Protection rapprochée

Idées pécheresses

Pansy s'était montrée d'une excellente compagnie pour la soirée, et Harry avait vite oublié sa colère et ses idées sombres. Ils avaient parlé jusqu'à tard dans la nuit, découvrant qu'ils n'étaient pas si différents l'un de l'autre que ça.

Sans leurs maisons à Poudlard, ils auraient pu être amis.

Harry s'était réveillé tard — bien plus tard que d'habitude — et il n'avait ressenti aucune culpabilité à l'idée de s'être octroyé une grasse matinée. Il passa tranquillement sous la douche et sortit de la salle de bains, les reins entourés d'une serviette, ses cheveux dégoulinants d'eau.

Il avait croisé Pansy, qui avait l'air d'avoir besoin d'encore quelques heures de sommeil. Elle avait grogné une vague salutation, et il avait souri, décidé à lui préparer du café fort. Il était en train de fouiller son sac pour y trouver des vêtements, se jurant de ranger enfin ses affaires dans l'armoire que Pansy lui avait gentiment dédiée, lorsqu'il entendit frapper à la porte.

Il hésita à ignorer le visiteur, mais de nouveaux coups plus agressifs résonnèrent.

L'eau de la douche coulait toujours et Pansy ne devait pas entendre, aussi, il saisit sa baguette sans se préoccuper de sa tenue. Ou plutôt de son manque de tenue.

En s'approchant de la porte, il pria pour que ça ne termine pas par un appel au Ministère, il ne tenait vraiment pas à avoir à expliquer à Shakelbot pourquoi il se baladait à demi nu en pleine matinée chez la jeune femme qu'il était sensé protéger...

Il ouvrit brusquement la porte, tenant fermement sa baguette, un sort d'immobilisation prêt à fuser. Et il se figea.

Le visiteur face à lui avait le poing levé pour frapper une fois encore à la porte, et il s'était figé également, le dévisageant de haut en bas, clignant des yeux.

Harry se sentit soudain terriblement vulnérable, alors qu'il ne portait qu'une serviette de bain. Les gouttes d'eau qui coulaient de ses cheveux provoquaient des frissons sur sa peau hâlée, et il souffla doucement, essayant de se redonner une contenance.

Finalement, il finit par retrouver la parole, et il réussit à prononcer quelques mots d'un ton qu'il espérait neutre.

– Drago Malefoy. Quelle surprise.

Le blond face à lui sursauta presque et inspira brusquement, secoua la tête comme pour se réveiller avant de l'examiner une fois encore des pieds à la tête. Un instant, les yeux gris suivirent une goutte d'eau qui roulait sur son torse et Harry résista à l'envie de se tortiller.

– Potter. Où est Pansy ?

Harry ne put s'empêcher de sourire, amusé de l'état d'effarement de son ancien rival d'école, et il jeta un bref coup d'œil derrière lui.

— Sous la douche.

Malefoy hoqueta et pinça les lèvres, hésitant manifestement sur la conduite à tenir. Harry était sûr que s'il avait été habillé, Malefoy l'aurait bousculé et serait entré en force, mais sa tenue minimaliste le poussait à rester à l'écart de lui. Il se redressa d'un coup et fronça les sourcils, luttant visiblement pour cesser de le regarder de la tête aux pieds.

— Je peux entrer ?

Harry eut un sourire en coin et se décala légèrement, obligeant l'ancien Serpentard à le frôler lorsqu'il entra. Harry ferma la porte derrière lui et l'observa aller s'installer dans le sofa comme s'il était un habitué de l'endroit.

Il aurait dû se douter que Drago Malefoy ferait irruption tôt ou tard. Qu'il devrait jouer cette comédie devant lui aussi.

Harry passa une main nerveuse dans ses cheveux, et décida que s'il faisait illusion devant Drago Malefoy en personne, alors il pourrait tromper n'importe qui, même ses amis...

Il avança dans la pièce, sentant le regard de Drago sur lui, et il s'obligea à ne plus penser qu'il ne portait pas de vêtements. L'air aussi décontracté que possible, il demanda au jeune homme s'il voulait boire quelque chose, ouvrant le placard pour en sortir un verre, sous l'œil suspicieux du blond.

Avant que celui-ci n'ait répondu, Pansy sortit de la salle de bains, habillée et parfaitement maquillée.

— Harry, j'ai cru entendre...

Elle s'interrompit, écarquillant un instant les yeux en voyant Drago sur son sofa, puis son regard se fit rieur lorsqu'elle nota la tenue de l'Auror.

— Drago. Visiblement, j'avais bien entendu frapper à la porte.

Harry haussa les épaules.

— Je lui ai ouvert. Je suppose que c'est mieux que de le faire patienter sur le palier.

Pansy gloussa et se pencha pour enlacer Drago avec affection, capturant le regard de Harry au passage. Elle lui lança un clin d'œil malicieux.

— Oh, Harry, mon chou. La seule chose que tu risques avec Drago c'est qu'il se fasse des idées pécheresses à ton sujet. Surtout compte tenu de ta tenue.

Comprenant le sous-entendu — tout sauf subtil — Harry vira à l'écarlate et marmonna qu'il allait s'habiller. Cependant, avant de sortir de la pièce il eut la satisfaction de voir que Drago était aussi rouge que lui et qu'il chuchotait furieusement en direction de Pansy.

Curieux d'en savoir plus sur celui qui avait perturbé sa scolarité à Poudlard, l'Auror s'habilla rapidement d'un jean confortable et d'un tee-shirt vert. Il ne prit pas le temps de nouer ses cheveux comme il le faisait habituellement, les laissant retomber sur sa nuque, puis il retourna dans le salon.

Drago leva les yeux vers lui et rougit de nouveau, détournant hâtivement le regard. Pansy le regardait avec un sourire amusé, et tapota la place près d'elle.

Il retint l'envie de lever les yeux au ciel, et lui sourit — comme le ferait un homme amoureux de sa compagne — avant de se coller à elle et de passer la main autour de ses épaules.

Elle se lova immédiatement contre lui, ronronnant presque comme un chat, sous le regard glacial de Drago. Ce dernier finit par exploser et siffla, les paupières plissées.

— C'est quoi ce bordel ?

Pansy leva un regard énamouré vers Harry — qui pensa qu'elle était une excellente comédienne — et laissa échapper un rire de gorge amusé.

— Et bien, compte tenu de ce qui m'est arrivé récemment, j'ai décidé que la vie était trop courte pour avoir des secrets. Et Harry est d'accord avec moi, alors... nous avons cessé de nous cacher.

Harry réprima un ricanement et cacha son sourire moqueur en déposant un baiser sur la tempe de la jeune femme. L'expression de Drago était particulièrement distrayante et il se jura qu'il garderait précieusement le souvenir de cet instant... Ce n'était pas tous les jours que Drago Malefoy se retrouvait en état de choc et sans voix après tout...