Je ne sais pas si les sentiments de mon père influent sur le sort qu'il a lancé mais vu notre téléportation bien plus mouvementée qu'à l'aller, je dirais que oui. La nausée monte en moi comme la première fois où j'ai transplané et lorsque nous arrivons enfin après ce qui me semble des heures au Manoir Serpentard, je manque de m'effondrer en avant. Heureusement, je parviens à me rattraper au bord de la cheminée et je ferme les yeux quelques secondes pour retrouver mon équilibre.
Sauf qu'aussitôt, je suis propulsée sur le sol par une poigne de fer. Merde. Je pensais avoir un peu de répit pour me préparer avant que la torture - littéralement - ne commence mais on dirait que mon paternel est bien plus énervé que d'habitude.
Je me cogne le nez sur le carrelage et je sens du liquide chaud couler sur mon menton. C'est violent, bien sûr, mais j'ai l'habitude de la douleur. Sauf que là, il prend le risque de me causer des dommages physiques et pas simplement psychologiques comme d'habitude. C'est pour cela qu'il use de l'Endoloris en temps normal : pas de trace, pas de preuve. Sauf que là, on dirait que cela ne suffit pas à épancher sa colère : il veut voir ce qu'il m'a fait, voir là où il m'a blessé;
Comme je sais par expérience qu'il ne sert à rien de protester ou de supplier, je me roule en boule et j'attends. Les coups ne tardent pas à venir, ils pleuvent sur moi et je sens mes côtes craquer les unes après les autres. Je hurle dans le Manoir, à l'agonie, sauf que personne ne m'entend - ou plutôt, personne ne veut m'entendre. Il cesse un instant et je me surprends à espérer que cela soit terminé quand il attrape mon cou et me soulève du sol pour me placer face à lui.
Je tousse car je manque cruellement d'air et je commence à craindre qu'il aille plus loin qu'en temps normal. Quand je plonge mes prunelles émeraude dans les siennes identiques, j'y perçois une haine que je n'avais encore jamais vue. Il a dû me battre des dizaines de fois et pourtant, jamais il ne l'a fait de cette façon, avec tant de hargne, de rage. Le pire, c'est que je ne comprends même pas pourquoi : j'ai seulement dit poliment que je préférais rester avec les adultes, ça ne me parait pas un motif suffisant pour ce qu'il me fait subir.
Il me relâche violemment et je tombe une fois encore tête la première. Je grogne en sentant mes côtes rentrer dans ma chair et je m'efforce de me retourner pour soulager la douleur sauf qu'il me soulève une fois de plus, cette fois à l'aide de la magie. Il agite sa baguette et je me retrouve projetée contre le mur, puis il fait de même sur les meubles. Une pensée me traverse : j'ai l'impression d'être une marionnette. Je souris, me sentant folle à lier, et cela réveille une douleur dans ma mâchoire meurtrie qui me fait gémir.
J'ai mal, j'ai tellement mal que je ne ressens plus les coups. Je ferme les yeux, attendant une accalmie, n'importe quoi qui me permette de fuir. Parce que j'ai la sensation que si je reste ici, à sa merci, pendant deux jours de plus, je ne remettrais plus jamais les pieds à Poudlard ni nulle part ailleurs.
Je vais mourir. Je le sens, je le comprends et ça me déchire le cœur au même titre que le reste de mon corps. J'ai l'impression de voir la Mort en personne se pencher sur moi alors que je me fais jeter sur le mur une fois de plus, un sourire mesquin en coin, et me chuchoter :
— C'est la fin, Aidena. Tu vas crever, sur le carrelage de ta maison et te vider de ton sang devant ton père, la personne qui est censée te protéger de tout.
Me protéger, tu parles. Jamais il ne l'a fait. La seule personne qui m'ait jamais défendu, c'est Malfoy, face à Potter et sa clique au début de l'année, après le cour de botanique. Et maintenant, lui aussi m'a abandonné. Ils m'ont tous abandonné, les uns après les autres.
Malefoy. Penser à lui, sans que je sache pourquoi, me redonne de l'énergie. Je revois son figure le premier jour, dans le train. Déjà si hautain, si méprisant, si antipathique. Déjà si semblable à moi. Puis je revois son visage dégoulinant de larmes, la détresse dans son regard métallique alors que je l'avais rejoint à la Tour d'Astronomie. Brisé, comme un reflet de moi. Enfin, c'est son sourire qui apparaît dans mon esprit. Ce sourire si rare que je n'ai aperçu que quelques fois. Ce sourire si difficile à capter, parce qu'il ne se montre qu'à des occasions particulières. Ce sourire si sincère, si rayonnant malgré tout ce qu'il a traversé.
Une douce chaleur naît en moi, au creux de ma poitrine et je me mets à sourire comme une idiote. Je divague, la fin doit être proche. Plus que quelques minutes sûrement avant que je parte, le visage de mon meilleur ennemi en tête.
Sauf qu'au lieu de perdre conscience, je sens une vague d'énergie déferler en moi. D'un coup, la douleur n'existe plus, comme si on m'avait administré le plus puissant des sortilèges d'anesthésie. Mais je ne m'endors pas, au contraire, je me réveille. J'ouvre les yeux et je remarque que je suis plaquée contre le mur par mon père qui me fixe avec un regard de tueur. Il lève sa baguette, comme pour lancer un nouveau sort. Mais je suis plus rapide que lui.
Mue par un instinct puissant, je place ma main sur son visage sans savoir ce que je fais. Je ne contrôle plus rien mais je sais, sans pouvoir expliquer comment, que je vais y arriver. Je sens ma paume chauffer, une étrange sensation, sans que j'ai mal pour autant et l se met à hurler à la mort. Il tombe en arrière et j'aperçois des cloques se former sur sa peau si lisse et parfaite.
Je ne sais pas ce que j'ai fait, ni comment je l'ai fait mais je sens déjà l'adrénaline redescendre en moi. Je dois absolument partir d'ici, mais je ne sais pas comment faire. Je me maudis intérieurement : j'aurais du apprendre à transplaner, pour ne pas me retrouver coincée ! Surtout que vue la blessure que je lui ai infligé, si je ne quitte pas les lieux immédiatement, je peux dire adieu à la vie.
Mon regard se pose alors sur la cheminée de laquelle nous venons de ressortir. C'est l'unique solution alors je me traine péniblement vers là-bas en retenant des hurlements de douleur à chaque pas. Ma jambe droite me fait un mal de chien, mon coude gauche est étrangement tordu et je vois des bleus se former sur mes bras. Mais je les ignore et j'arrive dans un dernier effort à m'effondrer sur le sol. Je fouille mes poches pour trouver ma baguette et crains un instant l'avoir faite tomber mais heureusement, je mets la main dessus et la brandis en murmurant avec mes dernières forces :
— Lanuae nobis.
Je ferme les yeux, incapable de tenir plus longtemps et la dernière image que je vois avant de m'évanouir est le visage de Drago, encore et encore.
Un chapitre terrible, qui m'a touché en plein cœur pendant que je l'écrivais. J'espère avoir réussi à vous transmettre tout ce que ressent Aidena, toute sa détresse, sa douleur.
Surtout, si vous êtes dans son cas, ne restez pas seuls. Parlez en à quelqu'un, un adulte en qui vous avez confiance, à vos professeurs sinon. Personne ne mérite ça alors demandez de l'aide pour sortir de cette situation. Je vous envoie beaucoup de force et de courage.
Pour finir sur une note plus joyeuse, j'espère qu'il vous a plu. Que vous l'avez trouvé bien écrit. S'il y a un chapitre où vous devez voter, c'est celui-là. Et donnez moi votre avis juste en dessous, j'en ai vraiment besoin :
— Les descriptions, l'action ?
— Les sentiments d'Aidena ?
— Le fait que penser à Drago l'ait aidé à s'en sortir ?
— Son pouvoir très puissant qui s'est révélé quand elle a brûlé le visage de son père ?
On se retrouve pour la suite très vite, bonne fin de semaine à tous !
VOUS LISEZ
La Princesse de Serpentard [EN COURS]
FanfictionDescendante de Salazar Serpentard, Aidena vit depuis sa naissance telle une reine. Mais l'année de ses quatorze ans, elle est envoyée à Poudlard. Malgré ses amies, ses bonnes notes, sa vie va irrémédiablement changer lorsqu'elle fait la rencontre de...