Il a quelque chose en plus

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La douleur. Encore et toujours, sans jamais qu'elle s'arrête. Mon monde est réduit aux coups, aux cris, aux pleurs. 

Je ne suis que vide, que souffrance. Et j'ai l'impression que je vais mourir. Je n'arrive plus à respirer et quand j'ouvre les yeux, je me retrouve face à mon père en train de m'étrangler.

J'entends quelqu'un hurler. Je me rends compte que c'est moi. On me secoue, mais je ne vois pas celui qui fait ça. Je suis comme condamné à fixer les prunelles émeraude de mon tortionnaire, attendant que la vie s'échappe de mon corps frêle.

Une voix me parvient, douce au milieu du chaos qui m'entoure :

— Aidena, tout va bien. Ce n'est qu'un cauchemar, réveille toi.

Un cauchemar. Mais comment j'en sors ? Après tout, ma vie toute entière est un cauchemar.

— Tu peux le faire. Ferme les yeux et tu te réveilleras.

J'obéis sans trop savoir à qui, trop faible pour reconnaître la personne qui parle. Et quand je soulève à nouveau mes paupières, je me retrouve nez à nez avec un jeune sorcier aux étonnants cheveux blond platine que je ne connais que trop bien, sans pouvoir dire pourquoi il est là.

— Ce n'est que moi, ne t'inquiète pas. Tu es dans ma chambre, en sécurité. Ton père n'est pas là.

A mesure qu'il parle, les souvenirs d'hier me reviennent. J'ai envie de vomir en me rappelant la scène et mes yeux s'embuent de larmes. 

Ai-je encore au moins une famille ? Parce qu'après l'avoir brûlé au visage au troisième degré, je doute que je reste sa fille. Et il est inutile d'espérer du soutien de la part de ma mère. Elle ne fait que semblant de m'aimer pour préserver les apparences, j'en ai conscience maintenant.

— Comment tu te sens ?

Autrefois, je trouvais sa voix insupportable, trainante et agaçante. Maintenant, j'ai l'impression que c'est la plus douce des mélodies qui soit. 

Par Merlin, qu'est-ce que j'ai l'air niaise en disant ça. Mais bon, il faut dire que je n'ai pas que ça en tête en ce moment.

— Ça va, je pense.

Et dans un sens, c'est vrai. Lorsque j'esquisse un mouvement, je ne ressens qu'une vague lassitude dans mes membres, bien loin des élancements de douleur de hier soir. La pommade a bien fait effet. Du bout des doigts, j'inspecte mon visage et il me semble revenu à la normal. Plus d'arcade sourcilière en sang ou de mâchoire gonflée, non, j'ai l'air en parfaite santé.

Mais tout ça n'est que physique. Parce qu'intérieurement, je crois que je ne me suis jamais sentie aussi mal.

— Super, dit-il en ayant l'air soulagé. Je n'aime pas te demander ça juste après ce qui vient de se passer, mais je pense qu'il faut qu'on parle. De ce que tu prévois de faire par rapport à tout ça, de ce qui s'est produit... Pour pouvoir t'aider, j'ai besoin de contexte.

Je déglutis péniblement mais hoche la tête : il a raison, je ne peux pas repousser cette décision infiniment. Et je squatte chez lui après tout, il mérite au moins quelques explications.

Comme il voit que je ne sais pas vraiment par où commencer, il vient s'installer à côté de moi et m'aide à me redresser pour que je m'appuie contre le dossier du lit. Ma main tremble et quand il le remarque, il l'attrape délicatement et commence à la caresser doucement avec son pouce, pour m'apaiser. Je lui souris, reconnaissante sans pouvoir m'empêcher de me demander ce que j'ai fait pour qu'il soit si gentil.

— Mon père est quelqu'un de très colérique. Il l'a toujours été, mais je n'en avais jamais fait les frais jusqu'à... jusqu'à ce moment, quand j'avais six ans. C'est ce que j'ai vu quand tu m'as lancé le sort. A l'époque, j'avais laissé des traces de boue dans le Manoir, rien de très grave mais il s'était emporté et m'avait lancé un Endoloris. Je me rappellerai toute ma vie de la douleur que j'ai ressentie à ce moment-là. C'est aussi là que j'ai commencé à comprendre que mon monde parfait n'était qu'une illusion.

La Princesse de Serpentard [EN COURS]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant