Enchaîné et incapable de partir

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En voyant Harry revenir, sombre et agité, Pansy resta silencieuse, l'observant pensivement.

Le jeune homme allait et venait en silence, sourcils froncés, visiblement perdu dans ses réflexions. Il dégageait une aura intoxicante, sa magie pulsant par vagues nerveuses, prouvant sans aucun doute sa puissance.

Il n'avait pas encore dit un mot, et Pansy se fit la réflexion que l'ancien Gryffondor restait une énigme à ses yeux. Il était si imprévisible qu'il était difficile à suivre, et en cet instant, elle se demanda ce qui avait provoqué cette colère manifeste.

Avec un soupir, elle se laissa aller dans son siège, regrettant presque les mots qu'elle allait prononcer. Elle commençait à l'apprécier, ce fichu Sauveur, elle avait découvert avec surprise qu'elle pouvait s'entendre avec lui et surtout aimer converser avec lui...

Elle le fixa, et lança d'un ton moqueur.

— Je n'ai pas demandé à avoir une nounou en permanence. Si tu n'as pas envie d'être ici, tu peux rentrer chez toi, Potter. Comme je te l'ai déjà dit, je suis une grande fille et je sais me défendre. J'ai juste fait appel au Ministère pour protéger mes intérêts et m'assurer que je ne terminerais pas à Azkaban sur un malentendu.

Le Gryffondor se stoppa brutalement et la fixa, plissant les paupières.

— De quoi tu parles ?

— Du fait que tu as l'air d'un lion en cage...

Harry montra presque les dents, avant de grogner.

— Je ne suis pas enchaîné et incapable de partir, Parkinson. Si je ne voulais pas être là, j'aurais refusé cette mission !

Loin de s'émouvoir, elle ricana, en roulant des yeux.

— Alors, cesse de tourner en rond en fusillant du regard chaque meuble de mon appartement. Je peux presque t'entendre grommeler ! Qu'est-ce qui t'a mis dans cet état, sérieusement ?

Harry souffla doucement et ferma les yeux un instant, s'obligeant à se détendre. Puis, il rouvrit les yeux, plus calme. Sa magie cessa d'être étouffante, redevenant presque imperceptible.

Il haussa les épaules en détournant les yeux, et fit un vague geste de la main.

— Rien d'important. Une divergence d'opinions et quelques souvenirs du passé.

— Merlin. Qui oserait contredire le grand Harry Potter, notre héros incontestable ?

Harry la fusilla du regard, mais il pinça les lèvres pour ne pas sourire, et la jeune femme ne cacha pas son expression moqueuse. Finalement, il se laissa tomber sur un siège face à elle et se passa une main fatiguée sur le visage avant de redresser ses lunettes.

— Kingsley m'a rappelé que je n'avais aucun talent en politique et que j'étais bien trop idéaliste.

Pansy gloussa.

— Je me souviens des retenues que tu récoltais avec Rogue pour ne jamais savoir quand te taire. De celles que tu as eues avec Ombrage pour l'avoir défiée. De la façon dont tu as fait face...

Elle s'interrompit un instant en frissonnant, puis fit une grimace vaguement amusée.

— Toute personne qui te connaît sait que tu n'es pas quelqu'un de subtil. Et que tu suis tes convictions quoi qu'il arrive.

Il renifla.

— Je ne vois pas où est le problème ! Je ne vais pas agit à l'encontre de ce que je crois.

La brune eut un sourire mutin et se pencha vers lui, avec un air de conspiratrice.

— Le secret, cher Harry, c'est qu'il y a d'autres solutions que de foncer droit devant. Parfois, la meilleure solution pour obtenir ce qu'on veut est d'emprunter des chemins détournés. De contourner l'obstacle.

Ils se défièrent un instant du regard, puis Harry sourit largement.

— C'est ça la raison de ton succès dans le monde moldu ? Ton chemin détourné ? T'implanter plus loin avant de revenir discrètement dans le monde magique ?

Pansy hocha la tête avec un large sourire satisfait.

— Évidemment ! Si j'avais directement tenté de vendre dans le monde magique, j'aurais fait faillite dès la première semaine. Personne n'aurait voulu passer la porte d'une boutique gérée par une fille de Mangemort. Les moldus ne savent pas qui je suis, ils... ils ont commencé à venir chez moi parce que ce que j'offrais leur convenait, et la qualité de mes services les a décidé. Ensuite, lorsque j'ai ouvert ma boutique sur le chemin de Traverse, quelques nés moldus sont venus, puisqu'ils avaient entendu parler de mon enseigne. Et le bouche-à-oreille a fait le chemin. J'ai eu quelques... détracteurs lorsque j'ai été reconnue, mais pas suffisamment pour mettre en danger mon activité.

— Jusqu'au feudeymon.

— Jusqu'à ce feudeymon, oui. En soi, l'incident n'est pas dramatique. J'avais assuré la boutique, et il y avait peu de marchandises. Mes pertes sont... négligeables on va dire. Le problème c'est que les clients ne viendront plus parce qu'ils auront peur de ne pas être en sécurité. C'est un sort de magie noire, un sort terriblement vicieux qui ne laisse aucun survivant. Il ne cesse de brûler tant que tout n'a pas été consommé...

Harry ferma les yeux un instant, et il se souvint du feudeymon de son passé. Il sentait encore la chaleur dans son dos, son cœur s'emballer... Il prit une grande inspiration, et hocha la tête.

— Tant que la Gazette ne publiera pas que le coupable a été mis hors d'état de nuire, tes clients ne prendront pas le risque de revenir dans ta boutique, si tu venais à ouvrir de nouveau ?

— C'est ça. Et je ne peux pas vraiment leur en vouloir.

L'auror se laissa aller en arrière dans son siège, dévisageant Pansy.

— Je vois où tu veux en venir, je comprends tout à fait ce que tu essaies de me dire. Cependant... comment veux-tu employer les chemins détournés pour faire entendre au monde sorcier qu'il répète les erreurs du passé ? Celles qui ont directement mené au règne de Voldemort ?

La jeune femme leva un sourcil interrogatif.

— Tu y vas un peu fort. Après tout, c'est la lumière qui est sur le devant de la scène, non ?

Harry renifla.

— J'ai cessé de croire en un camp ou l'autre. Des deux côtés, le but est le même : régner et réduire l'autre à néant. Si tout allait si bien, je ne serais pas ici à devoir te protéger, Pansy. Je n'aurais pas à être Auror, parce que... les gentils ne sont pas des criminels, n'est-ce pas ?

Pansy l'observa un instant puis soupira et posa la main sur son bras.

— Idéaliste...

Protection rapprochéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant