La Princesse de Serpentard [EN COURS]

Je ne suis plus seule

Lorsque je me réveille le lendemain, j'ai l'impression de flotter dans un nuage de bonheur avant même que je puisse me rappeler des évènements de la veille. Pour la première fois depuis des semaines, des mois, voire même pour la première fois de ma vie, je suis parfaitement reposée. Je me sens paisible, terriblement paisible et si un ouragan venait à éclater au-dessus de ma tête, je sais que cela ne changerait rien au sentiment de paix profonde que je ressens.

Après avoir tenté de me rendormir sans grand succès, j'ouvre les yeux doucement et suis assaillie par la lumière du soleil. Je bats quelques instants des paupières pour m'y habituer et je me rends compte que je suis allongée face à face avec Drago, tandis que son bras est autour de ma taille et le mien posé sur son torse.

Des flash de la nuit dernière me parviennent alors que je contemple son visage endormi. Son cauchemar, ses aveux, son dos déchiré... Notre baiser.

Sans que je puisse m'en empêcher, je me sens rougir furieusement au souvenir de ses lèvres sur les miennes. C'était merveilleux et j'ai l'étrange impression d'être encore en train de l'embrasser. Du bout des doigts, je touche ma bouche, comme si je peinais à croire que cette même bouche était sur celle de Drago Malefoy il y a à peine quelques heures.

Ce qui s'est passé hier soir, je le redoutais tout autant que je l'attendais. Cela fait des semaines, voire des mois que je me mens à moi-même quand à mes sentiments envers le jeune sorcier. Dès le début de l'année, je faisais mine de n'en avoir rien à faire alors qu'il attirait déjà mon attention. Mais à mesure que le temps passait et que nous nous rapprochions, je me rendais compte que je ne pouvais pas nier l'étrange attirance entre nous. Et pourtant, je n'ai pris pleinement conscience de l'affection que j'éprouve pour lui que hier soir, alors qu'il s'était entièrement dévoilé devant moi.

Son visage pale est calme et serein, une expression que je ne le vois presque jamais aborder. Comme il a les yeux fermés, j'ai tout le loisir pour pouvoir l'observer alors je ne me gêne pas. Je détaille ses lèvres rosées, son nez fin et ses mèches blond platine. Alors qu'elles sont en temps normal plaquées minutieusement, elles sont maintenant en bataille et tombent librement devant sa figure, lui donnant un aspect enfantin.

Il a l'air tellement pur, tellement calme, tellement heureux que je ne peux m'empêcher d'en vouloir à son père. Parce que le jeune homme que j'ai devant moi aurait du être celui que je vois tout le temps. Pas une rare facette de sa personnalité qui ne se dévoile que lorsqu'il laisse tomber toutes ses barrières. L'innocence dont il rayonne, elle devrait habiter en permanence son visage. Il n'a que quatorze ans, il ne devrait pas avoir à se cacher ainsi pour se protéger.

Le flot de mes pensées est interrompu lorsque Drago bat des paupières et je comprends qu'il est en train d'émerger. Je souris quand je le vois ouvrir lentement les yeux et que son regard confus se pose sur moi. Je peux presque deviner la multitude de pensées qui traverse son cerveau tandis qu'il se remémore des évènements de la nuit dernière. Lorsqu'enfin tous ses souvenirs lui semblent être revenus, il me sourit tendrement.

— Salut, je murmure doucement pour ne pas le brusquer.

— Salut, répond-il. 

Aucun de nous ne bouge, comme par peur de rompre le calme qui règne sur la chambre. Je pourrais rester ainsi une éternité à me perdre dans ses yeux orageux en ignorant le monde extérieur. Sauf que c'est impossible, alors je soupire et je m'apprête à sortir du lit. 

— Eh, qu'est-ce que tu fais ? 

Je frissonne malgré moi lorsque j'entends le timbre rauque de sa voix du matin et je me contente de répondre :