La Princesse de Serpentard [EN COURS]

Ce mec fait froid dans le dos

"Une âme rusée mais gelée. Un cœur dur mais un bon fond. Un courage camouflé. Une intelligence insensible. Mais je sais que tu t'épanouiras à Serpentard !"

Sous les applaudissements de ma maison, je rejoins mes amies et m'assois à leurs côtés. 

-Je savais que tu serais à Serpentard ! braille Astoria. Je le savais !

-Tu te rends compte, on va faire notre scolarité ensemble ! C'est génial. Tu ne peux pas savoir à quel point j'ai hâte ! renchérit Crosya.

-Elles ont raison. Je n'arrive pas à y croire: nous sommes enfin réunis ! s'exclame, les yeux brillants, Kate.

Tous font éclater leur joie, mais j'y reste indifférente. De toute façon, il n'y avait pas d'autre possibilité, ma maison était évidente. Dumbledore commence un discours particulièrement rasoir au sujet de, je cite: "la liste des quatre cent trente-sept articles interdits par le règlement". Que du blabla. Quand mon père m'a dit qu'il commençait à se ramollir, je ne pensais pas à ce point. Je l'ignore et détaille mes futurs camarades du regard. 

La clique de Malefoy ne semble pas non plus passionnée par le vieux fou et discute, même si le blond à l'air hautain figé sur son visage ne participe pas à la conversation. Ce mec est vraiment antipathique, il fait froid dans le dos. Mais d'un autre côté, je sens en lui quelque chose... de différent. Je ne saurai pas le définir, mais ce je-ne-sais-quoi le rend assez mystérieux, même lorsqu'il toise de haut tout le monde.

Soudain, un mot dans le discours de Dumbledore m'intrigue: pas de Coupe de Quidditch des Quatre Maisons ? C'est bizarre et inhabituel. J'entends beaucoup d'élèves exprimer à haute voix leur surprise. Cependant, le vieillard continue:

-Cela est dû à un évènement particulier qui commencera en octobre et se poursuivra tout au long de l'année scolaire, en exigeant de la part des professeurs beaucoup de temps et d'énergie. Mais je suis persuadé que vous en serez tous enchantés. J'ai en effet le grand plaisir de vous annoncer que cette année, à Poudlard...

Soudain, le tonnerre gronde une nouvelle fois, et au même instant les portes de la Grande Salle s'ouvrent à la volée. Sur le seuil se tient un homme appuyé sur un grand morceau de bois et vêtu d'une cape noire. Ignorant un nouvelle éclair qui semble déchirer le plafond, il continue d'un pas claudiquant vers la table des professeurs, ce qui me laisse le temps d'apercevoir une figure balafrée et déformée, ornée d'un grand œil bleu vif qui n'arrêtait pas de tourner. Il parle brièvement à Dumbledore, lui sert la main puis s'assois sur un table à droite de la table.

-Je vous présente notre nouveau professeur de défense contre les forces du Mal, reprend d'une voix forte le directeur. Le professeur Maugrey.

Et personne n'applaudit. Tous sont trop effrayés par ce vieux défiguré. Pff. S'ils avaient un minimum de culture, ils sauraient qu'il s'agit du plus grand Auror de tous les temps. Mais Dumbledore ne laisse pas le temps aux spéculations et continue son discours:

-Comme je m'apprêtais à vous le dire, nous avons l'honneur d'accueillir au cours des prochains mois un évènement que nous n'avons plus connu depuis un siècle. J'ai le très grand plaisir de vous annoncer que le Tournoi des Trois Sorciers de déroulera cette année à Poudlard.

Je suis surprise, il faut l'avouer. J'entends un Gryffondor crier quelque chose qui ressemble à "vous plaisantez !". L'ambiance est tout de suite plus détendue, et même le directeur pouffe.

-Non, je ne plaisante pas, Mr Weasley, mais si vous aimez la plaisanterie, j'en ai entendu un très bonne cet été. C'est un troll, une harpie et un farfadet qui entrent dans un bar...

Heureusement, McGonagall le rappelle à l'ordre et je ne suis pas forcée d'écouter la suite. 

-Heu... C'est vrai... Le moment n'est peut-être pas venu de... Où en étais-je ? Ah oui, le Tournoi des Trois Sorciers... Certains d'entre vous ne savent pas en quoi consiste ce tournoi, je demande donc à ceux qui savent de me pardonner d'avoir à donner quelques explications. Pendant ce temps-là, ils sont autorisés à penser à autre chose. Le Tournoi des Trois Sorciers a eu lieu pour la première fois il y a quelque sept cents ans. Il s'agissait d'une compétition amicale entre les trois plus grandes écoles de sorcellerie d'Europe - Poudlard, Beauxbâtons et Durmstrang. Un champion était sélectionné pour représenter chacune des écoles et les trois champions devaient accomplir trois tâches à caractère magique. Chaque école accueillait le tournoi à tour de rôle tous les cinq ans et tout le monde y voyait un excellent moyen d'établir des relations entre jeunes sorcières et sorciers de différentes nationalités - jusqu'à ce que le nombre de morts devienne si élevé que la décision fut prise d'interrompre le tournoi. 

Bien que lourds de sens, ces mots ne semblent pas troubler grand monde. J'ai bien sûr entendu parler du Tournoi des Trois Sorciers, mais j'ignorais qu'il allait recommencer. Pendant que Dumbledore expliquent quand arriveront Beauxbâtons et Durmstrang, beaucoup chuchotent à leur voisin "je tente le coup", ou bien "je vais participer". Jusqu'à ce que le vieillard rajoute:

-Je sais que vous êtes tous impatient de rapporter à Poudlard le Trophée des Trois Sorciers, mais les responsables des trois écoles en compétition, en accord avec le Ministère de la Magie, ont jugé qu'il valait mieux, cette année, imposer de nouvelles règles concernant l'âge des candidats. Seuls les élèves majeurs - c'est à dire qui ont dix-sept ans ou plus, seront autorisées à soumettre leur nom à la sélection.

A ses mots, toute la classe lâche un grognement, et je vois deux rouquins à la table des Gryffondors échanger des regards scandalisés. Dumbledore explique le pourquoi du comment, puis il nous envoie nous coucher, et je suis Kate et Crosya vers les dortoirs. Nous descendons au cachot. L'air est lourd et humide, et ça sent le renfermé. Nous marchons quelques minutes, et je me souviens qu'il me faudra faire ce trajet plusieurs fois par jour. Au Manoir, les couloirs disposaient d'un sort d'Allongement, qui leur permettait de rétrécir quand on passait dans l'un. Je m'y habituerais, je suppose.

Quand nous pénétrons dans la salle, je suis, je dois l'avouer, impressionnée: longue avec des murs en pierre, décorée de canapés en cuir noir, des crânes sont accrochés sur le mur et une cheminée chauffe le tout. Des lampes éclairent et, malgré le manque de fenêtres, la pièce n'est pas sombre. De plus, Astoria m'explique que nous sommes juste sous le lac, ce qui explique la lumière verte surnaturelle. Sur l'un des murs, je vois le portrait d'un homme grassouillet aux cheveux brun-gris. L'ambiance n'est pas chaleureuse, mais ressemble à celle du Manoir, et je m'y habituerais rapidement.

Les dortoirs sont grands, et accueillent cinq lits à baldaquin tendus de soie verte. Les matelas sont presque aussi confortables que dans mon ancien lit, et je dois admettre que de ce côté-là Poudlard n'est pas avare. Les dessus de lits sont brodés d'argenté, et des tapisseries décorent les murs, retraçant le parcours et les exploits des Serpentard les plus célèbres. Du plafond pendent des lourdes lanternes d'argent et le léger clapotis donne une ambiance apaisante. Je m'installe dans un des deux lits et retrouve ma malle posée à côté. Une fois mon organisation achevée, je rejoins les filles dans la salle commune pour discuter. Jusqu'à tard le soir, nous échangeons sur nos vacances, notre famille, nos attentes de l'année... Enfin, épuisées par cette longue journée, nous montons nous coucher. Je remarque en passant que Malefoy est toujours dans un fauteuil, en train de lire un grimoire marron usagé.