Enlève tout de suite ta main.

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Le lendemain, ma première pensée lorsque je me réveille est que je ne vais pas y arriver. Et même si je la chasse aussitôt pour ne pas me porter malchance, elle occupe mon esprit durant tout mon petit-déjeuner et les heures de cours qui suivent.

Comme à chaque cours depuis des semaines, je suis incapable de me concentrer. Je m'endors pendant l'Histoire de la Magie sans grande surprise mais Rogue, avec sa bonté habituelle, nous charge de préparer un élixir bien trop complexe pour que Malefoy y arrive seul.

Parce qu'en plus, nous avons dû garder nos places de la séance où il m'a attaqué. Et même si notre relation chaotique s'est un peu stabilisée notamment avec l'aide qu'il m'a fourni pour la Première Tâche, nous ne sommes par pour autant les meilleurs amis du monde. Je me retrouve donc assise avec lui à imaginer toutes les issues possibles de cet après-midi.

Ma jambe tressaute sans que je puisse m'en empêcher et je me ronge les ongles. Je suis stressée, même terriblement stressée. Je m'efforce de prendre de grandes inspirations pour me calmer, comme me le disait souvent ma mère mais ça ne marche pas. J'ai peur, je suis terrifiée. Je ne veux pas mourir. Et l'admettre me fait encore plus angoisser.

Soudain, je suis tirée de mes pensées par une main qui se pose sur ma cuisse. Malefoy. Ma jambe cesse aussitôt de bouger sans que je comprenne vraiment pourquoi mais là n'est pas le problème : il n'a pas le droit de faire ça. On n'est ni ensemble, ni amis ni quoi que ce soit. Alors même si son contact m'apaise étrangement, ce que je ne lui avouerais évidemment jamais, je dois réagir. Je lui lance le regard le plus noir que je puiss faire et ordonne d'une voix qui ne laisse pas la place au doute :

— Enlève tout de suite ta main.

— Alors arrête de bouger ta jambe. Ca me stresse.

— Parce que tu penses que moi, je ne suis pas stressée, abruti ? Je vais sûrement mourir cet après-midi alors j'ai bien le droit de faire ce que je veux, je crache.

Je sais, je m'énerve facilement, sauf que là, je n'ai pas du tout envie de rigoler. Et le pire, c'est que je viens d'admettre devant lui ce que je ressentais. Je viens d'avouer mot pour mot mes peurs à la dernière personne à qui j'aurais dû le faire.

— Laisse tomber, je n'ai rien dit. Juste, vire ta main.

Il le fait à mon grand soulagement parce que même si son contact n'était pas désagréable, les étranges frissons qu'il me procurait me perturbait et m'empêchait de réfléchir pour de vrai. Mais au fond de moi, je ressens un léger manque lorsqu'il retire sa main que je m'efforce d'ignorer.

— Tu n'as pas de raison de douter. Tu vas y arriver, Aidena.

Je ne sais pas ce qui me perturbe le plus entre le fait qu'il utilise mon prénom ou le ton étrangement réconfortant qu'il prend. Il n'est pas comme ça normalement : en tant que Malefoy, il se doit d'être froid avec le monde entier. Il ne peut pas être gentil, encore moins avec moi. Parce qu'on a beau être dans la même maison, il est le Prince de Serpentard, je suis la Princesse et il coule de source qu'on soit en permanent affrontement et en conflit perpétuel. C'est presque une règle d'or connue depuis le début de l'histoire des Malefoy et des Serpentard par les membres de notre famille : on ne peut pas être amis, parce qu'on se ressemble beaucoup trop. On est trop similaires, de par notre origine ou notre monde pour pouvoir être proches.

Mais malgré ça, je ne sais pas pourquoi, mais je ressens l'envie de me confier. J'ai l'impression qu'il me comprendra, plus que mes propres amies. Peut-être justement parce qu'on a des points communs. Et puis, le stress n'aide pas vraiment et je me mets à parler pour calmer l'angoisse montante :

— Je... J'ai peur de ne pas y arriver ou de ne pas faire honneur à ma famille. Si j'échoue, si je ne gagne pas, ou pire, si Potter me dépasse, je... Ils ne seront pas contents. Ils veulent que je sois la meilleure en tout, parce que c'est mon rôle, en tant que descendante du grand Salazar Serpentard. Alors je ne peux pas me permettre d'échouer, sinon, mon père...

Merde. Je suis allée beaucoup trop loin et je m'en rends compte au dernier moment. J'étais sur le point de parler à Drago Malefoy, accessoirement un des mecs que je déteste le plus au monde, du fait que mon père me frappe depuis des années alors que personne n'est au courant. Je me maudis et m'insulte intérieurement mais me reprends en essayant d'être la plus crédible :

— Sinon, mon père sera très déçu. Il compte beaucoup sur moi et sur cette réussite, comme je suis la première femme à être descendante de Serpentard.

Bon, j'ai déjà fait mieux comme excuse mais ça a le mérite d'être vrai alors il ne pourra pas discerner le vrai du faux. Et puis, il n'a aucun indice qui pourrait le mettre sur la bonne voie ou lui permettre de découvrir la vérité sur ce que je subis.

Un silence s'installe entre nous et je le vois me scruter, comme s'il ne savait pas quoi penser de mes aveux. Il ne doit pas comprendre pourquoi je lui dis ça en même temps, on n'est pas amis et d'un coup je me mets à lui confier tous mes malheurs. Mais quelque part, l'avoir fait me rassure parce que je sais qu'il me comprendra. Il ne sera peut-être pas très compatissant ou aidant mais je connais la famille Malefoy et sa réputation et je me doute bien qu'il ne vit pas dans un monde parfait. Alors je ne peux m'empêcher d'espérer un peu de compréhension de sa part. 

Même si je ne sais pas vraiment ce que j'attends de lui comme réaction, je veux juste qu'il ne se moque pas de moi ou ne me rejette pas avec un éclat de rire méprisant. Non, je crois que ce que je voudrais voir, c'est le Drago que j'ai seulement entrevu à de rares occasions, celui attentionné, gentil, presque tendre. Celui qui me perturbe tant parce que je ne sais pas comment y réagir. Parce que si j'ai toujours été bien traitée et gâtée par mes parents, soutenue par mes amies, je n'ai jamais eu en face de moi quelqu'un qui comprenait ce que je vivais, qui savait ce que je pensais. 

Finalement, la réponse du blond arrive, bien qu'elle ne soit pas celle à laquelle je m'attendais :

— La vision que tu as eue quand je t'ai jeté le sort l'autre fois en cours de potion, elle avait un rapport avec ta famille pas vrai ? C'est pour ça que tu hurlais ?



Ce chapitre s'avoue particulièrement stressant pour Aidena, entre la Première Tâche imminente  et sa conversation avec Drago qui s'avoue pleine de surprises. Son lourd secret ne pourra pas resté inconnu très longtemps, surtout que notre blond favori a l'air de bien plus la comprendre qu'elle ne le voudrait. N'hésitez pas à me donner votre avis sur :

— La rencontre avec le Dragon qui ne saurait tarder ?

— Le stress d'Aidena et son angoisse ?

— Ses discussions avec Malefoy ?

— Drago qui ose pour la première fois un contact avec elle avec une main sur sa jambe ?

— Elle qui se confie et manque de lui parler de son père ?

— Lui qui devine qu'elle a des problèmes avec sa famille et de quoi parlait sa vision ?

N'hésitez pas à voter, à commenter, à partager, j'adorerais avoir votre avis sur la relation Draidena et sur son évolution qu'on remarque beaucoup dans ce chapitre.

A bientôt pour la suite !






La Princesse de Serpentard [EN COURS]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant