Chapitre 47

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Il s'était écoulé des heures après le départ de Pelage de Jais, et Éclat d'Opale était toujours assis, au même endroit. Personne n'avait du remarquer son départ, il avait déjà l'habitude de sortir sans prévenir. Il rapportait toujours beaucoup de gibiers à son retour, le clan en était ravi.

Cette fois, Pelage de Jais ne reviendra pas. Éclat d'Opale le sait, lui. Un nouveau sentiment l'envahit, il avait la sensation d'avoir perdu une part de lui, un être cher. Il commençait à mépriser les siens, c'est à cause d'eux que Pelage de Jais est parti.

Une voix vint l'arracher de ses rêveries, le lieutenant.

- Étoile Cendrée veut vous voir, toi et Pelage de Jais. Dit Yeux du Hibou, toujours aussi sérieux.

- J'arrive. Répondit simplement le félin.

Le lieutenant hocha la tête, et s'en alla aussitôt.
Le guerrier patienta quelques secondes, le temps d'être sûr que le lieutenant soit bien parti, et sorti à son tour.
Dès l'instant où il pointa le museau à l'extérieur, quelques regards se jetèrent sur lui. Certains matous se levaient pour s'éloigner de lui, tandis que d'autres le dévisageaient. Éclat d'Opale senti son coeur se froisser, il revoyait les mêmes regards qu'autrefois, c'était une lutte qu'il avait combattu seul contre tous. En vain.

Il traversa rapidement la clairière, ignorant les injures de quelques félins. Le guerrier pénétra dans le repère de Souffle Pur, et rejoigna le lieutenant, le guerisseur ainsi que le meneur. Étoile Cendrée était allongé, il y avait plusieurs toile d'araignée imbibé de sang, empilé pas très loin de lui. Le lieutenant se tenait à ses côtés, tête redressés, poitrail en avant.
Souffle Pur inclina légèrement le museau en me voyant, probablement déçu par ce qu'il avait appris.
Étoile Cendrée se vacilla en se redressant, après avoir apercu Éclat d'Opale. Il se retint de gémir.

- Ne faites pas trop d'effort Étoile Cendrée, lui ordonna le guerisseur en l'aidant à se redresser, vos plaies ne se sont pas refermées.

- Approches, Éclat d'Opale. Demanda Étoile Cendrée après avoir hoché la tête à son guerisseur.

Le félin s'avança vers son ancien mentor, fuiyant son regard. La honte l'avait frappé dès l'instant où il avait vu son meneur. Il souffrait.

- Qu'est-ce qui vous arrives ? Vous aviez quoi en tête ? commença par dire le meneur, Vous pensiez à quoi en faisant ça ! La mort aurait frappé surement l'un de vous. Gronda le meneur, avant de tousser à force d'hausser le ton. Espèce d'idiot, vous me décevez beaucoup.

Éclat d'Opale baissait le museau, les oreilles en arrière. Le meneur était en sale état, et d'une humeur massacrante.

- Mais où est-ce qu'il est ? Fit remarqué le meneur, Ça vaut pour toi ET Pelage de Jais ! Il devrait être là après ce qu'il s'est passé. S'agaça-t-il.

- Il n'est plus là. Répondit simplement Éclat d'Opale en redressant la tête.

- Comment ça il n'est plus là ? Questionna le félin.

- Il est parti.

- Il est parti ?? répèta subitement le meneur, mais pourquoi est-ce qu'il est parti ? Tu n'as pas essayé de le retenir ?? se tracassa le matou cendré, Yeux du Hibou ! Prépare une troupe et retrouvaient-le !

- Non, Lâcha séchement le félin blanc, faisant arrêter net les deux matous, si il est parti, c'est son choix.

- Son choix ?! Mais il ne peut pas partir comme ça ! Je vous ai déjà pardonné, je m'en fiches de ça. Je m'inquiètes pour vous, c'est normal !

- Lui, il ne te pardonne pas. Et sincérement, je ne sais pas ce qui me retient ici.

- Qu-quoi ? bégaya le meneur, troublé des avances du félin, De quoi tu parles ?

- Je sais tout ! Siffla le félin, le regard soudainement colérique. On connait toute la vérité, j'ai eu du mal à la digérer moi. Mais Pelage de Jais, lui, n'a pas pu l'accepter.

- Accepter quoi ? demanda alors Souffle Pur, intrigué.

- Pelage de Jais sait ce que tu as fait, il est au courant pour Onde Noire et Bourgeon.

Le regard du meneur s'assombri aussitôt, il se laissa tomber sur son arrière-train, anéanti.

- T'as préféré les laisser crever plutôt que de les aider ! Ouais, simplement pour ne pas trahir ta parole, t'as préféré les laisser mourir. révèla alors le matou, et comment je pourrais te pardonner ce que tu m'as fait ? Vous m'avez tous rejeté pour quelques choses que je n'avais pas fait ! Ça depuis ma naissance ! Feula Éclat d'Opale, et tous ça pour quoi ? Pour un autre mensonge !

- É-Éclat d'Opale, écoute...

- Non, c'est vous qui allez m'écouter. T'as banni mon père parce qu'il connaissait la vérité, et ça a fini par m'atteindre moi puisque je lui ressemble. Tout ça pour garder ton honneur, espèce d'égoïste.

- Ton père ? Mais qui t'a raconté ça ! Demanda Étoile Cendrée, troublé.

- Pelage de Jais est parti le rejoindre, et j'me demande si je n'aurai pas du les suivre, moi aussi.

- Mais qui Éclat d'Opale ! S'énèrva le guerisseur.

- Mon père, Carnassier.

À l'instant où le nom de Carnassier se fit entendre, les trois matous se figèrent.

- Je viens de me rendre compte que... il baissa le museau, les yeux emplis de nostalgie, je n'avais jamais vraiment eu de famille, à cause de... . Et maintenant que j'ai réussi à m'en trouver une, elle s'en va. De votre faute, encore une fois.

À ces derniers mots, Éclat d'Opale s'en alla hors du repère, laissant les félins derrière-lui.

Quand il fut à l'extérieur du repère, des matous le foudroyèrent du regard.

- C'est bien le fils de son père. Dit un chat parmis d'autres.

Éclat d'Opale se dirigeait vers le tunnel d'ajonc, près à partir lui aussi de ce clan maudit. La féline, Pétale d'Or, était dans un coin de la clairière. Éclat d'Opale l'avait vu, elle était en retrait, recroquevillée sur elle-même. La féline le regardait, puis elle baissa les yeux au sol et enfouit son museau sur son flanc.
Désormais, plus rien ne le retenait ici. Il était tant de partir. C'est avec la gorge nouée qu'il allait emprunté le tunnel d'ajonc pour la toute dernière fois.

Un léger cri étouffé l'arrêta, il se retourna vers le bruit et ses yeux s'écarquillèrent.
Le meneur boitait jusqu'à lui, les pansements se décollaient de son poitrail, et l'expression de son visage reflétait bien l'effort et la douleur qu'il sentait rien qu'en se déplaçant.
Derrière-lui, le guerisseur essayait de le résonner à ne plus bouger. Sous un ultime effort, Étoile Cendrée trébucha et tomba sur le sol.

- Arrêtez tout de suite ! Vous devez faire le moins d'effort possible ! Gronda le guerisseur, désesperé du comportemant têtu du meneur.

- Il faut que je lui dises, il faut qu'il sâche. Je dois lui faire savoir la vérité.

La guerre des clansOù les histoires vivent. Découvrez maintenant