Chéri, je suis à la maison

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Après avoir discuté avec son meilleur ami, Hermione avait flâné un moment tranquillement pour y réfléchir à son aise, avant de se décider à rentrer chez elle.

En entrant, elle lança à la cantonade un « chéri, je suis à la maison » sonore, mais elle s'immobilisa rapidement en pénétrant dans son salon.

Ron semblait bouillir de rage, et son teint écarlate lui indiquait qu'il était prêt à exploser. Elle soupira, et attendit qu'il lui explique, sachant que le brusquer ne lui permettrait pas d'obtenir des réponses à ses questions.

Le rouquin ferma les yeux, poings serrés avant de prendre une profonde respiration, comme pour reprendre le contrôle de ses nerfs, et Hermione ne put empêcher un sourire attendri de fleurir sur ses lèvres.

Ronald Weasley était probablement bourré de défauts aux yeux des autres, mais elle l'aimait comme ça. Et même s'il avait tendance à être colérique, à s'enflammer trop vite, ce n'était qu'un feu de paille qui retombait rapidement.

Finalement, il grogna, et croisa les bras sur sa poitrine.

— Je pense que je vais tuer Ginny.

Hermione grimaça immédiatement, devinant le problème. Elle adorait en temps normal sa belle sœur, mais celle-ci avait développé une obsession malsaine pour Harry et ne semblait pas décidée à comprendre que le garçon dont elle rêvait enfant n'existait que dans sa tête. Le vrai Harry était différent et n'était pas le moins du monde intéressé...

Ron plissa le nez.

— Tu as été le voir non ?

Elle hocha prudemment la tête, un peu surprise. Ron ricana en se passant une main nerveuse dans sa tignasse rousse.

— Contrairement à ce que tu pourrais penser, je ne suis pas totalement stupide. Tu me dis toujours où tu vas, sauf aujourd'hui. Il ne fallait pas être Auror d'élite pour deviner que tu irais tirer les vers du nez de Harry au sujet de ces photos...

Hermione gloussa en secouant la tête.

— Je n'ai jamais pensé que tu étais stupide, chéri.

— Alors ? Tu comptes me faire languir longtemps ?

La brune passa une main dans ses cheveux en se mordillant la lèvre puis haussa les épaules.

— Apparemment, Pansy est juste une amie pour lui. Il devait faire semblant d'être en couple avec elle à la demande du ministre. Ils ont parlé de l'incendie de sa boutique, mais pas des menaces et insultes qu'elle reçoit. Harry étant... Harry, il ne voulait pas la laisser au milieu de ces ennuis permanents et...

Ron fronça les sourcils.

— Et Malefoy ?

— Selon Harry, ça concerne tous les Serpentard de notre année et les familles de Mangemorts. Et tu le connais...

Le rouquin ricana, ses yeux bleus brillants de malice.

— Bien évidemment. Harry a toujours été obsédé par la fouine.

— Il avait peur qu'on... le rejette visiblement. Il a dit être... « anormal ».

Le regard clair de Ron s'assombrit, et il serra les poings, agacé.

— Foutus moldus stupides ! Et foutu Dumbledore de l'avoir envoyé là-bas ! Par Merlin s'il était encore de ce monde, je lui ferais avaler sa barbe.

Hermione gloussa, mais il y avait une pointe de tristesse dans son regard chocolat en pensant à tout ce que leur ami avait traversé.

Elle soupira et leva un sourcil, se souvenant soudain de la fureur de son petit-ami à son arrivée.

— Et ta sœur ? Qu'est-ce qu'elle a encore fait exactement ?

Ron roula des yeux.

— Le ministre a appelé maman. Ginny a envoyé plusieurs beuglantes à Harry et à Malefoy. Et elle a expédié à la fouine également un courrier particulièrement vicieux. Visiblement, elle a détourné un feu Fuseboum des jumeaux pour piéger une lettre, ce qui aurait pu le défigurer et le rendre aveugle s'il l'avait ouverte.

Hermione hoqueta horrifiée.

Ron secoua la tête, grinçant presque des dents.

— Merlin sait que je n'aime pas ce foutu blond, mais... de là à le blesser de cette façon. Sans compter que Harry semble tenir à lui non ? Tu n'as pas vraiment détaillé cette partie-là...

— Tu sais comment est Harry dès qu'il s'agit de Malefoy. Je lui ai dit que je n'étais pas vraiment surprise, et cet idiot n'a rien trouvé de mieux que de sourire !

Ils échangèrent un regard amusé. Harry et son obsession pour le Serpentard n'étaient pas vraiment un secret pour eux, même si leur ami pensait être discret. Ils avaient eu le temps de se faire à l'idée qu'ils étaient liés d'une étrange façon, même s'ils n'avaient jamais envisagé de les voir faire la une de la Gazette offrant la photo d'un baiser étourdissant...

Hermione se frotta le visage, avant de demander, avec prudence.

— Qu'est-ce que ta mère va faire ? Pour Ginny ?

— Et bien déjà, maman est furieuse. Et Kingsley l'a prévenue qu'il n'allait pas arrêter Ginny puisqu'il nous connaissait et qu'on faisait partie de l'ordre, mais que si elle recommençait elle aurait droit à un interrogatoire et à une visite des cellules du ministère en garde à vue. Bon sang ! Cette petite sotte risque Azkaban parce qu'il ne fait aucun doute que Harry ira jusqu'au bout pour protéger sa fouine préférée !

La brune eut un rire léger.

— Tu sembles le prendre plutôt bien...

— Pas vraiment non. Mais... Ginny est en tort. Bon sang, Malefoy n'est pas un criminel qui sème le chaos. Il ne fait jamais parler de lui...

— Qui êtes-vous et qu'avez-vous fait de Ronald Weasley, détestant naturellement tous les Malefoy ?

Le rouquin eut une grimace et roula des yeux.

— OK. Harry et moi on s'est disputé assez violemment à ce sujet, il y a presque cinq ans. Au moment des procès. Et même si je n'aime pas ce crétin de Serpentard, Harry m'a fait comprendre qu'il n'avait pas vraiment eu le choix de son destin. Je veux dire, il avait peut-être tous les gallions de son père, mais... je me souviens du jour où nous avons été pris, quand sa cinglée de tante s'en est prise à toi. Il avait aussi peur que nous, et... Il fixait Harry, uniquement lui. J'ai cru qu'il allait le dénoncer. Mais il a tenu bon. Et Harry m'a juré qu'il s'était laissé désarmer et que c'était comme ça que nous avions pu te tirer de là. Nous tirer de là. Je lui dois bien de... me montrer moins inflexible.

Hermione frissonna en se frottant le bras où persistait la cicatrice infligée par le couteau de Bellatrix, et Ron l'enlaça. La tête nichée contre sa poitrine, elle se laissa aller et soupira en fermant les yeux.

— Je lui ai promis notre aide.

Ron grommela, pour la forme. Puis elle le sentit hausser les épaules avant de répondre.

— Évidemment.

Protection rapprochéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant