J'aurais tellement aimé lui avouer la vérité

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Je me raidis imperceptiblement. Impossible qu'il ait deviné ce qui se passait réellement chez moi, je n'ai jamais rien sous-entendu ou laisser paraître. Alors comment a-t-il pu faire le lien entre les cris de douleurs qu'il avait entendu et mon angoisse et mon mal-être vis à vis de mes parents ?

Je réfléchis à toute vitesse pour trouver une réponse plausible. Mentir et dire que ça n'a rien à voir ou acquiescer mais inventer quelque chose qui s'éloigne de la vérité ? Le truc, c'est que je ne sais pas comment, mais le jeune homme arrive à me cerner bien trop facilement à mon goût et il pourrait deviner facilement si je mens ou pas. Alors j'opte pour un semi aveux qu'il ne distinguera pas - ou du moins je l'espère.

— En quelque sorte... Mais c'est plus compliqué que ça.

Je m'efforce de rester vague parce que la chose que je veux le moins, c'est devoir répondre à ces interrogations. Mais je me doute qu'il va me poser des questions alors je me réfugie devant mon arme et ma défense la plus puissante, comme toujours : la froideur. Le mépris. La distance. C'est ainsi que je me protège, que j'arrive à m'isoler du monde extérieur et à ne pas être blessée. Alors, même si au fond de moi ça me brise le coeur, je déclare le plus hautainement possible :

— Et ça ne te concerne pas. Nous ne sommes pas amis alors je ne te dois rien. De toute façon, je me doute bien que tu n'en as rien à faire de ma vie, tout ce que tu veux, c'est profiter de mes faiblesses.

Lorsqu'il m'entend, je vois qu'il ne comprend pas ce soudain changement de comportement. Toute trace de bienveillance et de compréhension que j'avais crue discerner dans ses prunelles orageuses disparaît et je retrouve l'habituel Malefoy avec son regard froid et lointain. Devant ça, je regrette instantanément ce que j'ai dit. J'aurais tellement aimé lui avouer la vérité afin de ne plus être seule à porter ce secret. J'aurais tellement aimé pouvoir lui parler et devenir son amie. Mais c'est impossible. Et si j'aimerais crier, protester ou le rattraper quand il part dès la sonnerie de la cloche sans un regard en arrière, je ne le fais pas. Parce que je ne peux pas me le permettre.


Notre discussion occupe mon esprit durant tout le déjeuner. Je ne parle pas et me contente de remuer ma fourchette dans mon esprit vide. Soudain, quelqu'un s'assoit à mes côtés, me sortant de mes pensées. Je lève la tête et reconnais Krum, ce qui ne manque pas de me surprendre. Il m'adresse un sourire hésitant que je lui rends, sans trop savoir comment agir.

— Alors, tu es prrrrrête pour la Première Tâche ? me demande-t-il en roulant les r.

— J'espère, et toi ?

— Oui, je sais déjà comment je vais faire.

J'ouvre des gros yeux. Est-il au courant que ce sera des dragons qu'on affrontera ? Je doute qu'Harry l'ait mis au courant mais connaissant de réputation Karkaroff,  le directeur de Durmstrang, je parie qu'il a fouiné et a trouvé en quoi consistait l'épreuve. Confirmant mes suppositions, Viktor se penche à mon oreille et me murmure :

— Tu es au courrrrant toi aussi, pas vrrrrai ? Tu sais contre quoi on va combattrrrre ?

J'hésite à lui mentir ou à avouer la vérité mais mon instinct me pousse à lui faire confiance alors je lui réponds sur le même ton pour ne pas que les autres entendent :

— Oui. C'est ton directeur qui te l'a dit ?

Il hoche simplement la tête et je m'apprête à dire quelque chose quand une chevelure blond platine attire mon regard. Malefoy, assis à quelques places de nous, fixe l'attrapeur avec un regard noir, très noir. Quand il voit que je l'ai percé à jour, ses prunelles métalliques se posent un instant sur mon regard puis il me tourne le dos. Je ne comprends pas pourquoi il se comporte ainsi : d'accord, je l'ai énervé, mais qu'est-ce que mon voisin lui a fait pour qu'il le dévisage de cette manière ?

La Princesse de Serpentard [EN COURS]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant