Bon marché

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Alors que les anciens Serpentard semblaient convaincus de la sincérité de Harry — et de sa bonne volonté — Drago renâclait, de mauvaise humeur.

Harry se retenait de ne pas sourire, pour ne pas envenimer les choses, parce qu'il retrouvait l'idiot prétentieux de Poudlard, celui qui se plaignait en permanence, et sur chaque sujet. Il retrouvait le Drago de ses souvenirs, pénible au possible. Ses camarades discutaient sans prêter attention à ses piques acides, comme s'ils avaient l'habitude.

Le jeune homme se rendit compte que la troupe de Serpentard était exactement comme les Gryffondor. À Poudlard, ils pensaient être totalement différents, voire même incompatibles. Et pourtant, il retrouvait la même ambiance que lorsqu'ils se voyaient tous, avec Ron, Hermione, Dean, Seamus, Neville et Lavande.

Il était déjà persuadé que les enfants qui avaient subi la guerre ne devraient pas en payer les conséquences, peu importait le camp de leurs parents. Mais, à cet instant, il pensa qu'il aimerait que le monde magique se rende compte de ce qu'il voyait. Un groupe d'amis, plaisantant et se rappelant d'anciens souvenirs, et non pas une troupe de criminels complotant dans une cave sombre comme certains voulaient le faire croire inlassablement...

Il servit le thé tranquillement, et échangea un regard complice avec Pansy. Elle avait eu raison, bien évidemment, en lui disant que personne ne lui hurlerait dessus, et elle le savait.

Avant que Harry n'ait le temps de s'installer, Drago repoussa sa tasse avec une grimace agacée.

— Tu aurais pu servir autre chose que du thé bon marché !

Pansy leva un sourcil moqueur, et ricana.

— Drago mon chou... C'est le thé que tu m'as offert à Noël dernier que Harry a préparé...

Daphné gloussa tandis que Blaise soupira dramatiquement.

— Bon sang Drago ! Ne me dis pas que tu en es resté à chercher des poux à Potter ?

Le blond grogna et se leva, bousculant la table, et quitta la pièce. Harry hésita, puis se leva à son tour, grimaçant un sourire aux invités.

— Je vais lui parler, le temps que vous... discutez un peu. Ensuite, on passera aux choses sérieuses.

Pansy lui fit un clin d'œil pour l'encourager et il sortit du salon à la suite du jeune homme, entrant sans même frapper dans la chambre où se terrait Drago.

Ce dernier était devant la fenêtre, le front contre la vitre. Harry ferma doucement la porte derrière lui et lança un assurdiato pour qu'ils puissent hurler en toute discrétion.

— Qu'est-ce qui t'arrive, Malefoy ?

Le blond se retourna d'un bond, et Harry s'obligea à le dévisager avec attention. De larges cernes s'étaient creusés sous ses yeux, et il avait l'air... épuisé. Pourtant, il releva le menton fièrement.

— Tout va bien. Je veux juste rentrer chez moi. Ce n'est pas compliqué à comprendre.

— Tu es en danger.

Quelque chose passa dans le regard gris, et il détourna la tête, refusant de se confronter aux yeux émeraude.

— Ce n'est pas ton problème Potter. Je suis assez grand pour me défendre tout seul.

Harry se frotta le visage, avant de soupirer.

— Écoute. Je sais que tu me détestes, et que tu préférerais ne plus me voir. Dis-toi que plus vite j'aurais arrêté celui qui s'en prend à tes amis et à toi, plus vite je sortirais de ta vie. Je ne compte pas abandonner, Malefoy, quoi que tu puisses en penser. Ton aide me sera juste utile pour aller plus vite.

Drago montra les dents.

— Stupide Gryffondor. Je ne veux pas de ton aide. Je...

Furieux, Harry s'avança vers le jeune homme et l'attrapa par les épaules, le plaquant contre la fenêtre, ses yeux noircissant soudain alors que sa magie s'agitait autour de lui. Drago hoqueta, les yeux écarquillés, trop choqué pour se débattre.

— Arrête de penser que tu mérites tout ça ! Ta dette est payée, Malefoy ! Tu n'avais pas le choix, il n'y a rien d'autre à redire.

Drago vacilla et cligna des yeux. Vaincu, il soupira et ferma les yeux en secouant la tête.

— Tout le monde ne pense pas comme ça Potter. Tu ne peux pas... obliger tout le monde à...

Mais Harry était englué dans la colère, alimentée par la frayeur qu'il avait eue en trouvant Malefoy blessé devant la porte de Pansy.

— S'il le faut, je les obligerai ! Ils ne se sont pas battus eux ! Ils étaient cachés, loin de tout ça ! Ils n'ont pas eu à... à lui faire face ! Tu as survécu Malefoy, et même si tu as fait des mauvais choix ça ne fait pas de toi quelqu'un de mauvais.

— Potter...

— N'essaie même pas de te défiler encore une fois. Tu vas te reposer ou revenir avec nous, et quand tu seras prêt, tu me parleras. Et c'est non négociable.

Drago soupira et hocha la tête docilement. Ce fut suffisant pour que Harry prenne conscience de son comportement, et il s'écarta brusquement du blond, rougissant légèrement. Il fit un bref signe de tête au jeune homme face à lui et quitta la pièce à grands pas, essayant de cacher qu'il prenait la fuite.

Lorsqu'il revint seul dans le salon, Pansy leva un sourcil surpris tandis que Adrian ricanait.

— Je sais qu'il peut être pénible, mais tu ne l'as pas tué quand même ?

Harry lui lança un regard agacé et s'apprêtait à répondre vertement quand Drago fit son entrée, calme et maître de lui-même. Comme si rien ne s'était passé, comme s'il ne venait pas de jouer les divas.

— Comme tu peux le voir, je vais très bien.

Harry croisa le regard gris et refusa de croire que la lueur étrange qu'il y voyait était de la reconnaissance à son égard. Il se gratta la gorge mal à l'aise et s'installa, s'obligeant à se concentrer sur la mission qu'il s'était assignée.

— Bien. Qui veut commencer à me parler des attaques dont il a été la cible ? J'ai besoin d'un maximum de détails.

Théo intervint pour la première fois, sourcil arqué.

— Il n'y a pas de rapport au Ministère ? Les Aurors nous ont déjà interrogés, je croyais que...

La magie de Harry s'agita une fois de plus, alors qu'il attirait d'un accio le dossier qu'il étudiait depuis qu'il l'avait récupéré. Puis, il émit un rire grinçant, sans même chercher à masquer sa colère.

— Leur rapport ? Bon sang ! Te concernant, Nott, il y a trois lignes selon lesquelles tu aurais été bousculé en sortant d'un magasin du chemin de Traverse. J'ai dans l'idée que c'était un peu plus grave, je n'imagine pas que tu sois allé te plaindre pour une simple bousculade non ?

Protection rapprochéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant