Vagues sauvages

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Bien qu'un peu dépaysé par l'endroit inconnu, Harry avait parfaitement bien dormi et il s'était réveillé de bonne heure. Puisque Pansy dormait encore — ou était enfermée en silence dans sa chambre — il se décida à préparer un petit déjeuner complet, le plus discrètement possible.

Les œufs finissaient de cuire alors que la jeune femme émergea en bâillant, les yeux embués de sommeil. Elle s'approcha de Harry et le prit rapidement dans ses bras, avant de s'affaler sur une chaise.

Le jeune homme s'était raidi un bref instant au toucher avant de se détendre. Pansy avait prévenu être quelqu'un de tactile et il n'allait pas pouvoir continuer à se faire passer pour son compagnon s'il se crispait à chaque contact physique.

En la voyant sortir sa baguette — probablement pour attirer à elle du café, il secoua la tête et déposa devant elle son petit déjeuner. Elle marmonna un remerciement ensommeillé et commença à manger doucement. Ce ne fut que lorsqu'elle but sa tasse de café qu'elle écarquilla les yeux, prenant conscience que c'était Harry qui avait tout préparé.

— Merci pour ça Harry. Finalement, je vais peut-être te garder, après tout ça. Si tu m'offres le petit déjeuner le matin et que tu cuisines toujours aussi bien qu'hier soir...

Harry ricana, moqueur.

— Méfie-toi, la prochaine fois que quelqu'un me demandera pourquoi je ne suis pas casé, je pourrais bien te prendre au mot et débarquer chez toi pour un peu de tranquillité.

*

La matinée se déroula étonnamment bien, considérant leurs anciennes maisons et la rivalité entre elles. Pansy gérait ses dossiers à distance tout comme Harry et ils faisaient parfois des pauses pour bavarder. Le ton piquant de Pansy amusait Harry, et lorsqu'il se fermait, elle n'insistait pas.

À l'approche de l'heure du repas, ils décidèrent d'un commun accord d'aller faire quelques courses côté moldu. Lorsque la caissière les prit pour un jeune couple, ils ne protestèrent pas, échangeant juste un sourire complice.

Harry cuisina une fois encore, sous le regard attentif de Pansy, et ils se régalèrent, badinant légèrement. Dès que la vaisselle fut faite et rangée, ils se rendirent rapidement compte qu'ils allaient tourner en rond.

Techniquement, ils n'étaient pas obligés de rester enfermés chez Pansy, mais ils avaient pris la décision de ne pas se montrer dans le monde magique ou auprès de leurs amis tant qu'ils ne seraient pas parfaitement à l'aise l'un avec l'autre.

Finalement, Pansy se planta devant Harry, les mains sur les hanches, presque agressive, l'inactivité lui pesant visiblement.

— Quand tu ne travailles pas, qu'est-ce que tu fais de tes journées ? Il y a bien un truc qu'on pourrait faire qui n'implique pas de rencontrer du monde non ?

Harry fronça les sourcils, puis soupira.

— Habille-toi chaudement. Je connais un coin désert. En général, j'y vais pour me détendre, mais ça pourrait être... vivifiant.

La jeune femme ne fit pas la moindre difficulté. Elle se précipita dans sa chambre à toute vitesse, et Harry pensa qu'elle s'était elle-même enfermée depuis la fin de la guerre. Il était temps qu'il arrive dans sa vie et qu'il lui montre qu'elle n'avait pas à être punie pour les fautes de ses parents...

Lorsqu'elle revint, habillée de pied en cap, il l'examina avec attention, puis il lui adressa un grand sourire ravi.

— Parfait. Nous pouvons transplaner depuis l'intérieur de ton appartement ?

Elle hocha la tête vivement.

— Bien sûr. Il n'y a pas de coin suffisamment discret à proximité pour pouvoir transplaner dans le quartier alors...

Harry hésita un instant avant de l'attraper par la taille pour la coller contre lui. La seconde suivante, le crac du transplanage retentissait et les deux jeunes gens disparaissaient.

Pansy vacilla en arrivant sur la plage déserte. Les vagues sauvages battaient les galets et le vent sifflait vivement à leurs oreilles.

Aussitôt, Harry eut un grand sourire ravi et se pencha vers Pansy pour crier de façon à être entendu.

— Je trouve cet endroit magnifique !

La jeune femme avait les yeux écarquillés et regardait autour d'elle, fascinée. Elle hocha la tête silencieusement, restant agrippée à Harry, manquant de stabilité sur la grève de galets sombres.

Finalement, elle cligna des yeux et respira à pleins poumons avant de rire en repoussant ses cheveux hors de son visage.

— Et tu viens souvent ici ?

Harry lui adressa un clin d'œil amusé.

— Quand je suis sur le point de craquer, je transplane et je hurle de toutes mes forces. C'est toujours désert. La route pour y arriver est tellement escarpée que les moldus ne s'y risquent pas surtout qu'il y a une plage de sable fin plus accessible un peu plus loin. Et avec les falaises autour, il y a toujours énormément de vent.

Pansy lâcha Harry pour faire quelques pas hésitants et tourna sur elle-même, contemplant le paysage. C'était tout sauf chaleureux. C'était sauvage et rude, mais elle devait reconnaître que l'endroit était impressionnant. Elle pouvait comprendre la fascination du jeune homme et elle lui adressa un grand sourire plein de gratitude pour lui avoir dévoilé son coin secret.

Harry l'observait avec un rictus amusé, tout en respirant l'air légèrement piquant à pleins poumons, appréciant le vent fort qui malmenait ses cheveux et plaquait ses vêtements sur lui. Lorsqu'il venait, il finissait toujours par se sentir purifié comme si le souffle puissant des éléments lui arrachait tous ses soucis et l'apaisait.

Les vagues étaient si violentes qu'il n'était pas question d'envisager de se baigner à cet endroit, et le grondement de la mer l'empêchait de penser à tout ce qui n'allait pas dans sa vie.

Ils restèrent un long moment tous les deux, côte à côte à contempler le ressac, jusqu'à être transis de froid et mouillés par les embruns. Frissonnants, mais calmes, ils échangèrent un regard complice, et cette fois, ce fut Pansy qui les ramena dans son appartement.

Aussitôt, la sorcière attira à elle deux grandes serviettes moelleuses d'un geste adroit de baguette et en drapa une sur les épaules de Harry avant de s'enrouler dans la sienne en grelottant.

Bien qu'elle soit gelée, elle souriait largement, et ses yeux bleus pétillaient de joie.

— C'était magnifique. Vraiment. J'aimerais qu'on puisse y retourner à l'occasion, je me sens... si légère d'un coup, comme si plus rien n'avait d'importance.

Harry hocha la tête, visiblement satisfait de son idée.

— C'était le but.

Protection rapprochéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant