La guerre des clans

Chapitre 7

Au cœur de la nuit, alors que tous les novices dormaient profondément dans leur tanière, deux yeux bleus perçaient l'obscurité, dont la silhouette se fondait dans l'obscurité du repaire. Patte de Jais, perdu dans ses pensées, affichait un regard de chagrin profond. Le silence enveloppait le clan, troublé uniquement par le murmure des feuillages agités par le léger vent nocturne. Soudain, le regard du novice changea : ses sourcils se froncèrent, ses oreilles se plaquèrent vers l'arrière, et ses griffes, à présent sorties, lacéraient le sol terreux de la tanière. La haine pulsait dans son cœur.

***

Un souffle chaud enveloppa Petit Opale, l'emportant vers les profondeurs de ses rêves. Il se sentait comme un nuage, bercé par une brise douce et calme.

"Méfie-toi, Nuage d'Opale, méfie-toi."

Un murmure.
Le vent se déchaîna soudainement, et il tomba dans un abîme sans fin.

***

Les yeux toujours fermés, quelque chose continuait de le secouer.

- Réveille-toi ! s'impatienta Nuage de Jais en lui donnant quelques coups de patte.

Nuage Opale entreouvrit les yeux, découvrant son camarade d'entraînement. Il grogna.

- Arrête de me secouer !

- Cervelle de souris, toisa Nuage de Jais, le meneur nous attend.

Nuage de Jais tourna les talons et sortir du repaire.

La tanière des apprentis était désormais vide. Nuage d'Opale, seul dans l'espace, était à moitié allongé sur un lit de mousse. Son regard quitta l'entrée du repaire pour se poser sur ses pattes blanches. Les événements de la veille lui revinrent en mémoire : son baptême, et le fait qu'Étoile Cendrée soit désormais son mentor. Un sourire se dessina sur ses lèvres.

En sortant à son tour de la tanière, il repéra immédiatement Étoile Cendrée et Nuage de Jais près du tunnel d'ajonc. Tous deux le fixaient tandis qu'il les rejoignait au trot. L'enthousiasme se lisait sur son visage. Nuage d'Opale inclina la tête pour saluer son mentor.

- Ce n'est pas parce que vous avez été nommés seulement hier que vous devez vous prélasser, lança le meneur sans même répondre à son salut. Vous avez déjà beaucoup de retard par rapport aux autres, il va falloir travailler deux fois plus dur.

Le ton du mentor était dépourvu d'enthousiasme.

À peine Étoile Cendrée avait-il prononcé ses derniers mots qu'il pénétra dans le tunnel d'ajonc sans attendre de réponse. Nuage de Jais s'élança à sa suite, tandis que Nuage d'Opale resta à l'entrée, figé par l'hésitation. Des frissons parcouraient son corps tandis que ses yeux azur scrutaient le passage qui s'étirait devant lui. Il n'avait jamais quitté le camp auparavant. Rejeté depuis chaton, il n'avait jamais eu l'occasion de découvrir le territoire du clan de la foudre, au-delà du camp.

Après un court moment, il prit une profonde inspiration et se décida à suivre ses deux compagnons. Plus il avançait dans le tunnel, plus l'appréhension et l'excitation se mêlaient en lui. Il pouvait désormais voir la lumière à l'autre bout du passage. Avec une montée d'adrénaline, il s'élança.

Et le monde extérieur s'ouvrit alors devant lui.

Ses yeux s'écarquillèrent.

Des pétales roses tourbillonnaient doucement autour de lui, tombant du ciel comme des flocons de neige. Les branches des arbres étaient remplies de fleurs et de feuillages, et la verdure qui s'étendait sous ses pattes était plus fraîche et plus vive que tout ce qu'il avait connu dans le camp. Nuage d'Opale baissa la tête pour passer son museau sur cette herbe, savourant sa fraîcheur, avant de porter son regard sur le pied d'un arbre imposant qui se dressait à quelques longueurs de queue devant lui. En levant les yeux, il découvrit pour la première fois l'immensité de la forêt qui encerclait leur camp. Maintenant, il paraissait minuscule.

Une symphonie mélodieuse résonnait dans toute la forêt : les chants des oiseaux célébrant l'arrivée de la nouvelle saison. La magie de ce premier contact avec la nature en dehors du camp offrait à Nuage d'Opale un instant de pur émerveillement.

- C'est la saison des feuilles nouvelles, déclara le meneur, la plus belle des quatre saisons.

Un léger silence s'installa entre les félins. L'émerveillement de Nuage d'Opale semblait contagieux.

- Ne nous attardons pas ici, allons-y, ordonna le chef en se souvenant de la raison de leur sortie.

Face au tunnel d'ajonc se trouvait un petit passage de terre, débutant entre deux immenses arbres. Sans un regard en arrière, le meneur s'engagea sur ce chemin, suivi de près par les deux apprentis, qui s'enfoncèrent dans l'immensité de la forêt.

Le sentier semblait interminable ; ils avançaient droit devant eux, le meneur maintenant un rythme constant, comme s'il connaissait chaque recoin par cœur - c'est le cas. Les pétales roses, qui continuaient de flotter autour d'eux, devenaient moins nombreux à mesure qu'ils progressaient. La forêt s'éclaircissait, les arbres se faisaient plus rares, laissant davantage de place aux rayons du soleil qui frappaient maintenant directement leur pelage. Brusquement, la forêt laissa place à une vaste plaine de verdure où l'herbe, haute et ondulante, leur chatouillait le ventre.

- Votre premier entraînement se déroulera ici, annonça le meneur en s'arrêtant dans l'étendue d'herbes hautes.

Les deux novices s'immobilisèrent derrière lui, reprenant leur souffle tout en observant les alentours. Le meneur reprit la parole.

- Votre entraînement consistera à éveiller vos sens.

- À éveiller nos sens ? répéta Nuage d'Opale entre deux halètements.

- Où voulez-vous en venir ? demanda aussitôt Nuage de Jais, le regard fixé sur Etoile Cendrée.

- Il ne suffit pas de savoir marcher, courir, voir, entendre ou sentir pour être un guerrier, expliqua le meneur. Vous devez apprendre à percevoir ce qui ne se voit pas.

- Hein ? souffla Nuage d'Opale, stupéfait.

- Comment voir quelque chose qui ne se voit pas ? ajouta Nuage de Jais, son regard scrutant attentivement son mentor.

- Vous obtiendrez la réponse en vous entraînant, répondit calmement Étoile Cendrée. Vous avez jusqu'au coucher du soleil.