La fin est quand nous commencerons

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Harry arpentait les couloirs du Ministère au pas de charge, furieux. Il se moquait bien de l'identité de la personne qu'il aurait à protéger, il aurait accepté pour n'importe qui. Mais il n'aimait pas la façon dont Kingsley avait présenté la chose, comme pour ne pas lui laisser le choix.

Une partie de sa colère était également dirigée contre le monde magique. Il avait tant sacrifié pour faire revenir la paix, et il avait espéré que ça soit durable. Que les sorciers comprennent, et que les erreurs du passé ne soient pas reproduites.
Mais voilà que cinq ans à peine après la fin de la guerre, certains cherchaient à régler des vengeances idiotes. Ramener le spectre des Mangemorts et attaquer ceux qui n'étaient que des enfants.

Pansy et lui n'auraient pas pu être amis à l'époque de Poudlard, parce qu'ils étaient trop différents. Pour autant, il n'aurait jamais envisagé de la blesser d'une quelconque manière. Il était content d'apprendre qu'elle s'en était brillamment sortie, qu'elle avait réussi à dépasser les écueils du passé.


Il marqua une pause à l'entrée du bureau de Shakelbot, et prit une grande inspiration pour se calmer. Il allait avoir besoin de toute sa maîtrise pour ne pas répondre aux provocations que Pansy n'allait pas manquer de tenter. Ou pour ne pas la pousser à bout à son tour...

Il se passa une main nerveuse dans les cheveux, et entra dans la pièce, tête haute et sourire forcé vissé sur les lèvres. C'était sa façon de faire, toujours arriver souriant, ce qui avait tendance à déstabiliser son interlocuteur. La plupart de ses collègues affichaient un visage grave, et un air sérieux en permanence. Pour beaucoup, il était difficile de hurler directement sur un homme souriant et à l'air affable.

Il détailla Parkinson d'un air curieux, toujours souriant. Il pensa qu'elle avait bien changé depuis Poudlard. Déjà, il serait injuste de la comparer encore à un bouledogue : elle était devenue une belle jeune femme, épanouie. Son visage s'était affiné, elle avait apparemment appris à se coiffer et à se maquiller pour se mettre en valeur.
En le voyant, la jeune femme écarquilla les yeux, avant de souffler, visiblement agacée.
- Potter. Je suppose que tu vas me dire toi aussi que tu as la situation sous contrôle ?

Il laissa échapper un rire amusé et croisa les bras sur sa poitrine, prenant une pose décontractée.
— Bonjour Parkinson. Ça fait un moment qu'on ne s'est pas croisés, non ?
Un éclair de colère passa dans ses yeux clairs, mais elle haussa simplement un sourcil et croisa à son tour les bras, imitant sa posture.
— Soudaine nostalgie Potter ? Tu voulais de mes nouvelles ?


Joueur, il lui adressa un clin d'œil, appréciant son ton sarcastique.
— Désolé de te décevoir, mais j'avoue que je n'ai pas trop pensé à toi. J'ai été pas mal... occupé ces dernières années. Mais en apprenant que tu avais des ennuis, je me suis dit que j'allais venir te saluer...

Ils se dévisagèrent un long moment, puis elle laissa échapper un rire grinçant.
— Je n'y crois pas ! Ce foutu ministre t'a donné mon affaire !
Le sourire de Harry s'élargit et il hocha doucement la tête.
— Soyons clair, Parkinson. Je n'ai aucun à priori, je ne compte pas fermer les yeux ou bâcler l'enquête.
Elle sembla surprise, mais elle se renfrogna rapidement.
— Par pitié Potter. Même toi tu ne peux pas être aussi... généreux. Je me souviens parfaitement que j'ai proposé de te livrer ce jour-là, pour sauver ma vie !

Harry baissa les yeux pour gratter une tache inexistante sur son tee-shirt, et haussa les épaules.
— Tu l'as proposé à haute voix, mais il y en a beaucoup qui l'ont pensé. Je ne t'en ai jamais voulu, surtout compte tenu de la situation et de tout ce qui s'est passé ce jour-là. C'est le passé.
— C'est tout ?


Harry sourit simplement, mais il n'eut pas le temps de répondre puisque Shakelbot et Robards entraient à leur tour. Il nota l'air surpris du ministre, qui pensait probablement tomber au milieu d'un drame Gryffondor - Serpentard, et prit l'expression la plus innocente possible, élargissant son sourire.
- Kings ! Justement, nous t'attendions pour que tu nous exposes ce que tu as imaginé pour la protection de ma charmante ancienne camarade d'école... Nous étions en train d'évoquer le bon vieux temps...

Robards dissimula un rire dans une toux nerveuse, tandis que Shakelbot grimaçait. Le ministre se força à sourire en direction de Pansy.
— Pas de soucis, Miss, c'est bientôt la fin.

Pansy se renfrogna.
— La fin est quand nous commencerons à agir. Pour l'instant, rien n'a changé depuis ma première visite.

Voyant que Harry était adossé contre un mur, silencieux et n'ayant visiblement pas l'intention d'intervenir, Shakelbot grogna.
— Vous m'avez dit que vous vivez seule, Miss Parkinson ? Pas de petit ami ?
L'ancienne Serpentard sembla sur le point d'exploser, mais le ministre reprit rapidement.
— Dans ce cas, nous allons vous placer sous protection très rapprochée.


Il y eut un long moment de silence et Pansy plissa les yeux, suspicieuse.
— Rapprochée à quel point ?
— Un Auror se fera passer pour votre... compagnon. Auprès de tout le monde, y compris vos amis et des siens. Nous ne savons pas qui vous veut du mal et c'est la seule façon de pouvoir stopper la menace.

Pansy jeta un bref coup d'œil en direction de Harry et comprit immédiatement, en voyant son rictus narquois. Elle renifla et secoua la tête, incrédule.
— Vous allez me coller Potter dans les pattes ? À moi ? Vous vous souvenez qu'il est le Sauveur et que mon père était Mangemort ?

Harry allait protester, mais Kingsley le devança, ignorant le regard noir de l'Auror.
— Oh voyons, Harry est célibataire et cache sa vie privée avec un soin maniaque. La presse pensera juste que c'était pour cette raison qu'il... se dissimulait.

Cette fois, l'ancien Gryffondor protesta.
— Je ne cache rien et si j'avais... une relation, je n'aurais pas honte ou peur de me montrer !

Pansy lui jeta un regard étrange, puis elle fixa le ministre de la Magie, qui ignorait avec application les récriminations de Harry.
— Combien de temps ? Et il faut vraiment mettre la presse au courant ?
— Aussi longtemps que nécessaire. Dans un premier temps, vous allez vous exposer de façon à être vus par vos proches, et on verra si l'illusion fonctionne. Ensuite, on fera en sorte qu'un journaliste vous surprenne ensemble.

Harry pesta entre ses dents, puis lança un regard colérique à Kingsley.
— Je te préviens, Kings, tu seras celui qui annoncera la vérité à Molly quand tout sera terminé. Et tu préciseras que c'était ton idée.

Voir le ministre déglutir, soudain mal à l'aise, suffit à réconforter Harry.

Protection rapprochéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant