On a pas trop le choix, pas vrai ?

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Notre échange silencieux s'est achevé lorsqu'un miaulement lointain m'est parvenu. Aussitôt, j'ai compris ce qu'il se passait et Malefoy aussi à en juger par la surprise que j'ai lue sur son visage. D'un accord muet, nous avons descendus l'escalier de la tour d'astronomie quatre à quatre. En arrivant en bas, je me suis figée en voyant une lumière vaciller au bout du couloir.

Rusard.

Je sens le blond se cogner contre mon dos puisque je suis arrêtée à la sortie des marches. Cela me sort de mes esprits, un peu tard malheureusement. Le vieillard a largement eu le temps de nous entendre mais à cette distance, il ne nous a pas identifié. Si nous courrons assez vite, il ne nous attrapera pas. Je l'entends crier au loin et nous menacer de tous les châtiments possibles et imaginables tout en clopinant vers nous.

Aussitôt, je détale dans le sens opposé et j'entends le Serpentard faire de même à mes côtés. Pas question d'être discret, non, la vitesse est tout ce qui compte. Mais arrivée à un croisement, je m'arrête à nouveau parce que je n'ai aucune idée de par où aller. Et oui, en deux mois à Poudlard, retenir le chemin jusqu'à la Grande Salle est déjà un challenge suffisant.

Mais j'ai de la chance, cela fait quatre ans que Malefoy est ici et il connaît le château comme sa poche alors il me dépasse et je le suis aussitôt. Nous courons longtemps, le bruit de nos chaussures résonnant dans les corridors déserts à cette heure. Derrière, la voix de Rusard résonne toujours et je ne peux m'empêcher de tourner la tête pour voir où il est.

Malheureusement, je n'avais pas anticipé le tournant devant moi et je me prends le mur de pleine face. Quand je dis de pleine face, je sous-entends que je me suis écrasée dessus à la manière d'un Eclair de feu lancé à toute allure  sur quelque chose d'à peu près aussi moelleux que du diamant. En gros, ça fait mal.

Je m'étale de tout mon long sur le sol carrelé et ma vision se trouble. Je vois des points lumineux danser devant mes yeux et je bats des paupières. Soudain, une main se pose sur mon épaule pour m'aider et me redresse en douceur. Je m'efforce de me stabiliser même si ma tête tourne et distingue devant moi un silhouette aux cheveux très clairs.

Malefoy.

Il s'est arrêté pour m'aider. 

Passé ma surprise première, je me rends compte qu'il me fixe avec une minuscule pointe d'inquiétude - pas trop non plus, il reste Drago Malefoy. 

— Ca va ?

Sa voix me paraît très lointaine, comme s'il se trouvait à des kilomètres de moi. Je remarque que je me tiens toujours à lui et mes membres tremblent. 

— Il faut partir. Si Rusard nous attrape, on est morts, je parviens à chuchoter péniblement.

— Tu es sûre de pouvoir courir ? 

— On a pas trop le choix, pas vrai ?

A ma grande surprise, un sourire s'étire sur son visage. Pensant qu'il se moque de moi, je tente de me dégager mais il me retient avec une force qui m'étonne. En arrière-plan, les cris du gardien de Poudlard semblent se rapprocher de plus en plus ce qui m'inquiète au plus haut point. Je n'ose imaginer ce que mon père me ferait s'il découvrait que j'étais collée pour être sortie en douce du dortoir. Et encore pire, avec un garçon. 

— J'ai bien une idée pour avancer plus vite.

Avant que je n'ai le temps de comprendre de quoi il parle, il sort sa baguette et la pointe sur moi Je panique intérieurement, m'attendant presque à un "Avada Kedavra" mais au lieu de cela, il murmure :

— Oriri.

La dernière fois qu'il m'a lancé un sort que je ne connaissais pas, cela s'est mal terminé alors je ferme les yeux, m'attendant au pire. Il ne faut pas que j'oublie qui j'ai en face de moi. Mais au lieu d'un nouveau flash, je sens que je décolle du sol. Paniquée, j'agite mes bras et mes jambes dans un geste peu gracieux ce lui cause un éclat de rire. Autour de moi, l'air se déplace et quand j'entrouvre mes paupières, méfiante, je me rends compte que Malefoy court de nouveau tout en me faisant voler à ses côtés. 

Passée ma surprise première, je me rends compte que ce n'est pas désagréable comme sensation. J'ai l'impression de voler sans balai et c'est assez amusant. Je me tortille avec peine pour me retourner et me rends compte que nous avons distancé Rusard. Au loin, sa lampe s'est arrêtée et je distingue sa silhouette à côté. Il crie une fois de plus en nous promettant que s'il nous attrape, on regrettera d'avoir fui, mais il est tellement peu crédible que j'éclate de rire.

Nous arrivons bientôt devant la salle commune des Serpentard et le blond entre, mon corps flottant toujours dans les airs quelques mètres plus loin. Si quelqu'un nous voyait à ce moment, on serait pris pour des fous. Et au lieu de m'inquiéter de ça, je me remets à rire, toute la pression redescendant petit à petit. Finalement, le blond s'approche de mon dortoir et d'un geste vers le sol, il me fait me reposer sur terre.

Je vacille un peu et il me rattrape pour éviter que je ne m'écrase sur le sol. J'ai toujours assez mal à la tête mais bizarrement, ça ne me dérange pas plus que ça. Je me tourne face à mon sauveur et chuchote pour ne réveiller personne :

— Merci.

Ce petit mot me coûte plus que je ne veux l'imaginer. Je n'aime pas remercier les autres et à sa place, je l'aurais peut-être abandonné au milieu du couloir. Et s'il l'avait fait, je ne me saurais pas étonnée. Mais il a choisi de m'aider, je ne sais pas vraiment pourquoi. Peut-être à cause de ce moment étrange que nous avons partagé en haut de la tour d'astronomie, je ne suis pas sûre. 

Il me sourit simplement et je me surprends à penser que je ne l'ai jamais vu vraiment sourire comme ça. D'habitude, c'est un rictus méprisant qu'il aborde ou bien il rit de façon moqueuse, mais là, c'est juste un vrai sourire. Un sourire sincère. Et quand je rentre dans ma chambre après l'avoir salué, je porte une main à mes lèvres et me rends compte que moi aussi, je souris comme je n'ai jamais souri.

Et je ne saurais pas dire pourquoi, mais ce soir-là - ou plutôt ce matin-là puisqu'il devait être près de trois heures du matin, je me suis endormie le cœur plus léger que jamais.



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J'ai ici mis le sort "Oriri" que j'ai inventé et qui est une traduction du latin signifiant "élève-toi". Il permet donc de s'élever dans les airs, une sorte de Wingardium Leviosa pour les êtres vivants.

La Princesse de Serpentard [EN COURS]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant