Un café noir

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Le dîner se fit dans le silence, Pansy observant ses deux invités avec curiosité sans commenter. Drago s'était renfermé sur lui-même, pensif, sans montrer la moindre émotion. Il mangeait lentement, évitant les regards de ses deux vis-à-vis.

De l'autre côté, Harry semblait... perturbé. Il mangeait à peine, triturant la nourriture dans son assiette du bout de la fourchette, front plissé.

Pansy roula des yeux, agacée. Ces deux-là étaient incontrôlables dès lors qu'ils se trouvaient ensemble... Elle abandonna l'idée de les forcer à faire la conversation et se borna à féliciter Harry pour sa cuisine.

À peine la dernière bouchée dans la bouche, Drago fila s'enfermer dans sa chambre, marmonnant une « bonne nuit » à peine audible. Harry s'installa dans le sofa du salon, ses dossiers sur les genoux, mais Pansy se douta qu'il dormirait sur place.

Avec un soupir, elle prit un livre et s'installa dans son lit, ignorant les deux idiots.

*

Lorsque Harry s'éveilla, il se rendit compte qu'il avait la bouche pâteuse, qu'il était encore habillé et qu'il s'était assoupi sur un rapport du ministère.

Il ôta ses lunettes et se frotta le visage pour essayer de se réveiller un peu, et soupira.

Avec un grognement, il tituba vers la salle de bain et se déshabilla pour passer sous la douche et reprendre visage humain.

En sortant, il se rendit compte qu'une fois de plus il n'avait pas pris de vêtements propres et qu'il allait devoir sortir à demi nu. Par chance quand il s'était levé tout le monde dormait encore, et il pourrait peut-être passer inaperçu.

Il noua la serviette de bain sur ses hanches avant d'ouvrir la porte. Pour tomber nez à nez avec Drago Malefoy.

Harry rougit aussitôt et ils restèrent figés un instant. Puis Drago soupira.

— Potter... Tu n'as jamais appris à t'habiller ?

Le brun marmonna et s'éclipsa, entrant silencieusement dans la chambre de Pansy pour ne pas la réveiller. Il fouilla dans son sac de voyage et en tira une tenue qu'il enfila à la vitesse de l'éclair.

Au moment où il allait quitter la pièce, la lumière s'alluma.

— Harry ?

— Pansy ! Hum... excuse-moi, je ne voulais pas te réveiller. Je...

La jeune femme bailla et se frotta les yeux.

— Il est quelle heure ?

— Huit heures environ.

Elle hocha la tête et s'étira, puis soupira.

— Tu as dormi dans le salon ?

Harry haussa les épaules en détournant les yeux.

— Ouais. Je... enfin, je me suis endormi sur mes dossiers.

— Même sans tes dossiers tu serais resté sur le sofa, mon chou.

Il gloussa avant de détourner les yeux.

— C'est juste... que c'est étrange. Je veux dire... je sais que je bouge beaucoup la nuit, et que je fais des cauchemars. Et je ne suis pas habitué à... ne pas être seul.

Pansy se leva et l'enlaça, avec un soupir triste.

— Je ne vais pas te laisser dormir sur ce canapé carrément inconfortable !

Le jeune homme eut un rire amusé.

— Oh ne t'en fais pas, j'ai connu pire.

Il ne vit pas le regard triste de Pansy posé sur lui alors qu'il quittait la chambre. La jeune femme le suivit, baillant encore à s'en décrocher la mâchoire.

Harry commença à préparer le petit déjeuner comme à son habitude, tandis que Pansy réceptionnait la Gazette. Drago sortit de la salle de bain, et leur jeta un coup d'œil rapide.

En dépliant le journal, Pansy hoqueta, stupéfaite. Elle resta un long moment à regarder les gros titres, avant de soupirer et de se lever.

— Harry ?

Il fredonna une réponse, alors qu'il terminait de faire griller des toasts.

— Harry, mon chou. Tu devrais jeter un œil au journal. Et... t'asseoir avant.

Cette fois, il délaissa son occupation pour lui jeter un coup d'œil curieux. Il hocha la tête et prit place à table, tandis que Pansy lui tendait le journal. Elle ignora Drago qui s'avançait, intrigué, pour servir à l'Auror un café noir comme il les aimait.

En découvrant la une, Harry prit une teinte rouge brique et se passa une main tremblante sur le front.

Il aurait dû s'en douter. Ou plus exactement, il avait deviné qu'il y aurait des conséquences à son comportement récent.

Cependant, il n'avait pas imaginé que Skeeter puisse... détourner les choses de cette façon.

La photo qui prenait une bonne partie de la première page le représentait avec Drago Malefoy. D'autres photos, plus petites, retraçaient leur escapade ensemble sur le chemin de Traverse.

Mais la photo principale... Elle avait dû être prise lorsqu'ils avaient transplané ensemble pour quitter les lieux.

Harry enlaçait Drago et ils se fixaient les yeux dans les yeux.

Harry cligna des yeux, incapable d'en détacher le regard, fasciné.

Skeeter avec son amour du sensationnalisme titrait « La romance impossible du Sauveur ». La pseudojournaliste dévoilait avec délectation que des rumeurs avaient révélé que le grand Auror Harry Potter avait quitté son appartement pour aménager avec la personne qui avait capturé son cœur.

Elle ne se privait pas de rappeler que jusqu'à présent, aucune liaison n'avait pu être attribuée au jeune homme, en rappelant qu'il cherchait probablement un amour aussi absolu que celui de ses parents.

Ensuite, elle rappelait le parcours de Drago Malefoy, son passé trouble, la marque sur son bras et son rôle pas vraiment défini pendant la guerre. Elle insistait sur leur haine mutuelle à Poudlard, et rappelait que sans Harry, Drago Malefoy serait actuellement à Azkaban.

Le reste de l'article n'était qu'un ramassis d'inepties, de suppositions sur leur supposée idylle, entrecoupé de « révélations » choc. Des gens que Harry avait peut-être croisés une ou deux fois dans sa vie témoignaient de son air « rêveur et épanoui », de son « bonheur manifeste ».

La fleuriste chez qui il achetait des bouquets pour quand il allait rendre visite à Hermione révélait qu'il achetait toujours les fleurs préférées de Drago Malefoy et s'extasiait d'un tel romantisme. Aussitôt, Harry se jura qu'il n'y mettrait plus les pieds.

Pansy le regardait d'un air inquiet, alors qu'il lisait l'article les sourcils froncés. Elle s'attendait à une explosion de colère, ou quelque chose de ce genre, mais certainement pas à le voir lever la tête tranquillement, un petit sourire malicieux aux lèvres, pour fixer Drago, qui observait la scène d'un air incertain, sans comprendre ce qui se passait.

— Hey Malefoy ? C'est quoi tes fleurs préférées ?

Protection rapprochéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant