La guerre des clans

Chapitre 8

Le soleil avait déjà parcouru plus de la moitié de son trajet dans le ciel, et les novices n'avaient fait aucun progrès. Frustration et chaleur avaient tôt fait de les impatienter.

- Je ne comprends rien ! À quoi bon ? Quel est le but ? grommela Nuage d'Opale en frappant le sol de sa patte. Voir quelque chose qui ne se voit pas... Va falloir vérifier ce que vous mangez parce que votre souris est mal passée ce matin !

Nuage de Jais partageait le scepticisme de son camarade. Les instructions avaient été vagues, et le terrain choisi ne semblait offrir aucune opportunité. Il n'y avait que quelques rochers, de l'herbe, et aucune trace de gibier.

- Ferme-la, cervelle de souris, grogna Nuage de Jais, trop fier pour admettre qu'il était d'accord. J'essaie de me concentrer.

Pendant que les deux novices se chamaillaient, le meneur les observait de loin, son regard fixé sur eux depuis la lisière de la forêt. Son mécontentement pouvait se lire dans son regard. Aucun progrès n'avait été fait, et leurs disputes incessantes n'arrangeaient rien.

- Nous rentrons, annonça sèchement Étoile Cendrée en se tournant vers la forêt, sans attendre de réponse.

Nuage d'Opale arrêta immédiatement de se quereller avec Nuage de Jais, oubliant leur dispute. Il se tourna vers leur mentor, dont la colère se devinait, et se précipita pour le rejoindre.

- S'il vous plaît, Étoile Cendrée ! Supplia le novice en se plaçant devant lui. Laissez-nous un peu plus de temps ! Expliquez-nous...

- Je crois pourtant avoir été clair : nous rentrons, répliqua le meneur en contournant Nuage d'Opale sans même s'arrêter.

- Vous nous avez donné peu d'indications, protesta Nuage de Jais en s'avançant à son tour. Qu'attendez-vous vraiment de nous ?

Étoile Cendrée les observa en silence. Malgré leurs différences, il remarqua que leurs regards partageaient la même détermination. Ils voulaient réellement progresser, mais le meneur n'en demeurait pas moins profondément déçu par ce premier jour d'entraînement.

- Vous n'avez fait que vous plaindre et vous chamailler depuis notre arrivée ici, dit-il, sa voix teintée de reproche. Votre attitude me déçoit beaucoup.

Les deux novices gardèrent le silence. Ils savaient que la faute leur revenait, et un drôle de sentiment commença à les envahir.

- Je n'ai jamais été aussi déçu par mes apprentis. Tous mes anciens élèves avaient réussi cette étape sans difficulté, révéla le meneur, scrutant durement le regard de chacun de ses apprentis. Je crois m'être fait des illusions.

Nuage de Jais, les sourcils froncés, répliqua avec amertume :

- Il n'est pas un peu tôt pour nous cataloguer comme des ratés ?

Le meneur fixa intensément le novice. Puis, d'un ton aussi glaçant que celui de Nuage de Jais, il répondit :

- Tu as trouvé le mot juste, Nuage de Jais.

Sans ajouter un mot, Étoile Cendrée détourna le regard, rapprochant son museau du sol. Ses yeux se fermèrent tandis qu'il inspirait profondément, ses oreilles se tournant vers la gauche. Il rouvrit les yeux et désigna du bout du museau une grosse pierre située à sa gauche.

- Ce rocher, dit-il calmement.

Nuage de Jais et Nuage d'Opale tournèrent immédiatement la tête vers le rocher, perplexes.

- Un oiseau... pas plus gros qu'une souris, affirma le meneur sous leurs regards interrogateurs. Vous auriez dû le remarquer aussi.

À peine le meneur eut-il terminé sa phrase que Nuage de Jais se précipita vers le rocher. Les révélations d'Étoile Cendrée les avaient surpris, et il voulait en avoir le cœur net. Cependant, à peine avait-il atteint le rocher qu'un oiseau jaillit de derrière celui-ci et s'envola. Le novice écarquilla les yeux, stupéfait.

- Cet oiseau était censé être ta proie, gronda le meneur, excédé. Tu penses qu'il viendra se poser dans ta gueule de lui-même ? Si vous n'êtes même pas capables de sentir ou d'entendre un simple oiseau, comment pouvez-vous espérer protéger le clan d'un ennemi si vous êtes incapables de détecter sa présence ?

Avant de laisser le temps à ses apprentis de répondre, Étoile Cendrée pivota brusquement et se dirigea vers la forêt.

- Rentrez maintenant, ordonna-t-il avant de disparaître dans les broussailles.