Le poids de l'amour

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Malgré les craintes de Harry, le repas se déroula agréablement. Ron avait fini par se détendre, et par accepter la présence de Pansy.

Pansy s'était montrée égale à elle-même, gardant son côté légèrement sarcastique. En la voyant plaisanter avec Harry sans le ménager, Hermione avait hoché la tête, comme si elle comprenait soudain quelque chose de capital. Ron avait roulé des yeux, mais lui avait proposé un coup de main pour remettre sa boutique en état, puisqu'il travaillait à proximité, avec George.

La jeune femme avait hésité avant de le remercier et de hausser les épaules.
— Je suppose que je ne rouvrirais que lorsque l'enquête sera close. Je ne compte pas mettre mes clients en danger, après tout, la boutique côté moldu ne pose pas problème.

Hermione fronça les sourcils.
— Et avec une protection sur ta boutique ?
Harry ricana.
— Hermione, c'est irréalisable. Et ça risque d'attirer l'attention sur Pansy et de la mettre en danger. Le Ministère ne peut pas mobiliser toute une troupe d'Auror sans la moindre idée de qui a lancé le sort !

L'ancienne lionne avait marmonné, visiblement agacée de ne pas pouvoir offrir une solution. Pansy la regardait avec surprise, consciente des efforts qu'elle faisait pour la faire se sentir acceptée... La jeune femme jeta un bref regard à Harry qui semblait totalement détendu, avachi sur sa chaise, un léger sourire aux lèvres.
Cependant, son air rêveur ne trompa pas Pansy. Elle savait qu'il était malgré tout attentif à tout, prêt à bondir au moindre danger. C'était le prix qu'il devait payer pour être devenu un combattant pendant la guerre, cette hypervigilance constante.

Ses amis semblaient moins sur leurs gardes et Pansy se demanda ce qu'avait pu vivre le Sauveur pour en arriver là. Une vague inattendue de tristesse la submergea pour lui, et elle ne parvint pas totalement à cacher son accès soudain de mélancolie. Harry se pencha vers elle, les sourcils légèrement froncés.
— Tu vas bien ? Tu veux rentrer ?

Pansy cligna des yeux et se reprit, avant de lui sourire en repoussant tout ce qui avait trait au passé.
— Je vais bien. Juste un moment de fatigue passager.

Ron laissa échapper un ricanement moqueur, et fit un clin d'œil grivois en direction de Harry.
— C'est épuisant le poids de l'amour, t'en penses quoi Harry ?
Le brun prit une teinte vermillon et roula des yeux, bien qu'un léger sourire soit apparu sur ses lèvres. Hermione riant à moitié bouscula vivement son petit ami, le traitant d'idiot.
Pansy elle-même ne put s'empêcher de rire, et la bonne humeur revint rapidement. La jeune femme se sentit parfaitement intégrée au groupe, et elle espéra que leur entente continuerait même lorsque la supercherie serait dévoilée.


Comme Harry le lui avait avoué, le couple Hermione — Ron n'était pas très démonstratif. Ils se chamaillaient comme des enfants, et l'instant d'après Hermione sermonnait Ron comme si elle était sa mère. Mais depuis leur arrivée, ils n'avaient pas échangé un seul geste d'affection. Leurs regards et leurs gestes prouvaient pourtant leur complicité et ils semblaient parfaitement assortis.

Pour sa part, Pansy se collait contre Harry, prenait sa main ou embrassait sa joue dès qu'elle en avait l'occasion, et ce n'était même pas des gestes amoureux. Elle se comportait de cette façon avec tous ses amis, après tout.
Lorsqu'elle était à Poudlard, Théo Nott lui avait un jour dit qu'elle avait probablement manqué de gestes d'affection dans son enfance et qu'elle compensait en se montrant terriblement tactile avec ceux qu'elle appréciait. Elle se créait sa famille d'amis, d'après ses mots. À l'époque, Pansy avait ri moqueusement, et écarté l'analyse de son ami. À présent, au milieu du trio de Gryffondor, elle repensait à cette conversation, et se disait que Théo avait visé juste.

*

Lorsqu'ils avaient quitté la maison du couple après quelques heures dans une ambiance amicale et détendue, Pansy avait enlacé Harry brièvement avec un sourire.
— Étrangement, c'était un moment très agréable. Et j'apprécie réellement tes efforts pour m'intégrer à votre petit cercle.

Harry la serra contre lui avec un ricanement amusé et murmura dans son oreille.
— Tu as conscience qu'ils sont probablement en train de nous regarder par la fenêtre ?

Pansy déposa un baiser rapide sur sa joue.
— C'était le but de la manœuvre beau brun. Si ton pote Ron semble avoir cru sans la moindre hésitation à notre histoire, Hermione semble plus... dubitative.

En voyant le rideau bouger, Harry roula des yeux.
— Visiblement, elle en a vu assez pour prendre une décision. Hermione peut se montrer parfois un peu trop... maternelle avec nous deux. Ça semble convenir à Ron, mais... j'aime bien mon indépendance.

Ils transplanèrent en direction d'une petite rue à proximité de l'appartement de Pansy. Ils avaient l'un et l'autre envie d'une promenade, et le monde moldu leur offrait la possibilité de déambuler sans avoir à jouer un rôle.
Pansy en profita pour poser la question qui lui brûlait les lèvres.
— À Poudlard, tout le monde imaginait que tu fonderais ta propre famille dès que possible. Que tu voulais des enfants tout de suite.

Harry laissa échapper un rire amer, et il haussa les épaules.
— Je me suis vite rendu compte que beaucoup espéraient me voir... faire revivre mes parents. Me marier jeune, devenir Auror, avoir des enfants. J'avoue que j'ai... rêvé d'une famille à moi, pendant longtemps, mais lorsque j'ai fait face à Voldemort je suis mort quelques instants. Je suppose que ça m'a... changé. Je me suis rendu compte que j'ignorais comment élever un enfant, que je n'avais jamais eu aucun modèle et qu'on attendrait de moi que je sois mes parents alors que je ne les ai jamais connus.
Pansy eut un bref sourire.
— Le symbole de la famille parfaite, hein ? Gryffondor et courageux, prêts à se sacrifier pour la liberté ?

Harry grogna.
— Quelque chose dans ce style. Sauf que... je n'ai pas le moindre souvenir d'eux et même si je les aime, je ne veux pas vivre leur vie. J'ai envie de faire ce dont j'ai envie pour une fois.
Pansy lui agrippa le bras avec un large sourire.
— Ça, c'est quelque chose que je comprends parfaitement !

La conversation devint plus légère alors qu'ils plaisantaient sur les choses les plus improbables qu'ils pourraient faire, riant à gorge déployée.
Alors qu'ils arrivaient devant la porte de l'appartement de Pansy, Harry se figea et la poussa rapidement derrière lui, redevenant immédiatement sérieux. La jeune femme protesta bruyamment avant de voir ce qui avait attiré l'attention de Harry.

Une forme sombre était devant la porte, indiscernable dans l'obscurité du couloir. Avant que Harry n'ait pu comprendre ce qu'il voyait, Pansy comprit et cria, avant de se précipiter, se dégageant de la poigne de Harry.

Protection rapprochéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant