Sanglant

1K 145 19
                                    

Harry finit par se calmer, légèrement honteux, mais il décida qu'il devait avoir une conversation sérieuse avec Drago Malefoy, pour lui tirer les vers du nez, que celui-ci soit d'accord pour se confier ou non. Il voulait savoir exactement ce qu'il avait reçu comme menaces, et il avait hâte de mettre la main sur les coupables, pour leur faire passer l'envie de s'amuser à ce genre de petits jeux.

Il ignora le regard narquois de Pansy et rassembla les dossiers nerveusement.

— Peu importe. Tu voulais quelque chose ?

Elle soupira.

— Juste savoir pourquoi tu m'écrasais de ta puissance.

Le voyant rougir brusquement, elle ricana.

— Ne sois pas si... perturbé Harry. Ce n'est pas un reproche.

— Habituellement, je me maîtrise un peu mieux.

Pansy allait répliquer moqueusement, mais l'arrivée d'un hibou l'empêcha de plaisanter sur le sujet. Harry se précipita pour lui ouvrir, comme soulagé d'avoir une échappatoire et s'empara du message.

En le lisant, il jura entre ses dents.

La jeune femme le dévisagea et haussa un sourcil.

— Un souci ?

— Ron m'invite à un repas.

— Et ?

— Et il y aura sa sœur. Qui ne comprend pas que je n'ai pas la moindre intention d'avoir une relation amoureuse avec elle. Je me tue à le lui répéter encore et encore depuis Poudlard, mais Ginny est têtue.

Pansy éclata de rire, et secoua la tête.

— Depuis Poudlard ? Tu veux dire qu'elle s'accroche depuis cinq ans ? Cette fille est un cas désespéré...

Malgré lui, Harry gloussa. Puis il haussa les épaules.

— Ron m'a avoué que Ginny a grandi en entendant parler de moi, l'Élu de Dumbledore. Le garçon qui avait amené la paix, le petit orphelin qui a survécu. Apparemment, elle a décidé très tôt qu'elle m'épouserait un jour, et... et bien, je l'ai toujours connue... comme ça.

— Tu veux dire accrochée à toi, en te regardant comme une friandise ?

Pansy semblait stupéfaite et elle secoua la tête.

— Bon sang, elle n'a aucune fierté !

Harry leva un sourcil moqueur.

— J'ai le souvenir d'une certaine Serpentard qui avait le même regard sur un beau blond prétentieux.

Pansy rougit furieusement et détourna les yeux. Puis elle marmonna agacée.

— J'ai grandi depuis, abruti. Il y a bien longtemps que je sais que Drago ne sera rien de plus que mon meilleur ami. Contrairement à la rouquine, je sais reconnaître quand je n'ai aucune chance.

L'Auror fit un vague geste de la main, avant de revenir au sujet principal.

— Bref, l'invitation semble tomber à pic pour que nous y allions ensemble, mais puisque ça a l'air d'être une manoeuvre de plus de Ginny pour me mettre le grappin dessus, ça risque de rapidement devenir... sanglant.

Pansy éclata de rire, nullement impressionnée.

— J'ai survécu aux insultes et à pas mal de situations... inconfortables. Je ne pense pas qu'un groupe de Gryffondor puisse me mettre à terre.

— Donc... tu es prête à entrer dans la fosse aux lions ?

La brunette avança vers lui avec un rictus moqueur, d'une démarche séductrice pour l'enlacer et se coller contre lui. Harry rougit immédiatement, faisant glousser la jeune femme.

— Oh Harry. Si tu te mets dans cet état dès que je m'approche de toi, tes amis vont tout de suite comprendre la supercherie.

Toujours écarlate, Harry soupira.

— Ils savent que je ne suis pas très démonstratif. Et que je suis... mal à l'aise. Je veux dire... maladroit.

La jeune femme roula des yeux et le fixa, redevenue sérieuse.

— Harry. Garde en tête que nous sommes... amis. Que c'est... une illusion, en quelques sortes ! Ne te mets pas la pression, pas de jugement entre nous, OK ?

Harry grogna, essayant de dominer sa gêne, et soupira.

— Je n'ai pas vraiment l'habitude de... d'embrasser mes amis, Pansy. Ou de me coller à eux de cette façon. Je veux dire, je n'avais pas...

— Réfléchi aux implications de cette comédie ?

Face aux nuances d'écarlate qu'atteignait le visage de Harry, Pansy s'écarta de lui en soupirant, avant de se laisser tomber assise sur son lit tandis qu'il prenait place sur la chaise de bureau, évitant avec soin son regard.

— En fait... Ron et Hermione, ils ne sont pas spécialement démonstratifs. J'ai plus l'habitude de les voir se disputer que de s'embrasser en fait et pourtant leur couple fonctionne.

— Tu es en train de me dire que tu n'as côtoyé aucun couple qui soit... démonstratif ?

Harry ne répondit pas, sourcils froncés, réfléchissant avec soin à la conversation. Puis, il haussa les épaules.

— À part Ron qui prenait Lavande pour une bouteille d'oxygène à une époque, non. Et j'avoue que je ne me suis jamais imaginé en couple, j'ai toujours été seul.

Il ignora le regard soudain triste de Pansy. Le silence s'étira entre eux, alors qu'ils se perdaient dans leurs pensées.

Si Harry pensait au dîner à venir, à la façon dont il pourrait duper ses amis, Pansy était à mille lieues de son rôle à jouer pour sa propre protection.

Lorsque le ministre avait proposé cette solution, de faire croire à tous que Harry Potter était son compagnon, elle avait imaginé que son ancien camarade était à l'aise avec l'idée, et qu'il jouerait son rôle à la perfection. Au lieu de quoi, elle découvrait qu'il avait été propulsé dans cette histoire en ayant gardé la timidité d'un adolescent.

À une époque, elle aurait trouvé la situation hilarante, mais face à lui, après avoir appris à le connaître un peu, elle ne pouvait qu'éprouver de la compassion. Il avait sacrifié son adolescence pour le monde magique, et même après la guerre, il restait un jeune homme isolé.

Finalement, elle se décida. Elle pouvait offrir à Harry un peu de tendresse, qui semblait tant lui manquer. Elle pouvait lui apprendre à profiter d'un câlin sincère, à se laisser un peu plus aller. Elle n'était pas amoureuse de lui, ne le serait probablement jamais, mais elle avait appris à l'apprécier en quelques jours. Elle savait qu'il ne la verrait jamais comme autre chose qu'une amie, et ça lui convenait parfaitement.

Après tout, ils étaient tous les deux libres de toute attache et adultes. Pas de quoi fouetter un niffleur.

Avec un sourire tendre, elle attira son attention.

— Harry ? Cesse de te poser des questions. Je ne vais pas te sauter dessus pendant le dîner avec tes amis, ou me montrer... trop entreprenante. Le but n'est pas de mettre tout le monde mal à l'aise. Profite du moment, c'est tout.

Il leva un sourcil perplexe.

— Je ne suis pas certain de comprendre...

— Je t'apprécie, comme un ami. On va probablement s'embrasser face à tes amis pour montrer que nous sommes en couple, mais toi et moi, nous savons que ça ne signifie rien. Pas d'engagement, pas de complications.

Harry gloussa, les joues encore rouges.

— Dans ce cas, chère amie, je te laisse mener. Je pense que je serais incapable de... faire le premier pas.

Protection rapprochéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant