jour-là, il avait pris la fuite, pour échapper au regard vert qui l'obsédait déjà à Poudlard. Cependant, lorsqu'il avait été agressé, il avait réussi à transplaner pour atterrir devant la porte de chez Pansy.

Ce qu'il n'avait pas osé avouer c'est que ce jour-là, il ne pensait pas à son amie. Il pensait à Potter. À ses yeux trop verts, à ses cheveux encore en bataille même s'ils étaient bien plus longs. Alors que les coups pleuvaient sur lui, il avait cru qu'il allait y rester, et la seule chose qui lui était venue en tête était Potter, sortant de la douche et lui souriant.

Ça avait été étrange de voir Potter prendre soin de lui avec une délicatesse qu'il ne lui connaissait pas. Il avait senti la puissance de l'auror, mais il n'avait pas été gêné, bien au contraire. Il se sentait parfaitement en sécurité.

Il maudit le brun qui lui réchauffait une fois de plus le cœur en le laissant espérer un avenir meilleur, alors qu'il savait qu'il ne méritait rien de tout ça. Potter ou pas, il n'arriverait pas à changer l'avis du monde magique sur sa famille, ancrée dans les ténèbres depuis plusieurs générations.

Drago s'était accommodé de cette vie solitaire, convaincu que c'était la façon dont il devrait expier ses fautes et se réjouissant presque en pensant qu'il n'offrirait jamais à son père l'héritier que ce dernier avait toujours convoité.

Et voilà qu'il en venait à haïr sa meilleure amie depuis Poudlard parce qu'elle avait une proximité avec Potter que lui n'aurait jamais.

Au lieu de les laisser seuls, il n'avait pu s'empêcher de fixer Potter alors que Pansy l'enlaçait, et ce dernier lui avait rendu son regard.

Il s'était laissé piéger par le regard émeraude, malgré lui, et avait oublié que Pansy était son amie. Il avait eu le désir soudain de prendre sa place, de l'écarter et de se laisser enlacer par le brun.

Avec une sorte de joie mauvaise, il nota le rougissement soudain de Potter et sa fuite, juste avant de croiser le regard de Pansy.

Puis, la culpabilité le submergea et il baissa immédiatement la tête, incapable d'affronter son amie.

La jeune femme se retrancha dans son travail et après un instant d'hésitation, il alla s'enfermer dans la chambre d'amis.

Protection rapprochéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant