J'ai besoin de toi à mes côtés

494 24 15
                                    


Quand mes larmes se tarissent enfin, ce qui me semble des heures plus tard, je suis toujours dans ses bras. Il ne m'a pas lâché, ne m'a pas questionné, il s'est contenté de me soutenir. Je ne veux pas partir, j'aimerais rester ainsi pendant une éternité et ne plus jamais avoir à affronter la réalité. Mais je ne peux pas, alors je me dégage doucement pour me retrouver à nouveau face à lui.

Je dois avoir l'air horrible, avec mes yeux rouges et bouffis et mes cheveux emmêlés mais il ne dit rien, il se contente d'attendre que je parle. Rien que pour ça, je lui suis reconnaissante. Il ne cherche pas à me presser, à me forcer à dire ce que je ne veux pas avouer, il est juste là.

— Merci pour... pour tout ça. Sans toi, je ne sais pas ce que j'aurais fait, ou même si j'aurais survécu.

— C'est normal, je n'allais pas te laisser te débrouiller seule. Surtout que c'est de ma faute si tu es dans cet état.

Je relève vivement la tête sans comprendre et lui demande en fronçant les sourcils :

— Comment ça ? Tu n'as rien fait.

— Eh bien, ton père était fâché parce que tu as refusé de monter avec moi et c'est pour ça qu'il t'a frappé. Et si tu as refusé de m'accompagner, c'est à cause de ce que je t'ai dit quand on était à Poudlard.

Il finit sa phrase en murmurant, les yeux baissés. Même s'il s'efforce de rester neutre, je vois bien qu'il se sent coupable et qu'il s'en veut. Mais il n'a aucune raison de l'être, il n'est pas responsable de la folie de mon père. Comme il refuse de me regarder et garde la tête penchée ver le sol, je relève son menton doucement pour planter mon regard dans ses prunelles métalliques.

— Eh, qu'est-ce qu'il se passe ? 

— Je m'en veux tellement, Aidena... Quand je t'ai vue hier soir, allongée sur le sol, pleine de sang et de bleus, j'ai cru que tu allais mourir. Que tu allais partir à cause de moi, à cause des bêtises que je t'ai dites au château. 

Il a l'air si sincère que ça me fait mal au coeur. Je ne l'ai jamais vu si sensible, si émotif et j'avoue que savoir qu'il l'est pour moi me touche en plein coeur. Mais je ne veux pas qu'il s'en veuille, il n'a aucune raison de le faire.

— Drago, rien n'est de ta faute. Mon père est un psychopathe, c'est tout.

Le dire à haute voix me fait du bien. Parce que même si ça peut paraître exagéré, c'est la vérité. Il est fou et n'a aucun contrôle sur sa colère.

— Même, je m'en veux par rapport à ce que j'ai dit. Je suis tellement désolé, si tu savais. Je n'aurais jamais dû dire ça, surtout quand je connais la vérité. C'était débile de ma part et je sais que ça ne justifie rien, mais j'étais énervé pour plein d'autres raisons. J'en voulais au monde entier et quand je t'ai vu avec Krum, ça a été la goutte de trop et j'ai pété un câble. 

Je me raidis légèrement. Alors c'est pour ça qu'il était en colère, parce que je parlais à Viktor ? Mais je ne comprends pas pourquoi, après tout, Drago et moi n'étions pas amis et Krum ne lui a rien fait. Il n'avait aucune raison de lui en vouloir ou d'être fâché que je lui ai parlé.

— Ecoute-moi, j'ordonne d'une voix ferme en voyant qu'il ne s'arrête pas de s'excuser. Je ne t'en veux pas, je t'assure et rien n'est de ta faute. Ce que tu as fait pour moi, me soigner, m'accueillir, me consoler, dormir avec moi, ça suffit largement à ce que tu sois pardonné. 

— Mais pendant toutes ces semaines, j'avais l'impression que tu ne me pardonnerai jamais. Tu m'ignorais complètement, comme si je n'existais pas et même si c'était amplement mérité, c'était très dur. Chaque jour, je te voyais plus sombre, moins présente et j'avais l'impression que c'était de ma faute. 

Le souvenir de ces mois solitaires me revient. J'avais beau être entourée de Kate et Astoria ou être allée au Bal avec Zabini, j'avais l'impression d'être à mille kilomètre de la réalité, comme si j'étais en permanence seule. J'avais remis mon masque de fille froide et méprisante et même si ça m'évitait d'être touchée, je dépérissais. Et pourtant, qui sait combien de temps cela aurait continué si je n'étais pas allé à ce dîner au Manoir Malefoy...

— C'est parce que c'est ma manière de fonctionner, je lui explique. Après la première fois où mon père m'a "frappé", je me suis renfermée sur moi-même. C'était la seule façon pour moi de survivre : si j'empêchais le monde entier de m'approcher en créant des barrières, alors personne ne pourrait m'atteindre. Un peu comme un bunker autour de mon coeur. Mais le truc, c'est qu'en arrivant à Poudlard, j'ai baissé ces murs. Je me suis attachée à mes amies, aux autres élèves. A toi, aussi, j'avoue en baissant la tête, gênée de l'admettre. Et quand tu m'as dit ça, je me suis sentie trahie. J'avais l'impression d'avoir fait une grosse connerie en te faisant confiance, alors je me suis à nouveau isolée.

J'achève mon monologue, le souffle court. Je ne me suis jamais autant confiée à quelqu'un, mais j'ai le sentiment que lui me comprendra et ne me jugera pas. Et puis, il mérite de connaître la vérité. Je lève mon regard vers lui, assez anxieuse malgré tout à l'idée de voir sa réaction mais ce que j'y trouve m'y réchauffe le coeur. Ses prunelles à la couleur si froides débordent d'émotion, de tendresse, de compréhension et d'autres sentiments plus forts encore que je ne parviens pas à identifier. C'est comme si le pont qui les retenait avait cédé et un instant, l'idée que cela soit pareil pour moi me traverse l'esprit.

Rien qu'en voyant cela, je comprends que j'ai eu raison d'agir ainsi. Et la moi d'il y a quelques mois, voire d'il y a quelques semaines seraient sûrement terrifiée à cette idée, mais je ne peux pas le nier. J'ai besoin de savoir que je ne suis pas seule dans ce monde instable. J'ai besoin de savoir que je pourrai toujours compter sur lui. Plus que tout, j'ai besoin de Drago dans ma vie. Parce que pour une raison que j'ignore, il est le seul qui parvienne réellement à me comprendre. Alors, même si être aussi honnête me coûte au plus haut point, je murmure toujours en le regardant dans les yeux :

— J'ai besoin de toi à mes côtés, Drago. Ne me laisse pas tomber, parce que sinon, je n'y survivrai pas. Pas à ça.

Lorsqu'il m'entend, il sourit. Pas le sourire narquois à la Malefoy, non, le vrai sourire si rare, celui que j'ai seulement aperçu quelques fois mais qui me donne envie de me battre pour le voir plus souvent. Le sourire rayonnant, heureux. Le sourire bouleversant, qui te prend au fond des tripes et te retourne l'estomac tant il est puissant.

— A une seule condition, déclare-t-il.

Je l'interroge du regard, perplexe, mais quand j'entends la suite, je sens les battements de mon coeur accélérer.

— Toi non plus, ne me laisse pas tomber. Parce que sans toi, je ne sais pas comment je ferai.



Hello, nouveau chapitre après deux semaines d'absence ! Qu'en avez-vous pensé ?

— La longue discussion entre eux ?

— Drago qui se sent coupable ?

— Aidena qui prend conscience d'à quel point elle est attachée à lui ?

— Leurs confessions ?

Voilà, la suite arrive bientôt.

La Princesse de Serpentard [EN COURS]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant